Ces petites banques qui bousculent les grandes
Dans le sillage d'Orange, Altice, la maison mère de SFR, s'apprête à lancer une banque. Et des start-up comme Compte-Nickel, C-zam ou N26 cassent les prix.
Un coup de tonnerre. Déjà très inquiets de l'arrivée imminente de l'opérateur téléphonique Orange sur leur marché, les patrons des grandes banques françaises vont bientôt voir débarquer un autre concurrent de poids. Selon nos informations, Altice s'apprête à créer sa propre banque. La maison mère de SFR effectue les démarches administratives pour obtenir sa licence. Le futur établissement devrait être lancé dans les deux ans.
LIRE AUSSI
> Quand les banques rachètent la concurrence à coups de millions
> EXCLUSIF : SFR aura sa banque d'ici 2019
Le groupe de Patrick Drahi ne faisant généralement pas dans la demi-mesure lorsqu'il se lance un nouveau défi, la concurrence s'annonce âpre dans la banque du quotidien (comptes courants, moyens de paiement, etc.). D'autant que d'autres acteurs, aux reins tout aussi solides, se sont récemment invités dans la bataille.
Des exemples ? Mi-avril Carrefour commercialisait dans ses magasins C-zam, une carte internationale MasterCard à 5 euros. Leclerc vient de réactiver la banque en ligne Morning, la Fnac propose sa propre carte bancaire... Sans parler des néobanques — ces petites sociétés indépendantes — qui grossissent à vue d'oeil, à l'instar de Compte-Nickel (lire ci-dessous) en faisant tout l'inverse des établissements installés : des prix bas, sans frais surprises, une facilité d'accès...
Le mouvement n'est pas près de s'arrêter. Une nouvelle législation européenne (dénommée DSP 2) obligera en 2018 les banques à laisser d'autres sociétés se greffer sur les comptes de leurs clients. « Le risque, analysait il y a quelques mois un banquier, c'est de revivre ce qui s'est passé dans l'hôtellerie : des tiers, comme Booking.com, se mettent entre vous et vos clients et vous pompent vos marges. »
Le secteur bancaire emploie 370 000 personnes
Avec 16,2 Mds d'euros de résultat avant impôts réalisés dans la banque de détail par les six grands groupes bancaires français en 2016, les BNP Paribas, Société générale, BPCE, Crédit agricole, Banque postale et Crédit mutuel ont encore un peu de temps devant eux avant de se retrouver sur la paille... Mais ils sentent monter le mouvement.
Leurs clients, notamment les plus jeunes, sont de plus en plus disposés à se passer d'eux, de leurs agences, de leurs conseillers. Selon le cabinet d'étude CCM Benchmark, 75 % des moins de 35 ans consultent leur espace client mobile plusieurs fois par semaine. Un problème pour un secteur qui emploie toujours 370 000 personnes.
Alors, plutôt que de subir le mouvement, ces grands groupes anticipent. En achetant leurs futurs concurrents ou en créant, comme l'a annoncé il y a peu la Banque postale, leur propre banque mobile.
