Que dit le rapport de l’Association des médecins américains ?

La mortalité infantile, calculée en faisant le rapport entre le nombre d’enfant morts avant l’âge d’un an et le nombre total d’enfants nés vivants, a baissé de 15 % aux États-Unis au cours de la dernière décennie. Mais les disparités entre les enfants noirs et les enfants blancs sont énormes. Selon l’équipe de chercheurs à l’origine du rapport, la mortalité infantile est deux fois plus importante pour un enfant né dans une famille afro-américaine que pour un enfant né dans une famille blanche. Malformations congénitales, grosses prématurées, complications maternelles, chez les femmes noires, tous ces facteurs à risque sont démultipliés.

Pour expliquer ce phénomène, les pédiatres mettent en avant le problème d’accès aux soins pour les mères noires, combiné à d’autres facteurs comme l’explique Magali Barbieri, chargée de recherche à l’Institut national d’Études démographiques (Ined) : « Le pourcentage de femmes seules est plus important chez les femmes noires, dont le niveau de revenu et d’éducation est souvent plus faible. Allié aux structures de santé où le congé de maternité n’existe pas et où les femmes à faible revenu son souvent obligées de travailler jusqu’au terme et dans des conditions plus stressantes, tout cela favorise la mortalité infantile ».

Si le niveau d’éducation est aussi à prendre en compte, il n’explique pas tout : « A diplôme universitaire équivalent, on a remarqué que la mortalité infantile reste supérieure de 40 % chez les enfants noirs. On pense que cela est dû aux conditions de vie pendant l’enfance des femmes, victimes de tellement de discriminations que cela se répercute sur leur niveau de stress, et donc sur leur grossesse » ajoute Magali Barbieri.

La mortalité infantile aux États-Unis est-elle comparable à celle des autres pays ?

Selon le Centre national de statistiques sur la santé (NCHS), la mortalité infantile aux États-Unis est beaucoup plus élevée que dans les autres pays les plus développés : un écart qui n’a cessé de s’amplifier depuis les années 1980. En 2005, les États-Unis se classaient 29e sur 30 dans une étude du Centre National, devant la Slovaquie. Parmi les facteurs d’explication, le NCHS met en avant le fort taux de naissances prématurées du pays : les États-Unis se classent derniers sur une liste de 21 pays, tous les autres étant européens.

Les élus au Congrès envisagent de baisser le niveau de couverture sociale aux États-Unis. Quelles seront les conséquences sur la mortalité infantile ?

Elles s’annoncent importantes. Parmi les réformes du système de santé voulues par la nouvelle administration américaine figure la fin des financements au planning familial. Or, comme l’explique Magali Barbieri, « aux États-Unis c’est le planning familial qui prend en charge les grossesses des femmes démunies, donc des femmes noires en majorité, et qui s’occupe de la prévention des risques ». Sa disparition risquerait d’aggraver encore la mortalité infantile chez les enfants noirs.

Autre point d’accroche pour les nouveaux élus, « Medicaid », l’un des deux systèmes de santé mis en place sous l’air Obama. Or une étude de la fondation Kaiser Family (KFF) démontre que dans la plupart des États américains, Medicaid prend en charge entre 40 et 50 % des naissances. Sans cette aide, les grossesses à risque et les naissances prématurées risquent là aussi d’augmenter.