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Billet de blog 6 juillet 2017

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Simone Veil et le syndicat de la magistrature

Les hommages à Simone Veil sont nombreux et émouvants. Cette petite note vise, en rappelant un point d’histoire peu connu, à souligner à quel point elle était ouverte d’esprit.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Nous sommes en mai 1968. Pierre Lyon-Caen, Simone Veil et moi-même étions voisins de bureau à la Direction des affaires civiles à la Chancellerie. Pierre était affecté au bureau de la procédure civile, moi du droit immobilier et Simone Veil à celui du droit civil général.

Cette proximité - nous nous croisions tous les jours dans l’effervescence de la création du Syndicat - explique sans aucun doute son adhésion au SM - qu’elle mentionne d’ailleurs dans l’un de ses livres (Une vie) . Elle n’a certes jamais été une militante engagée mais plutôt - comme on disait à l’époque - une « compagne de route ».

Puis elle a progressivement pris ses distances. Je me souviens qu’à cette époque elle venait d’être sollicitée pour entrer au cabinet du nouveau Garde des Sceaux, René Pleven. La croisant, Pierre Lyon Caen lui avait discrètement rappelé qu’elle n’était pas à jour de sa cotisation. Elle eu ce geste « classe », caractéristique de son ouverture d’esprit :  : « Tenez, voilà mon chèque. Prenez-le mais … je ne le renouvellerai pas ».

La croisant à mon tour quelques temps après, alors que nous évoquions l’histoire du SM- elle eu cette réponse toujours typique de son ouverture d’esprit « Je souhaite simplement que l’histoire vous donne raison ».

Il est vrai que c’était l’époque où - dans un discours de rentrée devenu célèbre - Maurice Aydalot, alors Premier président de la Cour d’Appel de Paris avant de devenir Premier président de la Cour de cassation - avait enjoint aux magistrats de « Sortir du néolitique ». Lui rappelant cette célèbre injonction «  Finalement, lui ais-je dit, nous n’avons fait que le prendre pied de la lettre » et Simone Veil conclut simplement par l’un de ses si beaux sourires.

Par la suite, j’ai eu le privilège de travailler avec elle dans le cadre de l’Agha Khan Fundation au sein de laquelle elle présidait une Commission sur les disparitions forcées. A ma grande surprise - encore sa grande ouverture d’esprit - alors que j’étais très marqué politiquement en raison de mes fonctions à Matignon, elle ma demandé d’être son rapporteur. J’ai bien évidemment accepté. C’est ainsi que pendant une année j’ai apprécié de travailler à ses côtés. Oui, j’en suis témoin, c’était une très, très grande dame.

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