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Recyclage : l'ambitieux « objectif 100 % » du gouvernement sur les plastiques

¤ L'exécutif veut voir tous les plastiques recyclés d'ici à 2025. ¤ Deux tiers des matières plastiques usagées sont aujourd'hui réutilisées.

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Par Pierre Demoux

Publié le 7 juil. 2017 à 01:01

Dans le flot d'annonces dévoilées mardi par Edouard Philippe dans son discours de politique générale, ce n'est pas forcément celle qui a le plus retenu l'attention. Mais ce n'est pas pour autant la moins ambitieuse. « Nous diviserons par deux les déchets mis en décharge et recyclerons 100 % des plastiques sur tout le territoire d'ici à 2025 », a promis le Premier ministre devant l'Assemblée nationale. Des objectifs confirmés jeudi par Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique.

Autant dire qu'il reste du chemin à parcourir. Selon l'étude biennale de PlasticsEurope, l'association des producteurs de matières plastiques, la France a rejeté en 2014 3,3 millions de tonnes de déchets plastiques et en a recyclé... un quart seulement. Une autre partie de ces déchets est transformée en combustible, pour alimenter des chaufferies ou des cimenteries, par exemple, mais ce sont au final plus d'un tiers des matières plastiques usagées qui finissent en décharge.

De quoi placer l'Hexagone loin des bons élèves européens (Allemagne, Norvège, Suisse, Autriche...), qui parviennent à en réutiliser plus de 90 %. Un taux atteignable uniquement en mixant recyclage et valorisation énergétique. « L'objectif de 100 % de plastiques recyclés d'ici à 2025 n'est pas réaliste. En revanche, on peut viser 100 % de valorisation et aucun déchet en décharge », estime Michel Loubry, directeur général pour l'Europe de l'Ouest de Plastics-Europe.

La loi de transition énergétique votée il y a deux ans visait déjà à réduire de moitié la mise en décharge des déchets valorisables, dont les plastiques, d'ici à 2025, et a permis d'étendre les efforts de tri et de collecte. Mais aller plus loin demandera des investissements. « Cela passe par une transformation des centres de tri pour pouvoir récupérer les différents types de matières, par le développement de débouchés pour ces plastiques recyclés et par la prise en compte, dès la conception des produits et des emballages, de la recyclabilité des plastiques utilisés », explique Jean Hornain, le directeur général d'Eco-Emballages, l'organisme qui pilote le recyclage des emballages ménagers en France.

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Plan d'action

Car si les plasturgistes - ces entreprises qui transforment les paillettes de plastiques vierges - se tournent progressivement vers les plastiques recyclés comme matière première, la majorité d'entre eux hésitent encore à en faire une véritable source d'approvisionnement, faute de filière bien identifiée comme c'est le cas pour le papier, le verre ou l'acier. D'autant plus que certains plastiques recyclés coûtent plus cher que les « neufs » issus de la pétrochimie. « La loi de transition énergétique ne se donnait pas les moyens de ses ambitions, il manque encore des incitations fiscales et réglementaires pour valoriser les efforts de ceux qui utilisent des matières recyclées », regrette Sébastien Petithuguenin, le directeur général de Paprec, le plus gros recycleur plastique tricolore, également vice-président de la fédération des plasturgistes. Celle-ci a lancé fin 2016 un plan d'action pour augmenter le recours au recyclé et atteindre 600.000 tonnes par an d'ici à 2020, contre 400.000 actuellement.

Ce qui restera encore insuffisant pour répondre à une demande en plastiques en hausse constante et qui a atteint 4,9 millions de tonnes l'an dernier en France (+2 %), dont près de la moitié pour les emballages. Et si certains apportent de meilleures performances, leur recyclabilité pose parfois problème, à l'image des PET opaques.

Pierre Demoux

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