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Hélène Carrère d’Encausse : "Simone Veil, c’était la civilisation, le pardon et la générosité"

Le secrétaire perpétuel de l’Académie française Hélène Carrère d’Encausse se souvient de Simone Veil, dont elle était proche.

Rédaction JDD
Hélène Carrère d’Encausse était proche de Simone Veil.
Hélène Carrère d’Encausse était proche de Simone Veil. © Eric Dessons/JDD

Elles étaient très proches. Hélène Carrère d’Encausse s’est rendue samedi après-midi à la veillée funéraire de Simone Veil, à son domicile de la place Vauban, à Paris. Pour le JDD, l’historienne, secrétaire perpétuel de l’Académie française, rend hommage à la mémoire d’une femme "qui porte en elle l’espoir du monde civilisé". "J’ai appris sa disparition avec beaucoup de peine. En dehors de l’Académie française, nous étions très amies. Européennes toutes les deux, nous avions les mêmes passions. Quand je suis entrée au Parlement européen et qu’elle était ministre des Affaires sociales, elle m’a donné beaucoup de conseils, elle m’a guidée. Nous avions un lien profond. Pour moi, c’est la perte d’une image pour le pays, mais c’est aussi la perte d’une très belle amitié. Si la mémoire collective retient sa loi sur l’IVG, c’est à mes yeux l’Europe qui est au coeur de son engagement. [...] Après avoir connu la barbarie, elle avait le sentiment d’avoir à reconstruire une civilisation détruite. Je sais qu’elle y a pensé dès sa sortie d’Auschwitz, peut-être même quand elle y était. Aussi jeune fût-elle, elle s’est dit que si elle survivait elle reconstruirait ce monde. Un monde où les hommes seraient des hommes pour les autres et pas des loups. Elle s’y est dévouée toute sa vie. Pour elle, l’Europe, c’était montrer qu’il n’y a pas d’ennemis. Simone Veil, c’était la civilisation, le pardon et la générosité."

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"Je garde à jamais le souvenir de Simone, lumineuse"

Une femme de transmission aussi. "Elle avait cette idée que nous étions tous reliés par une même chaîne. C’était une mère de famille et une femme qui avait un sens profond de la continuité entre les générations, d’autant plus que celle qui l’a précédée a été détruite. En réalité, c’était son esprit qu’elle transmettait. Celui de toujours se relever. Simone Veil n’aimait pas le statut de victime. Elle considérait que malgré les coups on a le devoir de se redresser. C’est une de ses plus grandes leçons. D’aussi loin que je me souvienne, je ne crois pas qu’elle ait un jour ressenti le besoin de porter quoi que ce soit en étendard. Le message, c’était elle. Et elle le transmettait d’autant plus facilement qu’il suffisait de la voir et de l’écouter pour le comprendre. L’élection de Simone Veil à l’Académie française, je l’ai vécue avec passion. C’était un moment magnifique, un vrai bonheur, quelque chose qui allait de soi. Tout le monde était heureux, elle aussi. Nous étions tous baignés par ce sentiment d’être identiques dans notre quête d’un monde civilisé. Elle est partie maintenant mais l’Académie a cette particularité de n’avoir que des immortels. Tous ceux qui sont venus parmi nous restent vivants. Je garde à jamais le souvenir de Simone, lumineuse, assise dans son fauteuil numéro 13, levant la main pour intervenir. L’image de quelqu’un qui n’est pas parti et qui ne partira jamais."

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par Axel Roux

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