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Celles par qui le mariage homosexuel est arrivé en Allemagne

La rencontre d’Angela Merkel avec Christine et Gundula a contribué à accélérer l’examen du texte sur le mariage pour tous. La loi a été adoptée le 30 juin par les députés.

Par  (Berlin, correspondant)

Publié le 07 juillet 2017 à 06h38, modifié le 07 juillet 2017 à 06h38

Temps de Lecture 3 min.

Christine et Gundula ont eu l’occasion d’interpeller deux fois Angela Merkel sur l’égalité des droits des homosexuels.

Christine et Gundula sont tombées amoureuses il y a neuf ans après s’être rencontrées sur Internet. Elles ont aujourd’hui 58 et 52 ans, habitent sur les bords de la Baltique et s’occupent de cinq garçons et filles, âgés de 9 à 18 ans, dont la garde leur a été confiée par les services de l’aide sociale à l’enfance.

Sans l’avoir voulu, elles sont devenues les héroïnes du plus extraordinaire coup de théâtre politique qu’a connu l’Allemagne ces dernières années : l’adoption par le Bundestag, le 30 juin, de la loi ouvrant le mariage aux couples homosexuels.

« Un événement décisif »

C’est à la chancelière Angela Merkel en personne que Christine et Gundula doivent leur soudaine notoriété. Quatre jours avant l’adoption de la loi, la chancelière allemande est interrogée sur le mariage homosexuel lors d’un débat organisé par le magazine féminin Brigitte au Théâtre Maxime-Gorki de Berlin.

Rompant avec la position défendue jusqu’alors par son parti, l’Union chrétienne-démocrate (CDU), Angela Merkel se dit pour la première fois « ouverte à une discussion qui aille dans le sens d’une prise de décision en conscience », ouvrant la porte à l’adoption expresse d’un texte jusqu’alors bloqué.

A l’origine de cette inflexion, elle évoque la rencontre, il y a quelques années, avec un couple de femmes qui lui ont raconté leur vie. Un « événement décisif », explique-t-elle : si l’administration fait confiance à « ce genre de couple » pour élever des enfants, alors « l’argument consistant à invoquer le bien-être » de ceux-ci pour refuser aux homosexuels le droit d’adopter « n’est plus si simple à invoquer ».

Le 30 juin, au Bunderstag, les députés allemands ont adopté la loi en faveur du mariage pour tous.

« Mariage homosexuel : le couple qui a fait changer Merkel d’avis » : il faudra moins de 36 heures pour que les Allemands, grâce à un article de la Ostsee Zeitung très vite partagé sur les réseaux sociaux, en apprennent un peu plus sur Christine et Gundula, dont ce quotidien régional du nord-ouest du pays sera le premier à raconter l’histoire et à publier la photo.

A cette occasion, on apprend qu’il n’y a pas eu une, mais deux rencontres avec la chancelière. La première remonte à 2013, sur la place du marché de Barth, la petite ville où vivent les deux femmes et qui fait partie de la circonscription dont Mme Merkel est députée depuis 1990.

« J’aimerais qu’on arrête de penser comme si on était encore au Moyen Âge », se souvient de lui avoir dit Christine. Deux ans plus tard, c’est Gundula qui interpelle à son tour la chancelière sur l’égalité des droits des homosexuels, lors d’un cocktail organisé par la section locale de la CDU. Ce jour-là, Angela Merkel évite de prendre position. Elle promet néanmoins de rendre visite aux deux femmes, qui lui ont proposé de venir voir à quoi ressemble leur vie de famille.

Angela Merkel invitée à la noce

Au journaliste de la Ostsee Zeitung venu faire leur portrait, Christine et Gundula ont également confié quelques bribes de leur vie d’avant, à l’époque de l’Allemagne de l’Est.

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C’est vers l’âge de 12 ans que l’une et l’autre ont découvert leur homosexualité. Plus tard, elles se sont mariées et ont eu des enfants, deux dans le cas de Christine, un dans celui de Gundula. « En Allemagne de l’Est, on pensait que c’était comme une maladie. Et qu’il suffisait d’épouser un homme pour que ça passe », raconte Gundula.

L’une d’elles divorce, se retrouve au chômage, tombe dans l’alcoolisme. Après des années difficiles, les deux femmes finiront par trouver un nouvel équilibre dans leur rôle de famille d’accueil pour enfants en difficulté.

Aujourd’hui, elles ne se cachent plus et décrivent leur vie de famille comme « totalement normale ». Quatre ans après avoir contracté un « partenariat de vie » – l’équivalent du pacs, en vigueur depuis 2001 en Allemagne –, elles envisagent désormais de se marier en bonne et due forme. Et elles espèrent que la noce sera l’occasion pour Angela Merkel d’honorer enfin l’invitation qu’elles lui ont faite à l’époque où elles n’imaginaient pas faire la « une » des journaux. Même si, le 30 juin, la chancelière a finalement voté contre la loi dont elle avait pourtant précipité l’examen quatre jours plus tôt.

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