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Paris s'affiche sans sida

«Libération» dévoile la campagne «Paris sans sida» qui débute ce vendredi sur plus d'un millier de panneaux dans toute l'agglomération.
par Eric Favereau
publié le 23 juin 2017 à 7h09

En finir avec le sida à Paris, un rêve fou? Cela fait maintenant plus de deux ans que la municipalité de la capitale, sous l’impulsion d’Anne Hidalgo, s’est lancé un défi, résumé dans un slogan: «Paris sans sida».

Ce slogan n'a rien de chimérique, car ce type de projet se concrétise en partie à New York et surtout à San Francisco, où le nombre de nouvelles contaminations a pu être divisé par dix. A Paris, la situation est préoccupante, pour ne pas dire mauvaise: l'épidémie y est cinq fois plus élevée que la moyenne française et deux fois plus que dans le reste de l'Ile-de-France. Les cas parisiens représentent un cinquième du chiffre pour toute la France, alors que les Parisiens représentent un peu plus de 3% de la population. Ce sont plus d'un millier de nouvelles contaminations par an. Et à Paris encore, l'épidémie y est très particulière, fortement concentrée – à près de 90% – dans deux groupes : les hommes ayant des rapports sexuels entre hommes (52%) et les migrants, principalement de pays à forte prévalence (38%). Enfin, géographiquement, l'épidémie est surtout forte dans les quartiers centraux (Ier à IVarrondissements) et dans le nord-est (Xe, XIe, XVIIIe, XIXe et XXe arrondissements) mais aussi dans le XIIIe.

A lire aussi: «Le coût pour éliminer le sida d'ici 2030 ? Il manque 7 milliards de dollars par an.»

Bref, des chiffres alarmants. Et surtout des contaminations qui ne baissent pas. Or, aujourd'hui, comme on  le voit à San Francisco, les outils pour casser l'épidémie existent: dépistage plus précoce, mise sous traitement immédiate de tout séropositif, utilisation de nouveaux outils de prévention comme la prep (une molécule prise avant, pendant et après une relation à risque, et qui empêche la contamination). C'est tout cet arsenal de mesures qui, mises ensemble, permet de réduire fortement les contaminations.

Mais voilà, encore faut-il que cette politique soit mise en œuvre massivement, et relayée politiquement. A titre d'exemple, 19% des personnes infectées par le VIH ne sont toujours pas diagnostiquées à Paris, ce qui contribue pour une grande part à la permanence de l'épidémie. «Avec la création de l'association Paris sans sida l'année dernière, la ville a posé les premiers jalons», nous explique Bernard Jommier, maire adjoint de la capitale en charge de la santé. «C'est maintenant une priorité.» Et de lister les mesures: «Nous nous sommes ainsi engagés sur la diffusion des tests rapides, mais aussi sur les autotests, et bien d'autres choses encore. Et là, on a décidé de parler aux Parisiens, et aux populations sensibles en faisant passer quelques messages.» 

A partir de ce week-end, à l'occasion du festival Solidays, débute en effet une très imposante campagne d'information, sur tous les panneaux de la ville. «Un millier d'affiches pendant quatre semaines», insiste Bernard Jomier. Des affiches sans ambiguïté. «Avec six messages différents, mais tous pointent la possibilité d'arrêter l'épidémie.» Et ce slogan:  «Faisons de Paris la ville de l'amour sans sida.»

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