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Eric Dupond-Moretti : « Etre en pension chez les curés m’a appris la rébellion »

La Matinale du « Monde » a rencontré l’avocat pénaliste, célèbre pour le nombre record d’acquittements qu’il a obtenus aux assises. Il vient de publier « Directs du droit », un réquisitoire contre les dysfonctionnements de l’institution judiciaire.

Propos recueillis par 

Publié le 02 juillet 2017 à 06h51, modifié le 01 janvier 2018 à 10h23

Temps de Lecture 13 min.

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Eric Dupond-Moretti au tribunal de Bobigny, le 29 janvier 2015.

Je ne serais pas arrivé là si…

C’est une question qui me taraude depuis peu. Comme Monsieur Jourdain fait de la prose, j’étais avocat sans savoir pour quelle raison j’avais choisi ce métier. Je rentre dans une période de ma vie qui est un peu particulière, parce qu’il y en a moins à faire que ce qui a déjà été fait. Il y a une époque où l’on fixe seulement la route devant soi, il y en a une autre où on est obligé de regarder dans le rétroviseur pour faire les bons choix. Il paraît que ça s’appelle la crise du middle age…

Le bon choix, ce fut celui de vous séparer de votre épouse il y a quatre ans, de venir à Paris et d’y vivre aujourd’hui avec votre nouvelle compagne, la chanteuse Isabelle Boulay ?

Bien sûr. Le changement majeur, c’est dans ma vie privée qu’il vient de se produire. Ce n’était pas prévu. On s’ancre soi-même dans des habitudes qui sont parfois plus confortables, même si elles ne correspondent plus à nos aspirations. Il faut avoir le déclic. Cela peut-être une rencontre ou une prise de conscience. Je suis en train de lire le bouquin d’un psychiatre qui explique que, durant une grande partie de sa vie, on ne fait qu’obéir – à ses parents, à l’instituteur, au professeur, aux codes sociologiques qui sont les nôtres. Et qu’à un moment, on a envie de se réaliser complètement.

Pour moi, c’est maintenant. Il faut parfois du courage. Il m’en a fallu pour quitter Lille et venir à Paris, où j’ai ouvert mon cabinet en janvier 2016. J’ai fait toute ma carrière à Lille, cela a été ma vie. Cela ne l’est plus. Je n’en ai pas la nostalgie, absolument pas. Mais c’est un bouleversement.

Vous n’aviez jamais vécu à Paris auparavant ?

J’y étais très souvent pour mon boulot. J’ai passé la moitié de ma vie à l’hôtel. Voilà, par exemple, quelque chose que je ne veux plus faire. Le prix de la solitude y est trop élevé : vous n’êtes pas chez vous, vous changez de chambre tous les deux jours, votre voiture vous sert de garde-robe, de dressing… C’est difficile. Sans parler de l’incidence sur la vie familiale. Je ne regrette rien : si je n’avais pas pu faire ce métier, cela aurait été pire. Mais je pense que maintenant, je vais être plus drastique dans mes choix professionnels.

Donc, vous ne seriez pas arrivé là si…

Si je n’avais pas eu l’idée, très tôt, de faire des études. Je ne voulais pas être ouvrier comme l’était toute ma famille. Côté maternel, ils étaient tous venus d’Italie, montés dans le nord de la France pour y trouver du travail. Dans les mines pour certains, pour les autres en usine – en l’occurrence à Jeumont, une ville frontalière avec la Belgique où l’on embauchait à tour de bras. Ma mère est arrivée à l’âge de 19 ans, et le surlendemain elle travaillait dans une faïencerie. Elle est ensuite devenue femme de ménage dans une grande usine de verre située à Boussois, une commune voisine.

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