Migrants de Calais: «Dans un Etat de droit, on ne peut pas affamer les gens en espérant qu’ils partent»
JUSTICE•Le tribunal administratif de Lille examinait un nouveau référé déposé par des associations d’aide aux exilés…Mikaël Libert
L'essentiel
- Soixante et une personnes morales et physiques ont déposé un référé
- Les autorités sont sommées de faire respecter les droits fondamentaux des migrants
- La maire de Calais refuse toute nouvelle structure dans sa ville
Dossier sensible. Ce mercredi, le tribunal administratif de Lille examinait une requête en référé déposée par sept associations et une cinquantaine de migrants de Calais. L’objet de cette procédure intentée contre, notamment, la préfecture du Pas-de-Calais, le département et la ville de Calais : cesser les atteintes graves aux droits fondamentaux des exilés.
Déposée le 16 juin, cette requête a été rattrapée par l’actualité, quand, la nuit du 19 au 20, un chauffeur polonais a trouvé la mort sur l’autoroute A16 en percutant un camion arrêté à cause d’un barrage érigé par des migrants. D’emblée, l’un des avocats des requérants a tenté de désamorcer : « C’est une audience sur des questions de droit et non de politique. »
La présence des migrants « niée »
« La présence de ces 600 migrants à Calais est niée par les autorités et, de fait, leurs droits fondamentaux à la nourriture, le logement et l’hygiène aussi, poursuit l’avocat. On empêche les distributions de repas, il n’y a pas de douche et il n’y a pas de places d’hébergement. »
« Mais qui sont ces 54 migrants qui nous accusent de ne rien faire pour eux, s’interroge la représentante de la préfecture. Seuls dix d’entre eux ont déposé des demandes d’asile, nous n’avons jamais vu les autres. Des places, des repas et des douches, il y en a dans les CAO en France, mais ils refusent d’y aller », poursuit-elle.
L’argument de « l’appel d’air »
A ce que les associations demandent (accueil de jour, sanitaires…), la maire de Calais, Natacha Bouchart, s’oppose farouchement : « Distribuer des repas dans le centre-ville est une provocation. Et si on reproduit ce schéma, on reproduit l’appel d’air. Les Calaisiens sont à bout et je dois tempérer les choses pour éviter un drame. »
a« Dans un Etat de droit, on ne peut pas affamer les gens en espérant qu’ils partent, martèle la présidente du tribunal. Alors, en attendant soit la reconduite à la frontière, soit la demande d’asile, on fait quoi avec ces gens qui ont faim ? », lance-t-elle aux parties. Et sur le sujet, chacun campe sur ces positions, entre le « il n’y a rien ici », et le « il y a tout ailleurs ». Le tribunal rendra sa décision, lundi.
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