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Bruxelles inflige une amende record de 2,42 milliards d’euros à Google

Google a abusé de sa position dominante sur le marché des moteurs de recherche en favorisant son propre service de comparaison de prix. Google se prépare à faire appel.

Par Derek Perrotte

Publié le 27 juin 2017 à 11:59

Google a beau aimer occuper les sommets, c’est un record dont il se serait bien passé. Mardi, la Commission européenne a infligé au mastodonte américain une amende de 2,42 milliards d’euros pour abus de position dominante dans l’affaire de son comparateur de prix, « Google Shopping », qui l’oppose à Bruxelles depuis plus de sept ans.

Un record : jusqu’ici, l’amende la plus lourde infligée par le gendarme européen de la concurrence, à Intel en 2009, était de 1,06 milliard. Ce montant se justifie par « l’ampleur et la durée » de l’abus, en cours depuis 2008, a indiqué la Commissaire à la Concurrence,Margreth Vestager, alors que Google Shopping est présent dans 13 pays de l’UE regroupant plus de 400 millions de citoyens.

L’exécutif européen donne 90 jours à Google pour corriger le tir. A défaut, le groupe s’exposerait à une astreinte quotidienne pouvant atteindre 5% du chiffre d’affaires quotidien moyen d’Alphabet (246 millions de dollars), sa maison mère. Google dit « étudier un futur appel », très probable, de la décision.

« Ce que Google a fait est illégal »

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Bruxelles reproche à Google d’avoir abusé de sa position dominante sur le marché des moteurs de recherche en conférant un avantage à son propre comparateur de prix, « systématiquement mis en avant » depuis 2008 dans les résultats, au détriment des autres, comme le français Kelkoo, l’anglais Foundem ou encore Tripadvisor, ces deux derniers étant à l’origine des plaintes.

Arriver en tête de liste des recherches accroit fortement le trafic et donc les revenus tirés. « Ce que Google a fait est illégal. Il a empêché les autres sociétés de lui livrer concurrence sur la base de leurs mérites et d’innover, et les consommateurs européens de bénéficier d’un réel choix de services », insiste Bruxelles, qui précise avoir examiné les résultats de « l’équivalent de 1,7 milliard de recherches » sur Google !

Le géant américain se dit en « désaccord respectueux » avec cette analyse. Il affirme que Google Shopping est surtout un service d’annonces publicitaires et qu’il ne peut être accusé de position dominante sur le marché des comparateurs de prix, les internautes en effectuant par ailleurs massivement directement sur les sites de vente en ligne, à commencer par Amazon. C’est l’argument avancé depuis des mois. Il a de nouveau été balayé mercredi par Margreth Vestager, pour qui il s’agit de « deux marchés distincts ».

En outre, cela « ne change rien » au problème de fond, la préférence accordée à Google dans ses résultats de recherches à son propre service au détriment des concurrents. Aux Etats-Unis, où une enquête avait également été ouverte, Google a conclu un accord avec les autorités en 2013 en promettant d’arrêter de supprimer les commentaires et autres données provenant des sites Web concurrents pour ses propres produits.

« Cette décision est une étape importante dans le retour de la concurrence au sein du marché des comparateurs d’achat en ligne. Kelkoo a perdu dix années de développement et de croissance, mais cette décision va nous permettre de nous concentrer sur l’innovation et de fournir aux consommateurs un choix plus large et des prix plus bas. C’est ce qui est vraiment enthousiasmant ! », a salué ce concurrent de Google Shopping.

Même satisfecit au sein du Bureau européen des consommateurs, le BEUC : « Cette décision change toutes les règles du jeu. La Commission a confirmé que le moteur de recherche le plus utilisé au monde ne met pas en avant les résultats de recherche les plus pertinents pour les consommateurs, mais plutôt ceux qui sont les plus avantageux pour la firme elle-même. Nous attendons maintenant de l’entreprise qu’elle modifie son comportement pour que ce soit le choix du consommateur qui soit pris en considération quand il effectue une recherche sur Google », analyse Monique Goyens, sa directrice.

Deux autres enquêtes en cours

Bruxelles n’en a de fait pas fini avec Google. Deux autres enquêtes pour abus de position dominante sont en cours, l’une relative à sa plate-forme publicitaire Adsense, l’autre à son système d’exploitation Android. Elles n’ont pas encore abouti mais Margreth Vestager a indiqué mardi que « les conclusions préliminaires montrent qu’il y a bien eu des abus. »

« Nous allons continuer à examiner de près ces cas. La nouveauté, c’est qu’on le fera en considérant, comme cette enquête vient de le prouver, que Google est bien une entreprise en position dominante », a-t-elle insisté. Un point crucial, qui sonne comme un désaveu de la ligne de défense là aussi adoptée par Google et laisse augurer que le géant américain devrait subir à terme d’importantes amendes dans ces deux dossiers aussi.

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