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BURUNDI

Au Burundi, la violence des Imbonarekure au service de la toute-puissance du régime

Dans un rapport rendu public mardi, la Fédération internationale des droits de l’Homme dénonce au Burundi la montée en puissance des milices Imbonerakure, au service de la dérive totalitaire du président Nkurunziza.

Le président Pierre Nkurunziza le 29 juin 2017.
Le président Pierre Nkurunziza le 29 juin 2017. STR, AFP
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En avril 2015, les médias du monde entier s’indignaient que le président Pierre Nkurunziza décide de briguer un troisième mandat bien que la constitution burundaise le lui interdise. Deux ans plus tard, il règne toujours sans partage sur le Burundi.

Dans un rapport publié mardi 4 juillet, la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) dresse le portrait d’un État façonné par un parti unique et son chef, Pierre Nkurunziza, qui jouit d’un culte de la personnalité. Au service de ce régime, les milices Imbonerakure répriment toute forme d’opposition et assurent au président une emprise totale sur la population.

Désignant à l’origine la ligue des jeunes militants du parti au pouvoir, le CNDD-FNDD,
les Imbonerakure sont constitués majoritairement de jeunes hommes hutus, bien souvent sans emploi. Ces milices sont régulièrement accusées de meurtres, enlèvements, actes de torture, détentions arbitraires ou encore violences sexuelles sur des membres supposés de l’opposition, détaille le rapport de l’organisation.

"Le rôle des Imbonerakure va croissant à mesure que le régime se radicalise"

Lorsque Pierre Nkurunziza, candidat du CNDD-FNDD, entame en 2005 son premier mandat présidentiel, les milices Imbonerakure se mettent au service de l’appareil sécuritaire de l’État. "À partir de ce moment, […] le rôle des Imbonerakure en tant que nervis du régime va croissant à mesure qu’il se radicalise", rappelle Florent Geel, responsable du bureau Afrique de la FIDH.

>> À voir, la vidéo : Les Imbonerakure au Burundi, militants ou miliciens ?

Mais depuis la vague de protestation née en avril 2015 lors de l’annonce de la candidature de Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, leur rôle s’est accru, allant jusqu’à se confondre avec celui de la police ou de l’armée. "[Les Imbonerakure] ont constitué depuis deux ans l’un des principaux outils répressifs du régime, aux côtés d’autres corps des services de défense et de sécurité", souligne la FIDH.

Pour illustrer la radicalisation de ces milices, l'ONG rapporte un épisode survenu le 1er avril dans la commune de Ntega. Des miliciens ont été filmés en train de chanter un slogan appelant au viol des opposantes "pour qu’elles enfantent des Imbonerakure".

Bien que le CNDD-FNDD ait condamné "un écart de langage", l’organisation relève des éléments qui laissent croire "que ce rassemblement était planifié et organisé et que ces Imbonerakure sont encadrés, éventuellement par des éléments issus de l’armée". Tous les miliciens portent le même maillot, marquent du pied la cadence et frappent dans leur main pendant que d’autres donnent le rythme à l’aide de sifflet. Difficile de croire qu’il puisse s’agir d’une chanson improvisée.

"Le pouvoir en place a besoin de faire croire qu’il respecte les accords d’Arusha"

La montée en puissance des Imbonerakure répond également à l’idéologie pro-hutue du régime burundais. Une loi votée en décembre 2016 reconnaît que l’armée, en cas de menace majeure, peut être assistée de groupes armés. Sans les nommer, le texte permet donc aux Imbonerakure de s’associer aux soldats de l’armée burundaise.

>> À lire : "Craintes de guerre civile au Burundi : "Le conflit n’est pas ethnique mais politique""

Or, les accords d’Arusha, signés en août 2000 en Tanzanie pour mettre fin à la guerre civile burundaise, prévoient une juste répartition des postes entre hutus et tutsis dans l’armée et la police. "Le pouvoir ne peut pas enrôler de façon massive des Imbonerakure pour les intégrer dans la police ou dans l’armée parce que cela entraînerait un déséquilibre ethnique. Il a besoin de faire croire qu’il respecte les accords d’Arusha", explique le spécialiste de l’Afrique.

"La poursuite d’un tel conditionnement idéologique, aux accents parfois ethniques, couplé à la militarisation accrue de la milice, pourrait avoir des conséquences dramatiques dans les mois et années à venir", prévient la FIDH.
 

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