Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Simone Veil reposera avec son époux au Panthéon

Aux obsèques de la femme politique et rescapée de la Shoah, le chef de l’Etat Emmanuel Macron a conclu son éloge funèbre sur cette décision.

Par  et

Publié le 05 juillet 2017 à 11h40, modifié le 10 juillet 2017 à 17h51

Temps de Lecture 4 min.

Le président Emmanuel Macron, lors de son éloge funèbre à Simone Veil, à Paris, le 5 juillet 2017.

Applaudissements longs et nourris dans la cour d’honneur des Invalides, mercredi 5 juillet à Paris. Emmanuel Macron vient d’annoncer, en conclusion de son éloge funèbre, que Simone Veil reposerait au Panthéon « avec son époux ». Une décision prise, « en accord avec sa famille », afin de témoigner de « l’immense remerciement du peuple français à l’un de ses enfants tant aimés, dont l’exemple, lui, ne nous quittera jamais », a déclaré le chef de l’Etat, lors de l’hommage national rendu à cette grande figure de la vie politique française et rescapée de la Shoah, morte vendredi à l’âge de 89 ans.

Simone Veil sera la cinquième femme à reposer au Panthéon, ce temple républicain qui proclame sur son fronton : « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante ». Quant à Antoine Veil, il sera admis avec elle en sa qualité d’époux.

L’hommage national a commencé en milieu de matinée, devant un parterre d’invités. Etaient notamment présents les anciens présidents François Hollande et Nicolas Sarkozy ; Bernadette Chirac, qui représentait son époux et ex-président Jacques Chirac, et Anne Hidalgo, la maire de Paris. En face, des dizaines de gens sont rassemblés, la famille ayant souhaité une cérémonie ouverte au public.

Courage, volonté, sagesse, engagement

Réuni sous une galerie en plein soleil, le public fait face aux officiels. Quelques-uns sont venus avec des enfants en poussette. Avant le début de la cérémonie, Yaelle Arsa, 48 ans, enseignante explique sa présence : « Pour moi, Simone Veil représente l’intégrité, le courage et une réelle force. C’est toute une vie consacrée à des combats. D’abord survivre, puis aider l’Europe à survivre et au milieu, porter la loi sur l’IVG. Et elle a tenu bon face aux critiques. Enfin, c’est une femme très belle. »

Anne Gillet, 40 ans, qui vient des Yvelines, met en avant l’action de l’ancienne présidente du Parlement européen : « Je suis là parce que Simone Veil compte à mes yeux. Je suis franco-allemande, pour ce qu’elle représente pour la réconciliation, le pardon. »

La vie et les combats de Simone Veil rencontrent un écho, même auprès des plus jeunes. Morgane Jean, 17 ans, lycéenne du 16e arrondissement affirme : « Je suis là parce qu’on en a beaucoup parlé à la maison : son combat, son histoire, la vie qu’elle a menée. C’est un ensemble de choses qui font qu’elle est admirable. » Pour Esteban Lacherade, lycéen, 17 ans, de Limoges, Simone Veil « représente le droit des femmes, le courage, la volonté. Ce qui me marque le plus, c’est son combat pour la légalisation de l’IVG. »

De son côté, James Harsch, Parisien de 75 ans, ajoute : « Elle représente le courage, la volonté, la sagesse, l’engagement et bien d’autres choses. Dans sa vie, la déportation, la loi de légalisation de l’IVG et l’Europe, tout est lié. »

De gauche à droite et de haut en bas : Yaelle Arsa, Morgane Jean, Esteban Lacherade, James Harsch et Anne Gillet, lors de l’hommage national à Simone Veil.

« Une ultime victoire sur les camps de la mort »

Dans un silence de recueillement absolu, Emmanuel Macron est arrivé en milieu de matinée au côté de son épouse, au son de la Marseillaise. Le président a passé les troupes en revue, avant que ne soit déposé au centre de la cour par la Garde républicaine le cercueil de Simone Veil, recouvert du drapeau tricolore, au son de la Marche funèbre.

Les deux fils de Simone Veil ont ensuite commencé les hommages. Le premier, Jean Veil, avocat, a ouvert son discours par les mots « Maman, maman », le terminant par un « Je t’aime maman. » S’adressant directement à elle, il a souligné sa « détermination [qui] constitu [ait] la trame de l’armure qui [lui avait] permis de survivre à l’enfer ». Avant d’évoquer la mémoire de la Shoah, transmise par sa mère, ancienne déportée. « Des camps, tu avais gardé l’horreur de la promiscuité et de toute familiarité. […] Tu as gardé une bienveillante énergie qu’ont, en toutes circonstances, celles et ceux qui survivent. »

En écho à son frère, Pierre-François Veil, également avocat, a commencé son discours par un poignant « Maman ». Il s’est souvenu des « combats » de leur mère et d’abord de celui pour la « réconciliation, pour une Europe de paix, de solidarité et de progrès partagé ». « Tu es devenue la mère de tant de Françaises et de Français », a-t-il continué, en s’adressant lui aussi directement à sa mère, avant de souligner que « cet hommage est [s] on ultime victoire sur les camps de la mort ». Puis, il a conclu son discours par le « dernier mot » de sa mère, « prononcé faiblement mais si distinctement, avant de retrouver papa pour toujours : merci ».

Lire aussi Article réservé à nos abonnés Simone Veil, la parole libre d’une femme dans un monde d’hommes

Une vie de « combats »

Le président, Emmanuel Macron, a ensuite prononcé l’éloge funèbre. « Lorsqu’une vie se consacre à la justice, et singulièrement à la justice pour les plus faibles, lorsque cette vie choisit de se construire sous l’égide de la République, c’est la France qui est grandie », a-t-il souligné. Il a ensuite rappelé ses combats : pour le rêve européen « de paix et de liberté », pour les droits des femmes – dont « sa bataille pour que cessent les conditions sordides et meurtrières des avortements –, pour la ratification de la déclaration universelle des droits de l’homme, pour la protection sociale, contre le racisme et l’antisémitisme.

Newsletter
« Politique »
Chaque semaine, « Le Monde » analyse pour vous les enjeux de l’actualité politique
S’inscrire

« Mais d’où lui venait cette force ? », s’est interrogé le chef de l’Etat. « Je crois pour ma part que le secret s’en trouve dans son expérience si précoce et radicale de l’arbitraire du mal. Elle en tira une seule leçon : la souffrance ne donne qu’un droit, celui de défendre le droit de l’autre », a-t-il ajouté, rappelant l’expérience de Mme Veil dans les camps de la mort. Simone Veil avait été déportée à Auschwitz, à 16 ans, pour son appartenance au peuple hébraïque.

A la fin de l’éloge funèbre, ponctué par une nouvelle Marseillaise, le cercueil de Simone Veil a quitté la cour d’honneur des Invalides, accompagné du Chant des marais, le chant des déportés.

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Voir les contributions

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.