« Le Tour de France, c’est aussi le tour de la France », peut-on entendre chaque année ou presque sur les ondes depuis que la course est télévisée, soit depuis 1948. Mais voilà bien longtemps que les coureurs cyclistes ne tracent plus un périmètre autour de l’Hexagone. En 2024, le Tour partira de Florence, en Italie, le 29 juin. Les trois premières étapes se disputeront sur le seul territoire transalpin, avant de revenir en France lors de la quatrième étape. Pour la première fois depuis la création de la course, le tracé ne passera pas par Paris, en raison des Jeux olympiques, et l’arrivée aura lieu à Nice.
Pour le reste, les concurrents traverseront les Alpes, les Pyrénées et le Massif central, ce qui est de plus en plus fréquent. Nous avons repris tous les parcours du Tour depuis sa création pour comprendre cette évolution. Jusqu’aux années 1950 et 1960, le peloton se livrait bien volontiers à la circumambulation sur les routes de France, mais, à partir des années 1970, on voit arriver des demi-étapes saucissonnées sur la journée, et des tracés exotiques qui coupent à travers l’Hexagone, ou qui passent (enfin) par la Corse. Les deux départements de l’île de Beauté sont les grands perdants du tracé : ils n’ont été traversés qu’une fois, en 2013, soit cent dix ans après la première édition. Le département le moins traversé sur le continent est l’Indre (36), qui a vu passer le Tour pour la première fois en 1992, et seulement dix fois en 111 éditions – dont la dixième en 2024.
Et puis il y a ceux qui gagnent à tous les coups, au premier rang desquels on trouve Paris, qui a même longtemps été ville de départ. Suivent les départements pyrénéens : les Hautes-Pyrénées (65), traversées 107 fois en 111 éditions ; les Pyrénées-Atlantiques (64), 105 fois ; la Haute-Garonne (31), 103 fois. Tous les trois sont encore au programme de l’édition 2024.
Les départements alpins sont évidemment dans l’échappée, mais obtiennent de moins bons résultats : la Savoie (73) a été traversée « seulement » 98 fois ; sa voisine la Haute-Savoie (74), 89 fois ; et 85 fois pour l’Isère, département qui abrite pourtant l’Alpe d’Huez, ainsi que les cols de la Madeleine et de Porte.
Du tour de la France au tour des Alpes et des Pyrénées
Ces relevés montrent les changements dans le tracé du Tour, qui passe d’une course circulaire autour des côtes et des frontières en une douzaine d’étapes à un Tour de France international qui part aussi bien de chez nos voisins belges, néerlandais ou allemands, que d’outre-Manche.
De 1903 à 1939, le Tour fait effectivement une grande boucle autour de la France. Elle traverse ainsi la Haute-Garonne, la Gironde, la Charente-Inférieure (qui deviendra la Charente-Maritime en 1941) ou les Bouches-du-Rhône à trente-trois reprises… en trente-trois éditions.
Puis, à la reprise qui suit la seconde guerre mondiale et jusqu’au milieu des années 1950, le Tour reprend ses habitudes circulaires autour de l’Hexagone.
À partir des années 1960, le parcours devient plus « exotique ». C’est aussi le moment où les transferts entre étapes commencent à dépasser 200 kilomètres (le Tour 2018 parcourait plus de 2 000 kilomètres), et où le centre de la France commence à voir passer plus régulièrement le peloton.
Et puis, à partir des années 1980, et plus encore de l’an 2000, le Tour se détourne progressivement du nord-ouest du pays, malgré des passages répétés en Bretagne ou en Vendée, terres fertiles du cyclisme français. Désormais, ce sont les massifs montagneux qui ont la faveur des organisateurs du Tour : pour les 25 éditions de 2000 à 2024, les Pyrénées-Atlantiques sont traversées 22 fois (en 25 éditions) ; la Savoie, 24 fois ; et les Hautes-Pyrénées… 25 fois.