Le maire de Lorette (Loire) semble décidé à donner une deuxième saison à la polémique sur le burkini, qui avait agité une bonne partie de l’été 2016. Dans cette commune ouvrière de 4 700 habitants, l’édile impose ses opinions à tout bout de champ. Son obsession ? Ses administrés de confession musulmane.
L’été dernier, sur les panneaux lumineux de la ville, Gérard Tardy, 79 ans, dont vingt-huit à régner sur la ville, avait fait inscrire deux messages : « Le ramadan doit se vivre sans bruit » et « La République se vit à visage découvert ». Dans la foulée, il avait tenté d’interdire l’accès à la kermesse de fin d’année de l’école maternelle publique aux mères voilées (les parents d’élèves s’y sont opposés).
En 2017, le maire, qui n’a pas souhaité répondre à nos questions, a franchi une nouvelle étape : à l’entrée du bassin naturel communal des Blondières, un espace de baignade municipal inauguré le 23 juin, il a fait placarder un pictogramme représentant le visage d’une femme portant le voile, barré d’un trait rouge. L’article 4 de l’arrêté établissant le règlement intérieur stipule que, dans l’eau, seuls sont autorisés « slip ou boxer pour les hommes, une pièce ou 2 pièces pour les femmes (…). Sur la plage sont interdits monokini, burkini, voile dissimulant partiellement ou totalement le visage, combinaison ». Tout contrevenant(e) s’expose à une « expulsion immédiate (…) par le personnel de surveillance, de sécurité, ou au besoin par la force publique ».
Supprimer la « fragilité juridique »
Les réactions scandalisées n’ont pas tardé, largement relayées sur les réseaux sociaux. Quatre associations antiracistes – la Maison des potes, la Ligue des droits de l’homme (LDH), le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) et l’Association d’aide aux démarches administratives, sociales et de lutte contre les discriminations (ADASLCD) – ont saisi le tribunal administratif de Lyon.
Face au tollé et à la veille de l’audience de référé-liberté, prévue lundi 3 juillet, Gérard Tardy a fait savoir qu’il allait retirer cette interdiction, prise sans aucun vote… pour mieux la faire adopter lors du prochain conseil municipal, qui pourrait se tenir le 12 juillet, sans en modifier la teneur.
Au journal Le Progrès, il a déclaré vouloir supprimer la « fragilité juridique » de son arrêté : « Il faut que ce soit le conseil municipal qui délibère sur le règlement intérieur de ce site. » Le préfet de la Loire, Evence Richard, a en effet écrit au maire vendredi pour lui demander de « préciser les fondements juridiques de certaines interdictions ». L’édile, lui, souhaite « que le législateur prenne à bras-le-corps la réécriture de l’article 1 de la loi de 2010 sur le port du voile dans l’espace public ».
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