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A Aix, les économistes divisés sur la nécessité de revenir vite à 3% de déficit

Le calendrier des réformes fiscales a fait débat lors des Rencontres d’Aix-en-Provence

Par Dominique Seux, Sabine Delanglade

Publié le 9 juil. 2017 à 19:36

C’est un Davos français où, comme chaque année, plusieurs milliers de personnes sont venues écouter pendant trois jours des économistes du monde entier, des chefs d’entreprise (Airbus, Total, Saint-Gobain, Safran, Carrefour, Veolia, Criteo, des PME, etc.) et des responsables politiques français (Bruno Le Maire et Agnès Buzyn, notamment) et internationaux (de Singapour et du Royaume-Uni, entre autres). A Aix-en-Provence, Le Cercle des économistes, présidé par le très énergique Jean-Hervé Lorenzi, a réussi une nouvelle fois ce week-end à créer une ambiance à la fois décontractée et studieuse propre à réfléchir collectivement sur ce qu’est la prospérité aujourd’hui (Quelle mesure ? Pour qui ? Comment faire avec les perdants de la mondialisation ?), le thème de la session 2017.

Mais, dans les couloirs, une question rôdait évidemment dans toutes les conversations : que penser des premiers pas d’Emmanuel Ma­cron ? Le nouveau président était venu l’an dernier alors qu’il était encore ministre des Finances. Il avait réalisé d’excellents scores à l’applaudimètre, mais ses chances de succès paraissaient encore, reconnaissons-le, étroites. Un an plus tard, son parcours et la « divine surprise » de son élection, selon un dirigeant, bluffent plus que jamais les milieux économiques, qui saluent globalement ses premiers pas, son énergie, sa vista et son approche schumpétérienne de la politique (la destruction créatrice…).

Un questionnement pointe toutefois le bout de son nez sur les choix de politique économique. Ce ne sont pas (encore ?) des critiques, plutôt une discussion. Le gouvernement a-t-il raison de donner la priorité au respect de son objectif de 3 % de déficit en proportion du PIB cette année, fût-ce au prix d’un report de plusieurs des promesses fiscales de la campagne électorale ? Aucune majorité ne s’est dégagée à Aix dans un sens ou dans l’autre, mais les avis sont partagés. « Je ressens un malaise, a expliqué l’économiste Philippe Aghion. La priorité, c’était de provoquer un choc fiscal pour stimuler la croissance. Il ne fallait pas différer ces réformes et donner l’impression de renoncer. »

Les grands patrons présents sont plutôt tentés de faire confiance à l’exécutif et estiment que la réforme du marché du travail est prioritaire par rapport à celles de l’impôt sur la fortune et de la fiscalité du capital, dont l’application a été décalée à 2019, ou de la baisse de l’impôt sur les bénéfices.

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Dans sa déclaration finale, Le Cercle des économistes, lui, demande au gouvernement de « mettre en œuvre immédiatement la fiscalité du capital promise par le président Macron ». La formule choisie n’est pas nécessairement contradictoire avec les choix publics puisque la demi-suppression de l’ISF et l’imposition à 30 % des revenus du patrimoine seront bel et bien inscrits dans la loi de finances pour 2018 présentée en septembre. Elle témoigne néanmoins d’une impatience qui est aussi, concrètement, celle des dirigeants d’entreprises familiales et, plus largement, le reflet d’une crainte : que l’élan initial connaisse des coups de frein au fil des mois.

« Le macronisme est une success-story exceptionnelle sur le plan politique. S’il n’est que la version jeune du hollandisme en économie, la déception sera immense », a insisté en privé un des tout premiers patrons français. Pour sa part, Benoît Cœuré, membre du directoire de la Banque centrale européenne, a salué la volonté française de respecter ses engagements financiers européens sur les déficits. « On ne peut pas dire aux autres ce qu’ils doivent faire si on ne respecte pas soi-même les règles. » Tout en ajoutant : « une stratégie qui consisterait à tout étaler [les mesures fiscales, NDLR] sur le quinquennat, malheureusement, ne maximiserait pas l’impact des réformes », précisant… qu’il ne s’agissait pas de critiques du gouvernement.

S. D. et D. S. (à Aix-en-Provence)

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