LES PLUS LUS
Publicité
Publicité

Florange : des "millions" de litres d’acide auraient été déversés dans la nature

Vue aérienne de l'usine ArcelorMittal à Florange.
Vue aérienne de l'usine ArcelorMittal à Florange. © JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP
Camille Hazard , Mis à jour le

Selon les informations du «Républicain Lorrain», des salariés du groupe sidérurgique d’ArcelorMittal seraient à l’origine d’un gigantesque scandale sanitaire. A Florange, ils auraient fait disparaître plusieurs substances chimiques dans la nature.

C’est un scandale sanitaire d’une rare ampleur qu’a relaté «Le Républicain Lorrain», dans son édition de jeudi . Selon «plusieurs éléments» concordants, le quotidien émet l’hypothèse que des salariés du groupe sidérurgique ArcelorMittal, avec l’aide du sous-traitant Suez RV Osis Indisutrial Cleaning, auraient déversés «des milliers, voire des millions de litres d’acide» dans la nature à Florange, une commune de Moselle. 

Publicité

C’est un ancien salarié de Suez RV Osis Indisutrial Cleaning qui a dénoncé les bavures, qui remonteraient «au moins à cet hiver». Alors qu’il était censé transporter l’acide servant à décaper de l’acier transformé, jusqu’à un centre de recyclage basé à Malancourt-la-Montagne, il aurait été forcé «de déverser quotidiennement, durant trois mois, 24 m3 d’acide sur le crassier [tas de déchets sidérurgiques]», peut-on lire.

La suite après cette publicité

Pour pouvoir avoir accès au crassier, situé sur le site d’ArcelorMittal, il remettait des enveloppes remises par son directeur aux responsables en charge des bons de livraisons. «Les bons de livraison de ce que je devais transporter devaient indiquer ‘acide usagé classe 4 pu 5’. Au lieu de ça, eux marquaient ‘boues de fer’», se souvient-il, avant de poursuivre : «L’enveloppe, c’était des pépettes. Pour que [le sous-traitant] ne paye pas le traitement. Il valait mieux jeter tout au crassier que payer au mètre cube ou à la tonne à Malancourt».

La suite après cette publicité

Traînées blanches, liquides orangés et autres mousses jaunes

Ces déversements de substances hautement toxiques auraient déjà fait une victime. Un habitant de Florange a en effet affirmé que son chien serait mort trois semaines après avoir bu du liquide stagnant au pied du crassier. «Sur place, nous avons effectivement constaté des traînées blanches sur le versant du crassier. Mais aussi des liquides orangés stagnants et autres mousses jaunes», écrit le journal. 

Les accusations contre ArcelorMittal ne semble pas s’arrêter à cet épisode. Dans son édition de vendredi , «Le Républicain Lorrain» révèle qu’un autre sous-traitant -Malézieux- aurait profité de la clémence du groupe sidérurgique pour déverser les contenants des bassins d’orage, qui servent à récupérer les eaux polluées sur les routes. «On aspirait des bassins d’orage [sur le site d’ArcelorMittal], on pompait de la boue mélangée à de l’huile et des produits acide. On voyait les auréoles d’huile. Des produits qui devaient être traités chez Cédilor, à Malancourt-la-Montagne. Le personnel d’Arcelor, avec Veolia, faisait passer ça sous un autre nom. On allait tout déverser au crassier», explique un ancien salarié. S’il affirme que cette déviance se serait déroulée entre quatre mois et deux ans en arrière, il estime que ce système frauduleux est en place depuis «plusieurs années» et pourrait inclure d’autres sous-traitants.

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité

"C’est une affaire extrêmement grave" 

Contacté par «Le Républicain Lorrain», celui qui se présente comme le directeur de Suez RV Osis Indisutrial Cleaning nie toute accusation : «Je ne suis absolument pas au courant de cette affaire. Dès qu’on dépote quelque chose, on a l’autorisation d’Arcelor pour le dépoter. C’est qu’Arcelor juge que le produit en question peut aller sur le crassier. Je n’ai pas de déclaration à faire». La direction d’ArcelorMittal a quant à elle ouvert une enquête pour prendre des mesures afin de sanctionner les responsables. «Si les faits étaient avérés, il est évident que ce serait extrêmement grave et contraire à toutes les règles en matière de gestion des résidus de production. Ce serait un grave manquement à nos valeurs et à notre code éthique», explique-t-elle.

A lire : Rémy Dick, 22 ans, maire "sans filtre"

Contacté par «Paris Match», le maire de Florange Rémy Dick s’est dit «choqué» quant aux faits révélés par le quotidien lorrain. «C’est une affaire extrêmement grave. A mon sens, c’est un scandale sanitaire sans précédent dans notre département. Si les faits sont avérés, les personnes fautives seront traduites devant la justice», a-t-il dit. Le jeune maire de 23 ans a également précisé qu’un comité était chargé de suivre les activités d’Arcelor. «Rien ne présageait à ces révélations», a-t-il ajouté. Pourtant, dans un courrier daté de septembre 2016, l’ancien salarié de Malézieux avait alerté la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dréal) pour lui prévenir de ces déversements illicites. Celle-ci avait investigué, sans réussir à trouver les failles.

La communauté d’agglomération du Val de Fensch a fait savoir qu’elle avait saisi la Dréal. Lionel Burriello, secrétaire général de la CGT d’ArcelorMittal, a demandé la convocation d’un comité d’entreprise extraordinaire «afin de nous apporter de manière exhaustive les explications utiles et nécessaires à ce sujet qui, si les faits sont avérés, s'apparenterait à un véritable scandale environnemental pour un groupe comme AM se disant éco-responsable».

Contenus sponsorisés

Publicité