Hélène Carrère d’Encausse : "Simone Veil, c’était la civilisation, le pardon et la générosité"
Le secrétaire perpétuel de l’Académie française Hélène Carrère d’Encausse se souvient de Simone Veil, dont elle était proche.
Elles étaient très proches. Hélène Carrère d’Encausse s’est rendue samedi après-midi à la veillée funéraire de Simone Veil, à son domicile de la place Vauban, à Paris. Pour le JDD, l’historienne, secrétaire perpétuel de l’Académie française, rend hommage à la mémoire d’une femme "qui porte en elle l’espoir du monde civilisé". "J’ai appris sa disparition avec beaucoup de peine. En dehors de l’Académie française, nous étions très amies. Européennes toutes les deux, nous avions les mêmes passions. Quand je suis entrée au Parlement européen et qu’elle était ministre des Affaires sociales, elle m’a donné beaucoup de conseils, elle m’a guidée. Nous avions un lien profond. Pour moi, c’est la perte d’une image pour le pays, mais c’est aussi la perte d’une très belle amitié. Si la mémoire collective retient sa loi sur l’IVG, c’est à mes yeux l’Europe qui est au coeur de son engagement. [...] Après avoir connu la barbarie, elle avait le sentiment d’avoir à reconstruire une civilisation détruite. Je sais qu’elle y a pensé dès sa sortie d’Auschwitz, peut-être même quand elle y était. Aussi jeune fût-elle, elle s’est dit que si elle survivait elle reconstruirait ce monde. Un monde où les hommes seraient des hommes pour les autres et pas des loups. Elle s’y est dévouée toute sa vie. Pour elle, l’Europe, c’était montrer qu’il n’y a pas d’ennemis. Simone Veil, c’était la civilisation, le pardon et la générosité."
"Je garde à jamais le souvenir de Simone, lumineuse"
Une femme de transmission aussi. "Elle avait cette idée que nous étions tous reliés par une même chaîne. C’était une mère de famille et une femme qui avait un sens profond de la continuité entre les générations, d’autant plus que celle qui l’a précédée a été détruite. En réalité, c’était son esprit qu’elle transmettait. Celui de toujours se relever. Simone Veil n’aimait pas le statut de victime. Elle considérait que malgré les coups on a le devoir de se redresser. C’est une de ses plus grandes leçons. D’aussi loin que je me souvienne, je ne crois pas qu’elle ait un jour ressenti le besoin de porter quoi que ce soit en étendard. Le message, c’était elle. Et elle le transmettait d’autant plus facilement qu’il suffisait de la voir et de l’écouter pour le comprendre. L’élection de Simone Veil à l’Académie française, je l’ai vécue avec passion. C’était un moment magnifique, un vrai bonheur, quelque chose qui allait de soi. Tout le monde était heureux, elle aussi. Nous étions tous baignés par ce sentiment d’être identiques dans notre quête d’un monde civilisé. Elle est partie maintenant mais l’Académie a cette particularité de n’avoir que des immortels. Tous ceux qui sont venus parmi nous restent vivants. Je garde à jamais le souvenir de Simone, lumineuse, assise dans son fauteuil numéro 13, levant la main pour intervenir. L’image de quelqu’un qui n’est pas parti et qui ne partira jamais."
par Axel Roux
Guerre Israël-Hamas : Valérie Pécresse retire le prix Simone-Veil à Zineb El Rhazoui
À la suite d’un message publié sur X (ex-Twitter) par l’ancienne journaliste de « Charlie Hebdo », Zineb El Rhazoui, sur « l’extermination des Palestiniens » par « les sionistes », Valérie Pécresse a décidé de lui retirer le prix Simone-Veil.
Simone Veil, nouvelle Marianne? "Il faut retrouver des symboles qui nous unissent"
La sénatrice Agir Fabienne Keller explique au JDD sa proposition, transmise mardi à Emmanuel Macron, de donner le visage de Simone Veil à Marianne.
Grâce à Simone Veil, le Panthéon a vu bondir sa fréquentation en 2018
INDISCRET - Le Panthéon a vu sa fréquentation augmenter, passant de 716.000 visiteurs en 2017 à 860.000 en 2018, année de la panthéonisation de Simone Veil.
Simone Veil : "Son combat pour l'IVG n'est pas terminé"
La coprésidente du Planning familial Véronique Séhier plaide pour la continuité du combat afin que l'IVG soit réellement accessible à toutes les femmes.
Comment le Panthéon est devenu un temple républicain
Aujourd’hui inébranlable nécropole des grands hommes (et, depuis peu, des grandes femmes) de la nation, le Panthéon a été une église. Entre-temps, il a traversé bien des épisodes tumultueux.