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Dette étudiante, la bulle qui gonfle au Royaume-Uni

Frais d'inscription en hausse, taux d'intérêt démentiels… Plus de 75% des jeunes britanniques pourraient ne pas réussir à rembourser leurs prêts étudiants. La bulle dépasse désormais les 100 milliards de livres.

Par Raphaël Bloch

Publié le 5 juil. 2017 à 16:15

C'est une bombe à retardement. Plus de trois quarts (77%) des jeunes britanniques pourraient ne pas rembourser leurs prêts étudiants, selon l'Institute for Fiscal Studies (IFS), qui publie ce mercredi un rapport sur le sujet. La raison de ces difficultés ? Les futurs travailleurs sont confrontés à des frais d'inscription universitaires en hausse et des taux d'intérêt exponentiels.

La situation s'est progressivement dégradée depuis 2012 avec la réforme du système de bourse britannique, mise en place par le gouvernement de David Cameron. A l'époque, pour réduire les dépenses publiques et le déficit, le premier ministre conservateur a remplacé les bourses par des prêts contractés directement par les étudiants. Et autorisé les universités à augmenter leurs frais de scolarité de… 25%. Aucun gouvernement n'est revenu dessus depuis.

Jusqu'à 40.000 livres d'intérêt sur 30 ans

En plus du coût de l'emprunt, les étudiants ont dû gérer des hausses régulières des taux d'intérêt. En moyenne, les étudiants britanniques empruntent aujourd'hui au taux de 6,1%, selon l'IFS, ce qui a mécaniquement augmenté le niveau de leur endettement et réduit leur solvabilité à moyen et long terme. Les taux de prêts étudiants sont supérieurs de 3 points à l'inflation, qui est actuellement aux alentours de 3%.

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Concrètement, un étudiant britannique doit payer en moyenne, hors capital, 5.800 livres (6614 euros) d'intérêt sur la durée de son prêt. Pour les étudiants les plus endettés, la seule charge des intérêts peut même s'élever jusqu'à 40.000 livres (45612 euros) avec des échéances à plus de... 30 ans ! Des niveaux inédits, rappelle l'Institute for Fiscal Studies, qui souligne que les étudiants précaires sont les premiers touchés.

Le gel progressif des bourses et l'augmentation des frais de scolarité ont en effet d'abord pénalisé les étudiants les plus modestes, qui démarrent dans la vie active avec des dettes proportionnellement plus importantes. Selon les calculs de l'IFS, à diplôme comparable, les étudiants les plus modestes quittent les bancs de l'université avec une dette avoisinant les 57.000 livres (65.000 euros), contre 43.000 livres en moyenne pour les diplômés considérés comme les plus "favorisés".

Plus de 100 milliards de livres en jeu

Pour ne rien arranger, la masse des prêts étudiants britanniques, devenus une condition nécessaire pour rejoindre une université, a considérablement augmenté. Elle a même dépassé pour la première fois les 100 milliards de livres (114 milliards d'euros) début 2017, soulignant les coûts croissants auxquels sont confrontés les jeunes pour obtenir une formation universitaire.

En seulement 12 mois, la dette des étudiants britanniques est passée de 86,2 milliards de livres (98,3 milliards d'euros) à 100,5 milliards (114,6 milliards d'euros), selon les chiffres publiés par Student Loans Company, qui s'inquiète de la constitution d'une bulle. Qui n'attend qu'une chose : exploser.

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