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A droite, qui osera défier Wauquiez ?

A droite, qui osera défier Wauquiez ?

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L'ambitieux Laurent Wauquiez a lancé son OPA pour prendre la tête du parti Les Républicains. Et pour l'instant, personne ne se bouscule au portillon pour lui barrer la route...

La droite tente toujours de comprendre ce qui lui est arrivé. Défaits dès le premier tour de la présidentielle puis aux législatives, divisés par les manœuvres d’Emmanuel Macron, Les Républicains sont au bord de la noyade. Pour tenter de garder la tête hors de l’eau, leur secrétaire général Bernard Accoyer a entamé mercredi 5 juillet au siège parisien du parti des « ateliers de la refondation », sorte de thérapie post-traumatique destinée à tirer les leçons du carnage. Un format appelé à se renouveler chaque semaine à la rentrée de septembre.

Pendant ce temps, un homme trace sa route sans faire dans le sentiment (ce n’est pas son genre). Bien qu’il ait renoncé à siéger à l’Assemblée nationale - non-cumul des mandats oblige -, Laurent Wauquiez a signé son retour médiatique. Très silencieux pendant la période électorale, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes arpente désormais les plateaux pour prôner « une droite claire et une droite rassemblée », comme il l’a encore fait mercredi sur Europe 1. L’ancien ministre soigne aussi ses réseaux. Il a déjeuné la semaine dernière avec Nicolas Sarkozy - qu'il avait soutenu lors de la primaire - et mercredi avec François Fillon, rapporte L’Opinion. Il a également engrangé le ralliement public d’Eric Ciotti, autre tenant d’une droite pure et dure.

Bertrand renonce, Pécresse hésite

Bref, Laurent Wauquiez prépare son OPA sur Les Républicains. Certes, il ne l’a pas encore dit officiellement, mais c’est une question de semaines : il sera candidat à la tête du parti. Contre qui disputera-t-il le match ? Pour l’instant, tout le monde se défile... Etonnant, car autant Laurent Wauquiez est régulièrement acclamé par le noyau dur des militants en meeting, autant sa cote de popularité est famélique parmi les cadres LR, nombreux à lui reprocher son opportunisme.

Fin juin, Xavier Bertrand a ainsi renoncé à se porter candidat à la tête du parti, encourageant Valérie Pécresse à y aller. Mais la présidente de la région Ile-de-France prend garde à ne donner aucun indice sur ses intentions. Officiellement, sa priorité, c’est la définition de la ligne politique de LR, répète-t-on dans son entourage : « Elle l’a dit après la présidentielle : elle veut une droite authentique, bien dans ses valeurs et son histoire, mais aussi bien dans son époque. » Un credo modéré qui serait une alternative à celui de Wauquiez, mais que Pécresse se refuse à incarner clairement pour l’instant.

"Ne répétons pas la même erreur qu'en 2012", plaide Bruno Retailleau

« Si des candidats se déclarent, ce sera à la rentrée, confie un ténor LR. Le traumatisme de la défaite reste important, il faut respecter un délai de décence. » Certes, les prétendants ont encore du temps devant eux. Le parti envisage d’organiser le congrès qui désignera son futur patron le premier week-end de décembre, mais cette date doit être discutée en bureau politique mardi 11 juillet. Or, plusieurs voix appellent à repousser l’échéance. « Au lieu de se précipiter dans une guerre des chefs, allons dans les fédérations demander aux militants et aux sympathisants ce que doit être la droite française, plaide le patron de sénateurs LR, Bruno Retailleau. Ne répétons pas la même erreur qu’en 2012. » Après la défaite de Nicolas Sarkozy, François Fillon et Jean-François Copé s’étaient immédiatement lancés dans un duel qui avait dégénéré en psychodrame.

Copé, justement, a lui aussi sa petite idée pour la droite : une direction collégiale. « J’ai en tête un mode d’organisation qui nous permettrait d’éviter l’éclatement. Nous pourrions avoir un directoire, avec un secrétaire général chargé de gérer le parti », expliquait-il pendant la campagne des législatives. « Sinon, Wauquiez fera son machin tout seul. Il montera un Tea Party avec Marion Maréchal-Le Pen, Sens commun et tous ces gens sympathiques », flingue le maire de Meaux. Si Laurent Wauquiez a exclu toute alliance avec le FN, ils sont nombreux chez LR à redouter une dérive à droite toute. Mais à ce jour, personne ne se dresse véritablement sur la route de l’ambitieux.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne