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Déforestation au Brésil : l’opération « greenwashing » de Michel Temer fait long feu

Des zones préservées de l’Amazonie sont menacées par le gouvernement, qui veut autoriser les activités minières ou agricoles.

Par  (Sao Paulo, correspondante)

Publié le 24 juin 2017 à 17h11, modifié le 24 juin 2017 à 17h13

Temps de Lecture 2 min.

Le président brésilien Michel Temer a voulu y faire croire. Dans un tweet, adressé à la top-modèle Gisele Bündchen et à l’organisation de défense de l’environnement WWF, lundi 19 juin, M. Temer s’était félicité d’avoir mis son veto à deux mesures polémiques sur l’environnement.

Les deux textes, connus au Brésil comme les MP 756 et MP 758, approuvés en mai par le Congrès, visaient à réduire d’une surface équivalente à celle du Sri Lanka (600 000 hectares), des zones préservées de l’Amazonie et de la Mata Atlantica, la forêt qui borde la côte atlantique brésilienne.

Le projet consistait à transformer le statut juridique d’une partie de la Forêt nationale de Jamanxim, en y autorisant les activités minières ou agricoles, et donc la déforestation : le projet prévoit d’amputer de 100 000 hectares une autre région préservée en vue de la construction d’un chemin de fer. Ces lois auraient donné un signal d’impunité aux acteurs de l’agrobusiness qui occupent déjà illégalement ces zones, dénonçaient les activistes.

« Manœuvre politique »

Las, ni la reine de beauté, qui une semaine plus tôt priait le président de « protéger notre mère terre », ni le WWF n’ont pu se réjouir de cette victoire raflée après une campagne de mobilisation intense.

A la veille du veto présidentiel, le gouvernement brésilien avait déjà préparé la riposte. Dans une vidéo diffusée dimanche 18 juin, disponible sur YouTube, le ministre de l’environnement, José Sarney Filho, prend un ton rassurant afin d’expliquer que le texte a été retoqué car il n’offrait pas toute la « sécurité juridique » et promet de déposer un nouveau projet « en urgence » d’une teneur comparable. Cette région, en « proie à la violence », en sera pacifiée, assure-t-il.

« Michel Temer s’est lavé les mains et a repassé la responsabilité au Congrès », enrage Maurício Voivodic, directeur exécutif du WWF Brésil. « Temer a effectué une manœuvre politique pour rassurer la société civile et l’opinion », s’offusque l’organisation non gouvernementale Greenpeace Brésil tandis que Gisele Bündchen tweetait le 20 juin qu’elle n’était pas dupe, refusant, quelle qu’en soit la tournure législative, tout recul de la préservation de l’environnement dans son pays.

La désinvolture environnementale du Brésil, pourtant signataire des accords de Paris sur le climat, reflète une triste réalité. Celle d’un gouvernement pris au piège du lobby de l’agrobusiness. Le président Michel Temer, impopulaire et suspecté de « corruption passive », doit, pour survivre, s’assurer de l’appui du Congrès, où 40 % des élus font partie de la « bancada ruralista », et sont vus comme les protagonistes de la déforestation.

« Les lois contre l’environnement sont devenues une monnaie d’échange pour obtenir le soutien des ruralistes », se désole M. Voivodic. Depuis 2014, année électorale où le lobby de l’agrobusiness est devenu surpuissant au Congrès, la déforestation a progressé, s’élevant à 14 196 km2, entre juillet 2014 et août 2016, selon l’institut national de recherches spatiales.

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