Sexbots : les robots-enfants au coeur d’une polémique

08 juillet 2017 à 15h37
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Elles ne communiquent pas leurs chiffres de vente, mais plusieurs entreprises dans le monde entier commercialisent déjà des robots sexuels, dont le réalisme et les capacités vont faire un bond phénoménal dans la décennie à venir. Noel Sharkey, l'un des plus éminents chercheurs en robotique de la planète, affirme toutefois que l'on n'a pas suffisamment évalué les conséquences de leur irruption dans la société.

Noel Sharkey s'interroge notamment sur l'usage polémique de robots-enfants dans le cadre de thérapies pour pédophiles.

Serez-vous robophile ?

Il est sans doute l'un des chercheurs ayant le plus travaillé sur la dimension éthique de l'arrivée des robots dans nos sociétés. Professeur émérite de l'université de Sheffield (Angleterre), Noel Sharkey a longtemps porté sa réflexion sur les usages militaires des robots-guerriers. Mais dans une récente conférence de presse à Londres, il fait aussi part de ses inquiétudes à l'égard des robots sexuels.

Dans un court rapport, il résume les principales questions que nous devrions tous nous poser vis-à-vis des sexbots que le marché du sexe propose déjà : l'américain Real Doll, le français Dreamdoll Diffusion ou la RoXXXy de True Companion vous aideront à vous en faire en idée. Les robots sexuels vont devenir, c'est une certitude, un énorme business pour l'industrie du sexe, au même titre que la réalité virtuelle et la télédildonique (sexe à distance).

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Questions éthiques en pagaille

Première question que se pose Noel Sharkey : les gens voudront-ils avoir des rapports sexuels avec des robots ? Personnalisables (mensurations, couleur), totalement soumis aux désirs de leur propriétaire, la réponse est bien sûr : oui, les gens (sans doute pas tous) voudront au moins essayer. C'est l'usage que faisait de son HuBot l'un des personnages de la série suédoise Real Humans, basculant dans une tendance sexuelle inédite, la robophilie. Les sexbots offriront une réponse au tabou de la misère sexuelle, notamment des personnes âgées en maison de retraite. Leur coût sans doute élevé devrait d'ailleurs, spécule Noel Sharkey, favoriser l'émergence de « bordels à sexbots », posant la question de leurs rapports avec les « authentiques » travailleurs-euses du sexe.

Plus problématique, le questionnement sur le risque d'isolement social des robophiles : les performances sexuelles des machines pourraient-elles à terme détourner complétement certains usagers des rapports charnels entre humains ? Faut-il y voir une menace potentielle à la reproduction de l'espèce ? A plus court terme enfin Noel Sharkey s'interroge sur les usages thérapeutiques des robots sexuels à destination des violeurs et des pédophiles : très préoccupant, par exemple, le robot-écolière commercialisé par le japonais Trottla. Son inventeur avoue sa pédophilie et affirme que sa machine lui aurait évité de s'en prendre à de vrais enfants. Noel Sharkey réclame l'interdiction de ce type de robots, sur lequel la justice canadienne est d'ailleurs en train de statuer. Faut-il les considérer comme du matériel pornographique infantile ? Jouent-il le rôle d'indispensable palliatif ou encouragent-ils l'expression de pulsions prohibées par la société ? Le débat est ouvert.

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