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Les opposants au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes croient en leur victoire

Quelque 10 000 personnes ont participé samedi et dimanche au rassemblement annuel des opposants au transfert de l’actuel aéroport nantais à NDDL.

Par  (Notre-Dame-des-Landes, envoyé spécial)

Publié le 09 juillet 2017 à 18h29, modifié le 10 juillet 2017 à 10h15

Temps de Lecture 4 min.

Rassemblement annuel des opposants au transfert de l’actuel aéroport nantais à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), le 8 juillet.

Les opposants au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) affichaient des mines réjouies, samedi 8 et dimanche 9 juillet, lors de la 17e édition de leur rassemblement annuel, à 5 kilomètres du petit bourg paisible. Bien qu’ils s’en défendent, ils nourrissent l’espoir d’une issue heureuse à leur combat historique contre ce projet, vieux de plus de cinquante ans.

Sous un soleil vif et dans une chaleur intense, ils étaient plus de 10 000 à être venus de la France entière pour affirmer leur opposition à la construction d’un aéroport jugé « inutile », ici, dans les prairies où paissent les vaches et dans le bocage occupé par des centaines de militants écologistes et anticapitalistes, les zadistes, habitants de la zone d’aménagement différé (ZAD) devenue depuis huit ans une « zone à défendre ».

Lors de l’édition 2016, les opposants étaient venus deux fois plus nombreux au rassemblement. Un succès qui s’explique, selon les responsables, par l’effet de la consultation départementale sur le projet de transfert de l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique dans le bocage, à une vingtaine de kilomètres au nord de l’agglomération. Le 26 juin 2016, trois semaines avant leur rassemblement annuel, les opposants avaient essuyé une défaite électorale, le « oui » l’emportant avec 55,17 % des voix. Ils avaient alors voulu mettre en avant leur mobilisation.

Mission de conciliation

Débat lors du rassemblement des opposants au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le 8 juillet.

Depuis, les élections présidentielle et législatives ont toutefois modifié la donne de ce feuilleton aéroportuaire. La décision de nommer une nouvelle mission de conciliation – la énième du genre – « pour envisager les solutions permettant de répondre aux impératifs d’engagement, dans un dialogue apaisé avec les acteurs et dans le respect de l’ordre public », selon les mots du premier ministre, Edouard Philippe, le 1er juin, a rasséréné les opposants, plus habitués aux déclarations volontaristes de l’ancien premier ministre Manuel Valls sur une évacuation prochaine de la ZAD et le démarrage des travaux.

« Jusqu’ici, on avait affaire à deux partis politiques, le PS et Les Républicains, qui étaient porteurs du projet, l’aéroport était leur bébé. Mais il n’appartient pas à l’histoire du mouvement En marche !, tout jeune, il y a même des députés de ce mouvement qui, à un moment donné, ont affiché leur opposition au projet, notamment en Pays de la Loire et en Bretagne », affirme Julien Durand, ancien agriculteur et opposant historique, porte-parole de l’Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport (Acipa).

Il espère une écoute plus grande et, surtout, que la décision de l’abandon du projet sera plus facile pour cette nouvelle équipe gouvernementale. « Il existe une tendance à croire que le projet est en voie d’abandon, mais il faut rester mobilisé », précise-t-il.

« Que faire après la victoire ? »

La présence de Nicolas Hulot à la tête du ministère de la transition écologique et solidaire est aussi perçue comme un signe favorable, auquel certains veulent croire, même si la prudence reste de mise. « Nous espérons que ce gouvernement va comprendre qu’il faut arrêter le projet. Il est bien plus facile à stopper que le nucléaire avec les enjeux économiques, Flamanville… Mais j’attends de voir. Je pensais que Nicolas Hulot allait imposer des avancées avant de craquer, mais avec les reculs sur les néonicotinoïdes, un plan climat très vague, je suis inquiète », note la secrétaire nationale à l’écologie du Parti de gauche, Martine Billard.

L’ex-députée de Paris, ancienne des luttes écologiques, guide dans les travées, entre les nombreux stands installés sur la prairie desséchée, les jeunes députées de La France insoumise venues rencontrer ce mouvement emblématique, dont Mathilde Panot, 28 ans, députée du Val-de-Marne et nouvelle membre de la commission du développement durable de l’Assemblée nationale.

Au chêne des Perrières, dans l’immense prairie entre le bourg de Notre-Dame-des-Landes et le Temple-de-Bretagne, une dizaine de chapiteaux ont accueilli tout le week-end de nombreux débats sur des thèmes aussi variés que les projets agricoles sur la ZAD, les violences policières, la justice climatique et, signe d’optimisme, « que faire après la victoire à NDDL ? ».

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Cette question taraude les agriculteurs, opposants historiques, mais aussi les occupants plus récents qui se sont engagés dans des projets agricoles, de maraîchage, d’élevage, de brasserie de bière, de conserverie ou encore de boulangeries artisanales. La problématique de l’évacuation de la zone, en cas d’abandon du projet,préoccupe les trois médiateurs nommés par le gouvernement, Anne Boquet, Michel Badré et Gérard Feldzer. Ils rendront leur rapport d’ici au 1er décembre.

Point d’étape des médiateurs en septembre

Pour l’heure, ces derniers multiplient les auditions. Les opposants, regroupés dans les associations, ont tous été reçus et le seront encore dans les prochaines semaines. « On a toujours dit que l’on voulait une étude dans la transparence et la loyauté, pour poursuivre ce dialogue. Nous allons nous revoir fin juillet et ils se sont engagés à un point d’étape en septembre », commente Julien Durand.

Pour Sylvain Fresneau, autre opposant historique et éleveur installé sur la zone, cette mission est positive. « Les médiateurs demandent la participation de beaucoup de monde, ils posent des questions, nous laissent développer nos arguments, ils sont rigoureux et connaissent bien la question », explique-t-il. Quand à l’évacuation de la zone, pour Sylvain Fresneau, ce n’est pas un problème. « Ils savent qu’ici, c’est une poudrière, mais nous, on leur dit que s’il n’y a plus besoin de ZAD, il n’y aura plus de zadistes. Il faut juste nous laisser un peu de temps, deux ans de moratoire après l’arrêt du projet, pour que l’on travaille avec les jeunes à construire de nouveaux modèles pour une agriculture différente », insiste-t-il.

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Dans la ZAD, les opposants et leurs soutiens découvrent aussi d’autres mouvements, comme la lutte contre le projet de zone commerciale au nord de Paris, EuropaCity, ou celui du centre d’enfouissement de déchets nucléaires à Bure (Meuse). Notre-Dame-des-Landes, mère de toutes les batailles ?

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