La politique est une histoire de famille. La nouvelle Assemblée nationale n’échappera pas à la règle. Au moins quatre-vingt-deux députés ont, au minimum, un membre de leur famille impliqué ou anciennement impliqué dans la vie politique, comme élu, collaborateur parlementaire ou chargé de mission au sein d’un ministère.
Cinquante-sept des députés ont, ou ont eu, au moins un proche de l’entourage familial élu. Parmi eux, on compte surtout des maires (vingt) mais aussi des députés (quatorze) et des conseillers municipaux (sept).
L’héritage de père en fille n’est pas réservé à la seule famille Le Pen. Parmi les 577 députés de l’Assemblée, au moins vingt-cinq sont fils ou fille d’élu(e). Certains ont, parmi leurs ancêtres, des personnalités désormais entrées dans l’histoire. Outre Jérôme Lambert, petit-neveu de l’ancien président François Mitterrand, l’Assemblée nationale compte désormais Michèle Tabarot, fille d’un dirigeant de l’OAS, Robert Tabarot, ou Marielle de Sarnez, enfant du député et résistant Olivier de Sarnez.
Les ascendances politiques peuvent être très lointaines. Claude de Ganay, député du Loiret, est ainsi un descendant d’Antoine-Charles de Ganay, député de Saône-et-Loire pendant la Restauration (1815-1830). Philippe Dunoyer, quant à lui, compte parmi ses ancêtres Eugène Porcheron, premier maire élu de Nouméa (Nouvelle-Calédonie), entre 1882 et 1883.
La politique en couple
La politique est aussi une affaire de couples. Dix-sept des députés de l’actuelle Assemblée ont un conjoint ou une conjointe élue ou anciennement élue au sein d’une instance politique. Si Marine Le Pen et son compagnon, Louis Aliot, sont entrés ensemble à l’Assemblée nationale, d’autres, comme Boris Vallaud, ont laissé leur compagne aux portes du Palais-Bourbon. L’ancienne ministre Najat Vallaud-Belkacem a ainsi perdu son duel face au candidat de La République en marche dans la 6e circonscription lyonnaise, à Villeurbanne, tandis que son époux a été pour la première fois élu député dans les Landes.
Parfois, les proches succèdent directement aux députés dans leurs fonctions locales qu’ils abandonnent pour se consacrer à leur rôle de représentant national. Ainsi, après avoir été sixième adjointe à la mairie de Drancy, la femme de Jean-Christophe Lagarde, Aude Lavail-Lagarde, a pris la place de son époux lorsque celui-ci a quitté son poste de maire pour briguer un nouveau mandat de député. Dans la famille Chassaigne, le fils, François, a succédé à son père à la mairie de Saint-Amant-Roche-Savine (Puy-de-Dôme) en 2010. André Chassaigne (PCF), député du Rhône depuis 2002 et prolongé pour cinq années supplémentaires, avait occupé le poste entre 1983 et 2010.
Un conjoint comme assistant parlementaire
En dehors des mandats, au moins vingt-huit députés ont, ou ont eu, un membre de leur famille exerçant une fonction « parapolitique », que ce soit comme collaborateur parlementaire, secrétaire général de mairie ou militant actif au sein d’un parti. Ainsi, Raquel Garrido, compagne d’Alexis Corbière, qui entre pour la première fois à l’Assemblée nationale, est porte-parole de Jean-Luc Mélenchon.
Ils sont dix-huit à avoir employé leur conjoint comme assistant parlementaire dans un précédent mandat. Parmi eux, Jean-Louis Touraine, Bruno Le Maire ou Nicolas Dupont-Aignan. La pratique se révèle très masculine. Hubert Penin de la Raudière est a priori le seul compagnon d’une actuelle députée à avoir exercé ce métier auprès de son épouse, Laure de la Raudière.
Par ailleurs, au moins trois députés ont déjà recruté un de leurs enfants comme assistant parlementaire. Jean-Luc Reitzer, quant à lui, employait à la fois sa femme, Michèle Reitzer, et son fils, Charles-Emmanuel, comme collaborateurs. Le recrutement des assistants dans le cercle familial n’était jusque-là pas proscrit, mais la donne devrait changer avec la loi sur la moralisation de la vie publique.
Si aucune formation n’échappe à la pratique, elle est plus fréquente à droite. Ainsi, huit députés sur dix de l’extrême droite (Front national, Debout la France et la Ligue du Sud) ont un proche impliqué dans la vie politique. Six des huit députés FN sont concernés. Parmi les 135 députés LR-UDI-divers droite, trente-six ont un membre de leur entourage familial exerçant un mandat ou une fonction proche du milieu politique.
Le renouvellement imposé par La République en marche avec l’élection de membres de la société civile et l’entrée à l’Assemblée de candidats de La France insoumise (LFI) ont sans doute permis de réduire le nombre d’élus concernés : seulement vingt-quatre des 357 députés de la majorité présidentielle et cinq des vingt-neuf représentants de la gauche radicale sont parents ou en couple avec un élu, un salarié ou responsable politique. Même si le leader de LFI a lui-même une fille ancienne adjointe dans le 4e arrondissement de Lyon et militante active au sein de la formation de son père.
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