"Je suis rentré dans la cuisine pour remplir mon seau d'eau à l'évier et cela, comme je le fais depuis deux ans. Une personne du service hôtelier était en train de jeter une assiette dans lequel il y avait un morceau de fromage. Je reconnais l'avoir pris alors qu'il allait partir à la poubelle", témoigne Yannick.
À quelques minutes, mardi matin, d'être reçu au siège de la Direccte (1) par un représentant de l'inspection du travail, ce laveur de vitres chez Onet, société d'ingénierie et de services spécialisée dans la propreté et les services associés, n'arrive toujours pas à digérer son licenciement notifié le 7 juin. Ce militant cégétiste a reçu mardi le soutien de l'Union locale CGT de La Garde et est toulonnais et l'Union départementale CGT.
Le geste "peu apprécié" du client hôtelier
En tombant en ce 11 avril nez à nez avec la directrice de l'établissement hôtelier du golfe de Saint-Tropez, il comprend très vite que son geste a déplu... "Si cela dérange et pose un problème, je peux payer ce bout de fromage, ai-je alors proposé", raconte-t-il. Mais de là à imaginer qu'ils allaient en faire tout un fromage et que son employeur allait mettre son emploi sous cloche...
Le mail adressé par l'hôtelier à l'employeur a en effet été suivi d'une convocation pour un entretien préalable pour faute pouvant aller jusqu'au licenciement. "L'entretien semble bien se passer, notamment à la vue de reproche inexistant à son encontre", explique David Vanetti, responsable de l'Union locale CGT de La Garde.
"La sanction tombe"
Début juin, la sanction tombe : le salarié se voit remettre un courrier l'informant d'un licenciement pour faute grave. "Je n'ai jamais eu d'avertissement en quatorze ans de carrière. J'ai été un bon ouvrier et là, pour un bout de fromage...", confie-t-il dépité. "Une sanction cinglante et injuste", s'est écrié, hier, David Vanetti.
Dans les griefs reprochés au salarié, l'employeur évo que "une soustraction de biens appartenant à l'un de nos clients, sans information ou autorisation préalable de ce dernier".
"La société met également en avant trois autres motifs, liste Monique Negrel, secrétaire générale de l'Union locale CGT de La Garde et de l'Est Toulonnais. Un manquement aux procédures qualité (règle d'hygiène et procédures d'emmagasinement des produits consommés) de l'entreprise d'accueil ; une attitude contraire à la déontologie de notre métier et une atteinte à l'image et à la réputation de l'entreprise."
"La vérité est ailleurs"
Mais pour les représentants locaux de la CGT, rejoints par l'Union départementale, représentée par le secrétaire général Olivier Masini, "la vérité est ailleurs". "Ce salarié avait suivi un stage de formation syndicale à l'Union locale, en vue de se présenter aux élections professionnelles. La direction avait toute connaissance de sa candidature. Elle tente d'éteindre la voix de la CGT, assure David Vanetti. Je rappelle que la loi prévoit que cette imminence de candidature octroie, de facto, le statut de salarié protégé." La CGT dénonce ainsi fermement ce qu'elle qualifie de "discrimination syndicale". Tout en "exigeant la réintégration du salarié", elle entend désormais le soutenir devant les prud'hommes pour "imminence de candidature, discrimination syndicale et licenciement abusif".
Interrogée, ce mardi, sur les griefs, la direction de l'agence de chez Onet a expliqué ne pas souhaiter "commenter la procédure en cours".
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