TRANSPARENCEContre le «tous pourris», les vrais chiffres des condamnations des députés

Contre le «tous pourris», le site Deputy Watch propose les vrais chiffres du passé judiciaire des députés

TRANSPARENCECet outil est consultable en ligne par tous les citoyens...
Des députés lors d'une séance parlementaire, le 1er février 2017.
Des députés lors d'une séance parlementaire, le 1er février 2017. - NICOLAS MESSYASZ/SIPA
Lucie Bras

Lucie Bras

Vous vous êtes toujours demandé quel était le passé judiciaire des députés sans jamais oser le demander ? Le site Deputy Watch l’a fait pour vous : cette plateforme recense toutes les condamnations des élus de l’Assemblée nationale. Au nom de la transparence, vous allez (enfin ?) tout savoir sur votre député.

Excès de vitesse ou abus de pouvoir ? Jusqu’à maintenant, des sites Internet révélaient le taux de présence de votre député sur les bancs de l’Assemblée. Deputy Watch se propose d’aller plus loin : le site recense toutes les données liées à d’éventuels délits parues dans la presse, et fournit ainsi un « casier judiciaire » informel pour chaque parlementaire, consultable à l’envi.



« On voulait créer un outil pratique que les gens peuvent utiliser. C’est un outil de datajournalisme [journalisme de données], qui a un intérêt direct pour les citoyens », explique Alexandre Brutelle, à l’origine du site. Recenser les contraventions et délits des politiques, personne n’avait osé jusque-là, et pour cause : chaque citoyen a le droit à l’oubli. Après avoir purgé une peine, le justiciable a la possibilité de faire un retour discret à la vie civile.

Un symptôme du « tous pourris »

Un privilège dont ne doivent pas bénéficier les députés, explique Alexandre Brutelle. « Les élus ne sont pas des citoyens normaux. Des critères d’exemplarité leur sont demandés », rappelle-t-il. Cette plateforme quelque peu militante compte bien rattraper le retard de la France en matière de transparence : « Il faut se remettre à niveau par rapport au reste de l’Europe. En Europe de l’Est, en Ukraine, la transparence des élus et l’ouverture des données sont des pratiques courantes. »

Ce mouvement mondial de transparence en politique irait-il trop loin ? « Si un cap a été franchi, il a déjà été franchi avant. Comme pour le dopage avec les sportifs, en politique, il faut être plus pur que pur. Ce site n’est qu’un outil technique pour étudier des caractéristiques qui deviennent des sujets médiatiques, une évaluation de la performance des députés », explique Arnaud Mercier, maître de conférences à Paris 2 et auteur de l’ouvrage La communication politique.

Affaire Fillon, affaire Ferrand… Ces sujets sont abondamment traités sur les sites et journaux d’information. Un écho médiatique fort, qui renforce les doutes des électeurs. « Ça en dit beaucoup sur le niveau de défiance accumulé contre les professionnels de la politique, la perception d’une majorité de français que les politiques n’ont pas fait ce qu’il fallait en termes d’éthique. Il y a le soupçon qu’ils pourraient être "tous pourris". Alors il faut le vérifier et c’est ce que propose ce site. »

Pourris ou pas nos députés ? A vous de voir. Selon les données récoltées par Deputy Watch, 18,45 % des députés de l’Assemblée nationale de la période pré-Macron ont eu affaire à la justice. Quant aux nouveaux élus, leur passé judiciaire va être décortiqué par le site dans les prochaines semaines.

Sujets liés