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Le ballet « Noureev » censuré au Bolchoï pour « propagande homosexuelle »

Le spectacle devait retracer la vie du célèbre danseur, mort du sida à 54 ans, en exposant une photo de lui dénudé.

Par  (Moscou, correspondante)

Publié le 11 juillet 2017 à 19h56, modifié le 13 juillet 2017 à 18h53

Temps de Lecture 2 min.

La première du ballet Noureev, prévue mardi 11 juillet, au théâtre Bolchoï, à Moscou, n’a pas eu lieu. A la dernière minute, la représentation consacrée au légendaire danseur Rudolf Noureev, telle que l’avait imaginée le metteur en scène Kirill Serebrennikov, a été reportée « au mois de mai 2018 » au motif, selon Vladimir Ourine, directeur de l’établissement, que le spectacle n’était « pas prêt ». La dernière répétition générale, le 7 juillet, s’était pourtant achevée par une longue salve d’applaudissements en présence de nombreux invités, dont le milliardaire Roman Abramovitch.

Dans la salle, rapporte Alexeï Venediktov, rédacteur en chef de la radio Echo de Moscou, s’étaient glissés ce jour-là des représentants de l’Eglise orthodoxe habillés en civil. « Ils ont couru voir l’évêque Tikhon [réputé être le confesseur de Vladimir Poutine] », indique-t-il. Dans les heures qui ont suivi, le ministre de la culture, Vladimir Medinski, aurait donné pour consigne de suspendre le ballet. Lundi, l’agence Tass, citant une source anonyme proche du ministre, affirmait que ce dernier, en colère, avait invoqué une « propagande des valeurs sexuelles non traditionnelles » contraire à la législation russe en vigueur. Le ballet devait retracer la vie du célèbre danseur (mort du sida à l’âge de 54 ans en France après avoir fui l’URSS en 1961), en exposant une photo de lui dénudé.

Démenti du ministère

Depuis, la dépêche de Tass a disparu. Le ministère a démenti. Mais d’autres médias ont confirmé l’information. « Le ballet était mauvais », a tenté de justifier M. Ourine. Vladislav Lantratov, qui devait jouer le rôle principal du ballet, a pour sa part réagi avec amertume sur son compte Instagram. « Les mots me manquent. Je commençais à aimer et à m’approprier le rôle. Tout prenait forme et c’est à ce moment-là que l’on te déracine de cette nouvelle “vie”… Le pire pour un artiste. »

Mardi, Kirill Serebrennikov est à son tour sorti de son silence. « Aujourd’hui devait avoir lieu la première mais “Roudik” [diminutif de Rudolf] ne peut pas exister sans liberté. Il s’est de nouveau envolé », écrit-il sur son compte Facebook en publiant l’image incriminée du danseur, le sexe masqué par un panneau « Bolchoï », et d’autres clichés de la troupe assortis de ce commentaire : « Merci à tous pour votre énorme travail qui continue d’exister. Je vous aime ! Je suis sûr que Roudik est content de nous. »

Alexeï Malobrodski : « Les maux s’en vont, les régimes changent, les personnalités aussi, mais l’art reste  »

Depuis plusieurs semaines, le metteur en scène, 47 ans, homosexuel revendiqué, est dans le collimateur des autorités russes. Le 23 mai, soupçonné de détournement de fonds portant sur 200 millions de roubles (environ 3 millions d’euros) d’argent public perçus pour sa troupe, il avait fait l’objet d’une perquisition musclée à son domicile, tout comme au Centre Gogol, qu’il dirige depuis 2012. L’ex-directeur, Alexeï Malobrodski, a été placé en détention provisoire. S’adressant aux acteurs du centre réunis samedi pour la clôture de la saison, celui qui est présenté comme l’une des figures les plus talentueuses de la scène russe a lancé : « Les maux s’en vont, les régimes changent, les personnalités aussi, mais l’art reste. »

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