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Loiret : les femmes victimes de violences continueront à être suivies

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Pour des raisons budgétaires, la préfecture du Loiret s'apprêtait à supprimer les postes de deux intervenants sociaux auprès de femmes victimes de violences conjugales. «Libération» a contacté la secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa, qui a annoncé qu'elle rétablissait les crédits.
par Mourad Guichard, correspondant à Orléans
publié le 7 juillet 2017 à 12h20

Bastien ne voulait pas y croire tant le verdict lui semblait incongru. Par la décision du préfet du Loiret invoquant des contraintes budgétaires, lui et sa collègue, tous deux intervenants sociaux en commissariat et gendarmerie (ISCG) auprès des femmes victimes de violences conjugales, venaient de voir leurs postes tout bonnement supprimés. Une coupe franche qui a sévi dès le 1er juillet avec un effet budgétaire rétroactif au 31 décembre 2016. «Depuis un an et demi, j'avais réussi à me faire repérer par les policiers et les gendarmes, les victimes pouvaient donc m'appeler pour bénéficier d'une écoute, d'une orientation, d'un suivi, voire d'un placement, explique Bastien. Les questions liées à l'asservissement et aux violences sont complexes et nécessitent certaines connaissances.»

Même incompréhension du côté de l'Association interdépartementale pour le développement des actions en faveur des personnes handicapées et inadaptées (Aidaphi), l'association qui percevait les financements de l'Etat pour ces deux postes. «On a appris l'information tout à fait fortuitement, fin juin», explique Jean-Philippe Plaine, délégué CGT de la structure. «Ces actions essentielles sont pourtant inscrites dans le plan triennal 2016-2018 de lutte contre les violences faites aux femmes.»

«Les femmes victimes de violence valent mieux que leurs 3% de déficit»

Dominique Tripet, militante féministe et conseillère municipale communiste d'Orléans, missionnée pour organiser des actions contre les violences faites aux femmes, se dit elle aussi «soufflée» : «Quand j'ai entendu cette information sur France Bleu Orléans, j'ai eu un sentiment de honte et de ras-le-bol. Tout ce qu'on nous donne d'un côté, on nous le récupère de l'autre. Les femmes victimes de violences valent mieux que leurs 3% de déficit !»

Dans un communiqué tardif, la préfecture du Loiret assure que la situation la préoccupe depuis plusieurs semaines : «La préfecture n'a, cette année, pas obtenu les crédits nécessaires et a été au regret d'en informer leur employeur.» Le préfet se dit «attaché à ce dispositif qui a fait ses preuves» et indique que «tout est fait pour son maintien et sa permanence».

Alertée et interrogée plus tôt par Libération, Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les hommes et les femmes, avait aussitôt réagi : «J'ai immédiatement demandé une délégation de crédits d'urgence pour que le préfet du Loiret puisse rétablir les deux postes et nous faisons en ce moment même un état des lieux précis de la situation des dispositifs de lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans le Loiret. Les femmes doivent être protégées partout en France.» Et concernant les deux travailleurs sociaux ? «C'est le Comité interministériel de prévention de la délinquance (CIPD) qui flèche ces crédits et il se réunira dans les tout prochains jours. Je suis cela de très près avec mon service.»

En France, sur l'année 2015 et selon un récent rapport interministériel, 122 femmes ont trouvé la mort sous les coups de leurs conjoints.

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