Présumés coupables
Si nos institutions garantissent à toute personne mise en cause la présomption d’innocence, que le doute s’installe et le poison du soupçon se répande, et c’est la présomption de culpabilité qui l’emporte désormais au «tribunal de l’opinion».

Ce sont ainsi 76% des Français interrogés par Elabe pour BFMTV les 30 et 31 mai qui considéraient que “la plupart des femmes et des hommes politiques font passer leur intérêt personnel avant l’intérêt général”, seuls 23% estimant au contraire que “cela ne concerne qu’une petite minorité des femmes et des hommes politiques”.
Signe d’une opinion publique échaudée par la succession des affaires et d’un sérieux abaissement du seuil de sensibilité des Français à ce sujet, cette perception s’avérait massivement partagée, toutes catégories de population confondues.
L’ère du soupçon généralisé bat désormais son plein et les responsables politiques (ils ne sont pas les seuls) auraient tort d’ignorer cet enjeu d’opinion majeur. Tel est l’implacable constat auquel doit aujourd’hui faire face Emmanuel Macron, depuis l’Elysée, au risque sinon de laisser polluer les premiers mois de son mandat par les «affaires».
Le chef de l’Etat, qui avait placé au cœur de sa posture et de son programme présidentiel le renouvellement des pratiques, se devait de joindre la parole aux actes. C’est à la lumière de cet enjeu qu’il faut analyser l’exfiltration du gouvernement de Richard Ferrand, puis les départs annoncés des ministres MoDem.
Sur ce terrain, gageons que le «tribunal de l’opinion» donnera probablement raison au Président de la République.