RAISE, le fonds pas comme les autres, plébiscité par les grands groupes et les start-up

Cité en exemple par Emmanuel Macron lors de son intervention au Sommet des start-up organisé par Challenges en mai 2017, RAISE a également fait l’actualité lors du Salon Viva Technology 2017, en tant qu’intermédiaire privilégié des grands groupes et start-up. Mais pourquoi RAISE fait de plus en plus parler de lui ? L’Usine Digitale a rencontré ses fondateurs, Clara Gaymard et Gonzague de Blignières.

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RAISE, le fonds pas comme les autres, plébiscité par les grands groupes et les start-up
Clara Gaymard et Gonzague de Blignières, co-fondateurs de RAISE (tout à droite de la photo), lors du Salon Viva Technology 2017, avec Sébastien Bazin, PDG d'AccorHotels et Sophie Cohendet, co-fondatrice de la start-up LearnAssembly.

RAISE, encore un fonds pour les start-up ? Oui… et non ! Oui, parce que RAISE soutient les jeunes pousses. Non, parce que RAISE ne soutient pas ces jeunes pousses uniquement d’un point de vue financier. Non encore, parce que RAISE n’accompagne pas les start-up de Série A, mais les "jeunes entreprises de croissance" : "On les appelle ainsi, non pas pour se donner une distinction, mais parce que ‘start-up’, ça veut tout dire et rien dire : on l’emploie aujourd’hui à toutes les sauces", précise Clara Gaymard.

"La jeune entreprise de croissance (JEC), c’est une entreprise qui a déjà un ou deux ans d’âge, qui a son POC (proof of concept, ndlr), qui a déjà des clients, du chiffre d’affaires, des salariés… Chacun estime que lorsqu’elle en est là, elle a réussi, eh bien non ! C’est le moment où tout commence, en réalité. C’est comme lorsque vous obtenez un diplôme, c’est là que vous commencez la vraie vie". Et lorsque l’on sait que 50% de ces jeunes entreprises de croissance "meurent" au bout de 5 ans, on peut comprendre l’envie de les soutenir...

Non enfin, parce que RAISE fonctionne différemment des fonds traditionnels : "On a fait venir les plus grandes entreprises françaises, indique Gonzague de Blignières. Ce sont les grands groupes qui n’ont pas accès à ces jeunes entreprises de croissance. On leur a fait une promesse de rentabilité, en leur demandant de nous accompagner et de nous aider." L'intérêt pour ces grands groupes : détecter les pépites qui vont les aider à trouver de nouvelles solutions avant de se faire "disrupter".

 

RAISE  : deux entités pour un écosystème

"RAISE repose sur la bienveillance, la sécurité, le partage, le feed-back et la performance", expose Gonzague de Blignières.  Plus concrètement, RAISE est divisée en deux entités complémentaires : RAISE Investissement, qui investit dans des ETI en croissance, et RAISE Fonds de dotation qui crée un écosystème pour les entrepreneurs et leur apporte un accompagnement ciblé, un financement et une visibilité. Comment se rémunère la société ? "Quand on fait une plus-value, le résultat est partagé à 80% par les actionnaires et à 20% par l’équipe de RAISE Investissement. La moitié de ces 20 % est abandonné au fonds de dotation RAISE", explique Gonzague de Blignières.

RAISE Investissement a ainsi fédéré 54 investisseurs, dont plus de la moitié issus du CAC 40 (comme Accor, Bouygues, Carrefour, Danone, EDF…)." Avant de préciser : "Là où on a été bien soutenu par nos actionnaires, c’est qu'un actionnaire sur deux a fait une avance sur don. Nous avons donc 400M€ sur RAISE Investissement et 20M€ sur la fondation. Comme on n’utilise pas la totalité de ces 20M€, la fondation est elle-même actionnaire de RAISE Investissement. C’est un écosystème vertueux", détaille le co-fondateur.  Et Clara Gaymard de souligner : "Cela ne nous empêche pas d’avoir envie de gagner beaucoup d’argent parce que plus on en gagne, plus on en donne".

 

4 trous dans la raquette à combler

L’objectif des groupes actionnaires est de "nous aider combler les quatre trous dans la raquette de ces jeunes entreprises de croissance". Par ces "quatre trous dans la raquette", Gonzague de Blignières évoquent les quatre raisons principales d’échec des jeunes pousses :  le temps qui "n’est pas le même dans les jeunes entreprises de croissance que dans les PME/ETI et encore moins les grands groupes" ; la finance : "Les moyens financiers ne sont pas les mêmes. Dès qu’ils demandent des premiers 100 000 euros, 200 000 euros, 300 000 euros, c’est compliqué, et si on pouvait éviter la dilution, ce serait plutôt fantastique" ; les relations : "Car, en France, il est difficile de faire se parler des groupes, des ETI et des start-up entre eux" ; et le tutorat et l’accompagnement."
 

Clara Gaymard complète : "On est parti d’un constat extrêmement simple : quand on analyse les raisons pour lesquelles les entreprises tombent, malgré un bon projet, une bonne équipe et une bonne dynamique, c’est en général parce qu’elle ont fait une erreur de priorité". Et de préciser : "Or, la plupart du temps, si elles avaient eu un bon conseil, au bon moment et la bonne expertise, elle n’aurait pas commis l’erreur. Dès lors qu’on connait l’erreur, on peut la rattraper. Faire faire pivoter son produit, aller plus vite dans la levée de fonds sans sacrifier le client…  C’est une harmonie dynamique où il faut énormément de talent pour y arriver."
 

Un programme "plus ou moins" à la carte

Fort de ce constat, RAISE Fonds de dotation a mis en place un programme à la carte, composé de 6 volets (lire encadré ci-dessous), dont 4 dédiés aux JEC et 2 aux grands groupes. "C’est l’entrepreneur qui décide ce dont il a envie en fonction de ses priorités. Et tout cela est pro bono". Un système gratuit plus vertueux qu’un accélérateur classique, selon les deux fondateurs : "L’enjeu financier est nul et c’est qui nous pousse à l’excellence. Comme c’est de l’argent que l’on donne, on a envie qu’il soit vraiment rentable. On a une forme d’exigence et on aide les entreprises quand ça commence à ne pas aller bien.  Quand il y a un échange financier, les gens vous paient pour le service, donc si l’entreprise n’est pas formidable, ce n’est pas grave, tant qu’elle paie... Nous, on les choisit bien".

"Ce qu’on a mis en œuvre est unique : c’est la capacité de réunir des experts de très haut niveau venant de cabinets de conseils comme Grant Thornton, Bain, EY qui donnent des jours hommes pour faire des diagnostics précis sur des problèmes précis, développe Clara Gaymard. On a cette capacité, nous, grâce à l’équipe du fonds de dotation, d’analyser ce qui ne va pas à l’instant t dans une jeune entreprise de croissance pour lui permettre de passer à la marche supérieure sans trébucher".

Les critères de sélection des JEC ?  "Elles doivent réaliser un minimum de 250 000 euros de chiffre d’affaires pour montrer que le POC existe déjà. Elles passent par un 'screening" qui nous permet de sentir si elles ont la capacité d’aller plus loin". A ce jour, les équipes de RAISE ont sélectionné 130 entreprises sur 1300 rencontrées.

 

Au-delà de RAISE, un label : David avec Goliath

Pour aller plus loin, RAISE a créé David avec Goliath, un label qui salue les "binômes" entre grands groupes et JEC. En mars 2016, 150 JEC ont été interviewées et une quinzaine de grands groupes se sont réunis pendant deux jours avec leur binôme pour essayer de trouver les best practice. De cela est sorti un document de 81 recommandations, dont une dizaine pour les pouvoirs publics.

A l’occasion du Salon Viva Technology 2017, RAISE a annoncé une deuxième édition en novembre 2017, avec un prix attribué au meilleur binôme grand groupes/Jec : "Cela s’inscrit dans l’idée fondatrice de RAISE : on veut vraiment créer des ponts sans péage entre les start-up et les grands groupes", affirme Gonzague de Blignières. Avant de conclure : "On n’incube personne, on ne conseille personne mais on trouve le meilleur conseiller, la meilleure venture… On essaie d’optimiser les choses", conclut le co-fondateur qui espère, comme lors de la première édition, compter sur la venue d’Emmanuel Macron. Une intervention dans un nouveau costume qui aurait, certes, une autre portée.

 

Les 6 programmes de RAISE


Gonzague de Blignières détaille les 6 programmes proposés par RAISE aux jeunes entreprises de croissance et aux grands groupes :

1er programme : le prêt d’honneur

"Vous avez besoin de lever un peu de sous ou de faire un bridge le temps de lever de l’argent, plutôt que de vous diluer, on vous fait un prêt d’honneur de 100 000 eucros à taux zréo avec deux ans de différé pendant 7 ans. Ce programme est toujours accompagné d’un accompagnement. Il déclenche aussi un peu d’argent de BPI, de banques… Ce sont 100k toujour saccaompgné et souvent le déclenchement de 200, 300 ou 400 k€ qui évitent ma dilution à un moment où c’est dommage de diluer". Au total, 13 prêts d’honneur de 100 000 euros ont été accordés depuis 2015. Parmi elles, on retrouve ManoMano, Learn Assembly, Artsper, Meero, Legastart.fr…
 

2e programme : Raise Access

"Il s’agit d’un programme de tutorat et d’accompagnement. On adapte le discours d’une start-up qui dit, par exemple :"je veux rencontrer Danone". On regarde si c’est une bonne idée et après on va chercher la bonne personne grâce aux actionnaires chez Danone. C’est ce qu’on appelle de l’accompagnement et du tutorat."

3e programme : Raise Expert
"On a une équipe de boîtes de conseils (Deloitte, Bain, EY… ) qui acceptent probono deux à trois heures de  leur temps d’établir un diagnostic bien précis auprès de la JEC : 'Je m’arrête, je fais une pause, où sont mes difficultés, mes enjeux…'"

4e programme : les mardis Raise
"On en a fait 25. C’est là où on accueille les 130 JEC sélectionnées. C’est un 18-20h : un patron du cac40, un patron d’une ETI et un patron d’une start-up interviennent sur un sujet bien défini. Les entreprises viennent en s’inscrivant sur le site ou en s’inscrivant. Cela permet de détecter de nouvelles JEC, à nous comme aux actionnaires".

5e programme : les start-up au programme des MBA internes
"Dans les grands groupes, les cadres suivent des MBA internes. Devant la demande, on les aide à intégrer à l’intérieur de ces programmes l’accompagnement de start-up pendant un an : ils sont notés dessus. C’est tout bénéfique pour les start-up et tout bénéfique pour le groupe parce que le cadre qui a accompgné a vu ce qui se passait sur son marché".
Depuis le 23 février 2017, 10 cadres dirigeants du programme interne de Safran accompagnent 5 start-up sourcées par RAISE. A la Société générale, 2 cadres dirigeants accompagnent 11 start-up. "On l’a fait avec les Galeries Lafayette, on va aussi le faire avec Vinci, Unibail, Carrefour et L’Oreal. C’est une vraie manière pour les grands groupes d’instaurer un esprit entrepreneurial en interne, et cela montre que les start-up ont vrai quelque chose à apporter. C’est du donnant-donnant".

6e programme : les incubateurs
"La plupart des grands groupes veulent avoir leur propre incubateur et une approche systémique processée avexc les start-up. Souvent, ils viennent nous demander conseil. Quand ils ont leur surface, leur méthodologie…, nous les aidons à sourcer les start-up."

 


 

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