Cohn-Bendit : Simone Veil est «l'incarnation de la réconciliation franco-allemande»

FAIT DU JOUR. Daniel Cohn-Bendit, ancien député européen, revient sur le parcours de cette «grande dame». Pour lui, Simone Veil, c'est d'abord l'incarnation du miracle de la réconciliation franco-allemande.

Daniel Cohn-Bendit et Simone Veil au Parlement européen, à Strasbourg, le 13 frévrier 2007.
Daniel Cohn-Bendit et Simone Veil au Parlement européen, à Strasbourg, le 13 frévrier 2007. AFP/GERARD CERLES

    Il a siégé vingt ans au Parlement européen comme député. Né en France, à Montauban, de parents juifs allemands qui ont fui le régime nazi pour se réfugier en France en 1933, Daniel Cohn-Bendit revient sur le parcours de cette «grande dame».

    Que représente pour vous Simone Veil ?

    Daniel Cohn-Bendit. Simone Veil, c'est d'abord l'incarnation du miracle de la réconciliation franco-allemande, le symbole vivant de la capacité extraordinaire de l'Europe à surmonter les drames et l'horreur absolue. Lorsque Simone Veil a été désignée le 17 juillet 1979 comme présidente du premier Parlement européen élu au suffrage universel, cela a été historique. Le Parlement n'avait à l'époque encore que très peu de pouvoirs. Mais tout le monde se souvient encore de la rescapée de la Shoah, se levant ce jour-là pour parler de «paix» et de «liberté» à la tribune. Ce moment a été d'une portée symbolique incroyable à la fois en Allemagne mais aussi en France.

    Que laisse-t-elle en héritage ?

    L'idée que lorsqu'on croit à certains principes, lorsqu'on reste debout quoi qu'il arrive, on peut surmonter les obstacles. Son combat pour la dépénalisation de l'interruption volontaire de grossesse, à ce titre, a été exemplaire. Malgré les tombereaux d'insultes, la violence des débats, elle n'a jamais lâché !! Au nom de la religion, pourtant, on a vu une certaine droite se déchaîner contre elle, certains députés ont même été jusqu'à l'accuser de «jeter au crématoire» des embryons, elle qui avait été déportée à Auschwitz-Birkenau (Pologne). Cela était abject, mais elle a tenu bon.

    Peut-on la qualifier pour autant de féministe ?

    Si on entend le mot féministe par celle qui ose tout pour défendre l'honneur des femmes, leur donner le droit de choisir, elle l'a été, bien évidemment. Son combat en faveur de l'IVG a été d'autant plus remarquable qu'elle était issue de la grande bourgeoisie et d'un milieu conservateur peu enclin à ce type d'idées. Sa grande force a été sans doute d'être avant tout une femme d'action. Elle ne voulait surtout pas qu'on la case au foyer. C'est en cela aussi qu'elle a été en avance sur son temps.

    Politiquement, elle n'a jamais été de gauche...

    Non. Elle était centriste, mais elle tenait à incarner un centrisme «vertébré». Elle détestait la politique politicienne et la médiocrité. N'oublions pas que c'est grâce aux voix de la gauche, à l'Assemblée, que son projet de loi pour l'IVG a été voté, la majorité de la droite a voté contre.

    Sa présence au bras de son mari, Antoine Veil, lors du défilé des opposants au mariage pour tous, le 13 janvier 2013, a intrigué...

    Personne n'est parfait, même une grande dame. Le hasard a voulu que, le jour où Simone Veil décède, l'Allemagne légalise, sans drame, le mariage gay. Avec la disparition de Simone Veil, tous ceux qui croient en l'Europe ne peuvent, de toute façon, qu'être touchés, car une grande figure du XXe siècle s'en est allée.

    QUESTION DU JOUR. Etes-vous favorable à l'entrée au Panthéon de Simone Veil?

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