Plusieurs espèces d'oiseaux ajoutent des plantes vertes lors de la confection de leur nid afin d'éloigner les parasites de leur progéniture. Les Roselins familiers (Haemorhous mexicanus) qui vivent en zones urbaines ont trouvé une autre solution, ils utilisent des mégots notamment la cellulose présente à l'intérieur. Déjà en 2011, des chercheurs mexicains avaient démontré que le nombre de cigarettes ajoutées dans les nids de ces oiseaux était négativement corrélé avec le nombre de parasites présents dans ce même nid. Dans une étude publiée en juin 2017 dans la revue Journal of Avian Biology, ces mêmes chercheurs affirment désormais que ces oiseaux utilisent bel et bien des mégots comme répulsifs.
Des tiques vivantes déversées dans les nids
Pour tester leur hypothèse, les deux chercheurs de l'université nationale autonome du Mexique ont retiré le revêtement de plusieurs dizaines de nids - dont les morceaux de mégots déjà présents - de Roselins familiers juste après l'éclosion des œufs. Ils ont également débarrassé chacun d'entre eux des tiques et autres parasites qui s'y abritaient. Ensuite, les biologistes ont rempli 10 d'entre eux avec des tiques vivantes, 10 autres avec des tiques mortes et 12 sont restés sans parasite.
Entre tiques et mégots, il faut choisir
Selon les résultats de l'étude, alors que les oiseaux confrontés à un nid sans tique vivante n'ont pas utilisé de débris de mégots ou très peu (de l'ordre de 0,02 grammes), les Roselins familiers dont l'abri a été infesté de parasites en ont apporté environ 10 fois plus (0,25 grammes). Pour les scientifiques il n'y a donc plus de doute possible : ces animaux ajoutent bien des mégots de cigarettes à leur nid pour lutter contre les tiques.
"Mais une évaluation systématique de la démographie et de la physiologie de cette population est nécessaire pour déterminer si l'utilisation de mégots est une nouveauté bénéfique ou néfaste pour ces oiseaux urbains", indique l'étude. Car si les tiques sont un véritable fléau capable de mettre en danger la vie des oisillons, les mégots de cigarettes sont quant à eux particulièrement toxiques et engendrent des dommages notamment au niveau cellulaire. La question est donc de savoir s'il est plus sage de choisir la peste ou le choléra.