Les défaillances d'entreprise à leur plus bas niveau depuis vingt ans

De mémoire d'économiste, on n'avait pas vu cela depuis vingt ans. « Même en remontant jusqu'en 1997, on n'observe pas autant d'indicateurs positifs sur autant de secteurs et sur des tailles d'entreprise aussi variées. Un tel faisceau d'indicateurs en même temps est très rare », s'étonne Thierry Millon, directeur des études d'Altares, qui publie ce lundi en exclusivité dans nos colonnes les chiffres des défaillances d'entreprise du deuxième trimestre 2017. Sur cette période, un peu moins de 13.000 défaillances ont été enregistrées, soit une baisse de 7,8 % par rapport au deuxième trimestre 2016. L'année 2017 avait débuté par un premier trimestre tombé pour la première fois depuis 2008 sous le seuil des 16.000 défaillances. Le deuxième trimestre accélère encore cette tendance et ramène le nombre de procédures sous la barre des 13.000, à 12.925.

Ce chiffre global est en lui-même une bonne nouvelle. Mais ce qui l'est encore plus, c'est que les petites entreprises profitent aussi de cette accalmie côté défaillances. « Si, en 2016 et début 2017, la reprise semblait encore chaotique, voire illusoire pour les plus petites entreprises, le printemps peut sonner enfin pour elles aussi le retour des commandes plus régulières », souligne Thierry Millon. Des carnets de commandes mieux remplis, c'est une trésorerie moins élastique, davantage de cash dans les petites entreprises, et donc moins de liquidations judiciaires prononcées par les tribunaux. Moins de 10.000 microstructures (moins de 3 salariés) sont tombées en défaillance sur la période, c'est 6,7 % de moins en comparaison du même trimestre 2016 et c'est le meilleur chiffre depuis 2010. D'une manière générale, les petites entreprises restent toutefois plus fragiles. Ainsi, la baisse des défaillances est de 10 % pour les TPE de moins de 3 salariés, mais de 13 % pour les PME de 10 à 49 salariés et même de 34 % pour celles de 50 à 99 salariés. Seules les sociétés les plus grandes, au-delà de 100 salariés, présentent une évolution défavorable (+11 %) du fait de certains cas emblématiques récents tels que Tati ou William Saurin.

Moins d'emplois menacés

Logiquement, ces bons chiffres sur les défaillances se répercutent sur le niveau des emplois menacés. En moyenne sur cinq ans, chaque deuxième trimestre menaçait plus de 51.000 emplois du fait des défaillances ouvertes. Sur ces trois derniers mois, 40.500 emplois sont placés en sursis, soit 3,1 emplois par entreprise en moyenne. Le meilleur chiffre sur la décennie.

Tous les secteurs, ou presque, profitent de cette bonne tendance. Le secteur de la construction voit ses défaillances baisser de 17 % dans la quasi-totalité des corps de métier. Le commerce de détail est bien situé lui aussi (-5 %), notamment dans le bricolage et l'équipement du foyer (-19 %). Enfin, l'industrie manufacturière reste bien orientée (-4 %) ainsi que le transport routier de marchandises (-6 %).

Attention toutefois de ne pas céder aux sirènes de l'enthousiasme béat, notamment dans les TPE : « Le chiffre d'affaires revient, les marges s'améliorent mais les trésoreries sont toujours sous surveillance dans les TPE », prévient Thierry Millon. Gare notamment aux délais de paiement, qui ont tendance à s'envoler pendant les périodes de congés d'été.