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Le trafic de drogue à Toulouse : un "commerce" en pleine expansion.

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Lundi soir une fusillade faisait un mort quartier La Reynerie. L'enquête est en cours mais la thèse d'un règlement de compte sur fond de trafic de drogue et de guerre des clans est largement privilégiée. France Bleu Toulouse retrace les circuits de la drogue dans la 4e ville de France.

La Direction départementale de la sécurité publique a interpellé 430 revendeurs ou trafiquants dans l'agglomération toulousaine depuis le 1er janvier.
La Direction départementale de la sécurité publique a interpellé 430 revendeurs ou trafiquants dans l'agglomération toulousaine depuis le 1er janvier. © Radio France - Stéphanie Mora

La drogue à Toulouse c'est d'abord le cannabis

Ici le cannabis est roi, loin devant la cocaïne, même si les saisies de cette dernière à l'aéroport, en provenance de Guyane, se multiplient. Avec une quinzaine de morts en six ans, Toulouse connaît une flambée de violence mais qui n'a rien à voir avec les dizaines d'assassinats déplorés annuellement à Marseille sur fond de grand banditisme. C'est plutôt le fait d**'un "mimétisme"** selon Didier Martinez du syndicat Unité-SGP dans un trafic juteux et tendu. Une économie extrêmement structurée qui répond à une forte demande locale. Le marché de la drogue ne cesse de se développer dans l'agglomération toulousaine parce qu'il y a de plus en plus d'habitants donc de plus en plus de consommateurs. Des jeunes avec le potentiel d'étudiants mais pas seulement. Jean-Michel Lopez, le directeur départemental de la sécurité publique, apporte la preuve en chiffre : 430 interpellations de revendeurs ou de trafiquants depuis janvier, un chiffre multiplié par deux par rapport au premier semestre 2016

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Ce chiffre montre plus une explosion du marché qu'un véritable coup d'arrêt. Plus on saisit, plus c'est le signe que la marchandise passe a-t-on coutume de dire chez les douaniers.

Une dizaine de clans se partageraient le marché de la drogue dans trois quartiers

Trois quartiers concentrent le trafic de stupéfiant à Toulouse : le Mirail, Empalot et les Izards. Selon nos informations , le marché toulousain est tenu par une dizaine de clans tout au plus. Mais entre eux la concurrence est féroce. Un exemple : la montée en puissance des trafics de cannabis aux Izards depuis 10 ans, qui s'étale désormais de Bourbaki jusqu'à Borderouge, ajoute de la tension. Sans compter le classement en zone de sécurité prioritaire (ZSP) ou la rénovation urbaine de ces quartiers qui perturbent les points de vente et donc les zones d'influences. "Les phases où on assiste à des règlements de compte ce sont des clans les uns contre les autres , un quartier contre un autre" explique Didier Martinez , délégué régional du syndicat Unité SGP FO qui précise aussi que : "l'organisation de ce trafic rend le travail de la police très complexe". Jean-Michel Lopez, le patron des policiers nuance : "parfois les règlements de compte se font aussi pour des motifs bien plus futiles que la lutte pour des territoires".

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Des "va et vient" hebdomadaires entre la Reynerie et l'Espagne

Le cannabis arrive du Maroc via l'Espagne. La Reynerie est approvisionnée par des convois hebdomadaires qui prennent le plus souvent la route du Val d'Aran. Quelques kilos à chaque fois, vite disséminés ce qui évite les grosses prises et donc les grosses peines de prison. Les sommes brassées vont de 50 à 100 € par jour pour le simple guetteur (chouffeur) au pied des immeubles, 3000€ pour un vendeur et jusqu'à plusieurs dizaine de milliers d'euros quotidiens pour les têtes de réseau. En revanche à Toulouse, pas de grands parrains, de gros bonnets, ils sont probablement en Espagne ou au Maroc. Les douanes de Midi-Pyrénées ont vu elles aussi leur activité fortement augmenter ces derniers mois, beaucoup de saisies menées par les brigades de Frouzins ou Montauban sur l'autoroute. Cette marchandise ne faisait que passer par Toulouse et était destinée à la région parisienne ou l'Europe du nord.

Le trafic de drogue fait plancher plusieurs chercheurs à Toulouse. Emmanuelle Auriol de la Toulouse School of Economics a même rédigé un ouvrage sur l'économie des trafics de drogue ou du sexe au niveau mondial. Elle rappelle volontiers que "la France est aujourd'hui le premier pays consommateur de cannabis en Europe et le champion de la répression. C'est un fiasco total et à terme cela érode l'autorité de l'état". Comme elle, beaucoup d'intellectuels ou de personnalités politiques appellent d'ailleurs les autorités à faire le constat de l'échec du tout répressif et à légaliser le cannabis pour encadrer la vente et la taxer. La hausse du prix serait dissuasive selon eux. Un point de vue loin d'être partagé dans tous les commissariats...

La fusillade de lundi soir à la Reynerie a fait un mort et sept blessés.

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