MUSIQUE - Sa fameuse "Messe pour le temps présent" vous dit forcément quelque chose. Le compositeur Pierre Henry, l'un des pères de la "musique concrète", un inventeur de bruits et de sons éclectiques voire étranges, est mort jeudi 6 juillet à l'âge de 89 ans, a annoncé son entourage à l'AFP.
"Il est décédé cette nuit. Il allait fêter ses 90 ans le 9 décembre", a annoncé Isabelle Warnier, son assistante et proche de la famille.
Composée dans le cadre d'une collaboration avec le chorégraphe Maurice Béjart en 1967, la "Messe pour le temps présent" est inspirée d'une chanson de Richard Berry de 1956, "Louie Louie". Le jerk électronique "Psyché Rock" co-écrit avec Michel Colombier, extrait de l'album, a connu un réel succès commercial, jusqu'à être repris par la publicité et l'industrie du cinéma. Il a inspiré le générique de la série américaine Futurama et a même été remixé par les musiciens électro Fatboy Slim, Saint Germain et Dimitri from Paris.
Parfois considéré comme le "grand-père de la techno", Pierre Henry préférait se définir, sans modestie, comme le "père de la musique moderne". Son nom reste attaché à la "musique concrète" (bruits ou sons enregistrés) fondée par Pierre Schaeffer (1910-1995), à laquelle se rattachent la plupart de ses œuvres (plus d'une centaine), toutes numérisées et conservées par la Bibliothèque nationale de France, une première pour un compositeur.
Une musique "métaphysique et humaine"
Né le 9 décembre 1927 à Paris, il entre à 9 ans au conservatoire, où il étudie jusqu'en 1947, notamment auprès d'Olivier Messiaen.
Deux ans plus tard, il rencontre l'ingénieur Pierre Schaeffer. Ensemble, ils fondent en 1950, à la Radio-télévision française, le Groupe de recherche de musique concrète (GRMC). Il écrit avec lui la "Symphonie pour un homme seul" (1950), qui utilise la technique du "piano préparé": divers objets sont insérés entre les cordes et la caisse de l'instrument.
Sa musique se voulait "métaphysique et humaine". Peuplée de bruits divers, d'objets du quotidien et de stridulations méconnaissables, elle était une matière sonore propice à l'imagination, du "cinéma en chambre" ou de la "peinture", comme il la décrivait lui-même.
Il avait inspiré de nombreux chorégraphes, comme George Balanchine, Merce Cunningham ou Maguy Marin. Mais sa plus féconde collaboration se nouera avec Maurice Béjart, pour qui il a composé une quinzaine d'œuvres, dont "Messe pour le temps présent", ballet créé en 1967 au Festival d'Avignon.