L’interpellation de deux jeunes Français qui fomentaient des attentats racistes rappelle que le terrorisme d’extrême droite représente une véritable menace en Europe.
Avoir pour idole un terroriste d’extrême droite comme Anders Behring Breivik, l’auteur de l’attentat de 2011 en Norvège qui avait fait 77 morts, est un des points communs des deux individus mis en examen le 3 juillet dernier. Autre similitude, tous deux avaient menacé de s’en prendre aux « musulmans », aux « Noirs », aux « Arabes », mais aussi aux « homosexuels » et aux « migrants », selon leurs messages postés sur les réseaux sociaux. L’un des jeunes hommes, âgé de 23 ans, a même avoué avoir voulu s’en prendre au chef de l’État lors de la célébration du 14 Juillet. « Ces individus, à partir du moment où ils passent à l’acte, sont bien des terroristes », assure Jean-Yves Camus. Selon le politologue spécialiste de l’extrême droite française, « il existe bien une radicalisation de personnes appartenant à des groupuscules d’extrême droite. Certains sont fichés S et sont sous l’étroite surveillance des services de renseignements ».
Au racisme viscéral qui motive les actions de ces membres de groupuscules d’extrême droite s’est s’ajouté le rejet des réfugiés, encouragé par la banalisation des idées du FN, symbolisé par la création sous Nicolas Sarkozy d’un ministère de l’Identité nationale. Ce climat politique a favorisé l’entrée des « questions identitaires comme la peur du siècle » et relie « la peur du musulman à l’immigration », explique l’historienne Laurence de Cock (1). La défaite électorale du parti de Marine Le Pen n’a pas atténué l’impact de ce discours, puisque l’omniprésence médiatique et la reprise des thématiques du Front national par les autres partis ont contribué à la « normalisation du choix de l’extrême droite dans la société française », rappelle de son côté Nicolas Lebourg, historien spécialiste des droites extrêmes.
Il y a tout juste un an, la direction générale de la sécurité intérieure s’inquiétait déjà d’une « confrontation entre l’ultradroite » et ce que cette dernière considère comme un tout, « le monde musulman ». En mars dernier, ce fut au tour de Julian King, le commissaire européen à la Sécurité, de tirer la sonnette d’alarme sur la « menace croissante » de violences d’extrême droite en Europe. Il rappelle que les attentats nationalistes ne sont pas forcément le résultat des attaques islamistes et précise qu’« aucun État membre n’est épargné par l’extrémisme violent de droite ».
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