Malgré l’interdiction émise par le gouvernorat d’Istanbul, les organisateurs de la Marche des fiertés LGBT (lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres) ont annoncé qu’ils maintiendraient leur manifestation, prévue dimanche 25 juin sur l’emblématique place Taksim.
Samedi, dans un communiqué, les autorités stambouliotes ont fait savoir qu’elles n’autoriseraient pas la tenue de la Marche des fiertés et des manifestations associées, afin de préserver « l’ordre public » et la « sécurité des touristes » dans la zone concernée.
Le gouvernorat explique par ailleurs ne pas avoir reçu de demande d’autorisation formelle pour la manifestation, affirmant avoir été informé de sa tenue par Internet et dans la presse. Le communiqué appelle à ne pas prendre en considération les appels à manifester.
« Grande inquiétude » d’Amnesty
Les organisateurs de la Marche des fiertés ont aussitôt répliqué en affirmant que la manifestation se déroulerait comme prévu, qualifiant l’interdiction d’« infondée ».
« Le bureau du gouverneur était au courant de notre projet depuis longtemps, car nous lui avions fourni une requête il y a des semaines », assure à l’Agence France-Presse Lara Ozlen, membre du comité d’organisation.
Des groupes d’extrême droite ont menacé ces derniers jours sur les réseaux sociaux de s’en prendre à la manifestation, qui a lieu cette année au premier jour des festivités de l’Aïd, qui marquent la fin du Ramadan.
« Nous dire “ne défilez pas” au lieu de nous protéger parce que ça en gêne quelques-uns est antidémocratique », estime Lara Ozlen.
L’ONG Amnesty International a accueilli l’annonce des autorités turques avec « grande inquiétude », selon un communiqué. « Cette décision ne respecte pas le droit des LGBT et de leurs soutiens à se réunir pacifiquement », affirme le texte, appelant la Turquie à lever cette interdiction et à respecter les libertés d’expression et de réunion.
Interdite depuis deux ans
La Marche des fiertés est interdite à Istanbul depuis 2015. Cette année-là, selon l’association des LGBT, les autorités avaient mis en cause la coïncidence de l’événement avec le mois sacré du Ramadan. En 2016, la manifestation avait été interdite pour des raisons de sécurité alors que le pays avait été frappé par une série d’attentats meurtriers menés par l’organisation Etat islamique (EI) ou par les séparatistes kurdes.
Mais dans un cas comme dans l’autre, les manifestants avaient bravé ces interdictions ; ils avaient été dispersés violemment par les forces de l’ordre.
Les années précédentes, la Marche des fiertés s’était déroulée sans incidents, des milliers de personnes y prenant part pour défendre les droits des minorités LGBT, devenant la plus importante manifestation du genre dans un pays musulman du Moyen-Orient.
L’homosexualité n’est pas pénalement réprimée en Turquie, mais l’homophobie y reste largement répandue.
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