Sein. Les grands dauphins comme dans un écrin

Bruno Salaun

Par Bruno Salaun

Une trentaine de grands dauphins vivent dans un territoire assez réduit dans la chaussée et autour de l'île de Sein. Des agents du Parc naturel marin d'Iroise les observent, depuis 2009, avec l'idée de mieux les connaître et les protéger. Illustration sur zone un jeudi de juin.

Mickaël Buanic, du Parc naturel marin d'Iroise, à propos des grands dauphins : « Nous n'avons jamais constaté d'animaux en difficulté, mais avec le petit recul que l'on a, on confirme que l'hiver, c'est compliqué, en particulier pour les jeunes en post-sevrage ».
Mickaël Buanic, du Parc naturel marin d'Iroise, à propos des grands dauphins : « Nous n'avons jamais constaté d'animaux en difficulté, mais avec le petit recul que l'on a, on confirme que l'hiver, c'est compliqué, en particulier pour les jeunes en post-sevrage ».

Chaussée de Sein, sous un franc soleil printanier. Des phoques gris se reposent, des cormorans se font sécher les ailes sur de grands rochers, des goélands et fous de Bassan tournoient à intervalles réguliers.

En position stationnaire dans le courant, les grands dauphins apparaissent, quant à eux, nichés dans une zone de remous derrière un caillou ou plus à découvert dans une veine d'eau. « Ils sont à l'affût. Comme des poissons. lls attendent que la nourriture passe devant leur bec », observe Mickaël Buanic, l'un des agents du Parc naturel marin d'Iroise, depuis un bateau tenu à distance du groupe afin d'éviter ou limiter les interactions.

Les cétacés, curieux sans doute, s'approchent de l'embarcation, vrillent, fusent, accélèrent, sautent. Les plus grands mesurent jusqu'à 4 m, les plus jeunes 1,50 m. « J'ai vu S16, S28, S29, je n'ai pas vu S7 », décompte à haute voix Mickaël Buanic. De son côté, Charles, un autre agent de l'équipe du Parc marin basé sur l'île Tristan (Douarnenez), enchaîne les clichés pour renseigner le catalogue de photo-identification actualisé depuis 2012.

32 dauphins fin 2016


« Nous en avons vu au moins 25, soit une belle proportion du groupe de 32 identifiés fin 2016 », signale Mickaël après une heure de présence sur les eaux claires de la chaussée. Il évoque des sorties identiques, en moyenne chaque mois à la belle saison et tous les deux mois l'hiver. Lorsque des scientifiques d'Océanopolis s'étaient, les premiers, penchés sur les grands dauphins de Sein, ils avaient repéré une quinzaine d'individus vers 1995. La population a doublé en vingt ans malgré quelques mortalités enregistrées chez des jeunes comme lors du rude hiver 2013-2014. C'est le signe que les grands dauphins sédentaires de Sein affectionnent la chaussée.

« Il n'y a pas encore eu de naissances en 2017 - elles surviennent entre février et septembre -, mais nous en avons eu deux à trois par an ces dernières années. Ils se plaisent s'ils se reproduisent. Pourquoi se sont-ils installés ? Mystère ! En tout cas, le milieu leur apporte de la nourriture à profusion », émet l'agent du Parc marin.

Ces grands dauphins, en bout de chaîne alimentaire, constituent d'ailleurs une espèce miroir ou parapluie du bon état de l'écosystème local. Ils y évoluent dans une zone relativement restreinte (6 km²), un domaine vital jugé très petit pour des grands dauphins, qui se limite quasiment à la chaussée et au tour de l'Ile de Sein, dans des fonds qui excède rarement dix mètres. À tel point que « plusieurs spécialistes venus sur zone étaient assez impressionnés par cette façon de procéder », relate Mickaël Buanic.

Mystère sous l'eau ou la nuit


Ces grands dauphins, qui peuvent se déplacer à 45 km/h, n'ont jamais été vus, par exemple, en baie de Douarnenez, pas plus à Molène. « Après, on a une méconnaissance de leur comportement sous l'eau et en nocturne. On peut imaginer plein de choses ! », relativise le technicien. « Nous n'avons jamais trouvé d'individu commun aux catalogues de Sein et Molène. Ces dernières années, on a vu un inconnu apparaître dans le groupe à certains moments de l'année. Il reste à proximité pendant à peine un mois puis passe son chemin. Il est inconnu des groupes sédentaires de la façade Atlantique Manche, dont le plus important (entre 400 et 500 dauphins) est celui du golfe normano-breton, qui s'étend de la baie de Saint-Brieuc à la baie de Somme », complète-t-il.

Newsletter Les immanquables à Quimper
L’actu du jour à Quimper
Tous les jours en semaine à 17h30

Ce jeudi de juin, la houle se creuse derrière Sein. Les dauphins jaillissent, livrent d'incroyables figures aériennes. Libres comme l'air...

Revenir en arrière

Sein. Les grands dauphins comme dans un écrin

sur Facebooksur Twittersur LinkedIn
S'abonner
Application Le Télégramme Info Bretagne

Application Le Télégramme

Vous aimez la Bretagne ? Vous allez adorer l'application du Télégramme. Profitez d'une expérience de lecture personnalisée et d'un accès rapide à l'actualité de votre commune.

Application Le Télégramme Journal
Application Le Télégramme Journal