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Start-up

La Fabrique de la danse, premier incubateur de la création culturelle

Appliquer la méthode start-up à la création culturelle, quelle drôle d’idée! C’est celle de La Fabrique de la danse, incubateur de chorégraphes qui prépare sa troisième rentrée, mise sur la plateforme « DanceNote » pour décoller.

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La première soirée de La Fabrique de la danse, un concours de pitch dans la création culturelle.

La soirée de mai 2017 de La Fabrique de la danse, un concours de pitch dans la création culturelle.

DR Emmanuelle Stäuble

C’est l’une des déclinaisons les plus inattendues de la « start-up Nation »: la méthode start-up appliquée à la création culturelle. Il y a deux ans, une bande d’amies venues du milieu de la danse, du journalisme et de l’entrepreneuriat ont eu l’idée de monter le premier incubateur de chorégraphes européen, un espace de formation pour les artistes. « C’est parti d’un constat simple: il n’existe pas de diplôme ou de formation spécifique en France pour devenir chorégraphes. La plupart d’entre eux ont un diplôme d’interprète mais n’ont pas appris comment former une compagnie ou gérer les tâches administratives », explique Laure Nouraout, co-fondatrice et directrice de la communication de la Fabrique de la danse. C’est au Centquatre, haut-lieu culturel du Nord de Paris, puis dans la résidence d’entrepreneurs Spinoza dans le 11ème arrondissement qu’opère l’équipe de créatifs 3.0.

La mission de ce premier incubateur de chorégraphes est d’accompagner les talents dans leur développement, de la dimension créatrice à la gestion de projets de plus en plus nécessaire en 2017. En septembre, la troisième promotion composée de 9 chorégraphes fera sa rentrée. « Le cœur de leur formation c’est un stage où Christine Bastin, chorégraphe et pédagogue depuis 30 ans, les fait travailler sur l’écriture chorégraphique, l’improvisation et les ateliers », explique Laure Nouraout. Mais la formation est éclectique. Un module conseille sur la structuration d’une compagnie et de projets, ainsi que sur les aspects administratifs. Un autre se consacre à la communication, un autre distille des conseils sur les méthodes de diffusion d’un spectacle. Une initiation artistique permet de comprendre comment fonctionne le son et la lumière pour mieux collaborer avec les autres métiers du spectacle vivant. Enfin, le dernier se penche sur le financement de projets. A une époque où les budgets culturels sont de plus en plus limités, « c’était une demande répétée des artistes », confirme Orianne Vilmer, présidente de La Fabrique de la danse.

« Il y a eu quelques critiques. Pour certains, l’artiste n’est pas un entrepreneur, il perd du temps quand il ne se concentre pas sur la création. Nous avons volontairement choisi de faire un ‘incubateur’ qui s’adapte à l’époque ».

L’idée, résolument contemporaine, a été sélectionnée dans l’appel à projets urbains innovants Réinventer Paris, en février 2016, pour occuper un immeuble du vingtième arrondissement au 205 avenue Gambetta. Les travaux ont pris du retard, mais l’équipe y croit encore.

Un concours de pitch

Autre mimétisme de l’univers start-up, les chorégraphes ainsi diplômés présentent leurs extraits lors d’une soirée de fin d’année, organisée comme un concours de pitch. Celle du 11 mai 2017, hébergée par le Carreau du Temple, présentait un travail original et varié. Il y avait une composition sur un tango amélioré, une recherche chorégraphique faite pour être dansée autour d’un comptoir de bar, des mouvements joués comme au théâtre. De quoi séduire un public débutant comme un plus initié, même si – c’est la norme dans les concours de pitch! - les travaux étaient inégaux.

Dans une quinzaine de jours, La Fabrique de la danse va accueillir à Micadanses le Summer Choregraphic Lab, soit la première formation dédiée aux chorégraphes internationaux.  « On apprend de nos expériences et du terrain comme toutes les start-up », explique Orianne Vilmer. On s’est rendues compte qu’il y avait un besoin, on a monté une formation en mois de 3 mois, un programme court pour les étrangers ». La danse a aussi son « bootcamp » ou start-up week-end.

Une plateforme SaaS de notation de la danse

Comme toutes les jeunes pousses, la Fabrique de la danse et ses 7 salariés peaufine son modèle économique. Ils visent 100.000 euros de chiffre d’affaires pour 2017 et élaborent deux leviers de croissance. D’abord des formations en entreprise par la danse, afin d’apprendre aux employés à mieux gérer leurs émotions, à améliorer leur créativité et à s’exprimer par le corps. Le groupe General Electric a déjà fait appel à leurs services. Mais surtout la plateforme « DanceNote » lancée au printemps. Cet outil permet aux chorégraphes de contemporaine de noter la danse, dans une discipline où l’écriture n’est pas codifiée. Les utilisateurs enregistrent ainsi des chorégraphies, les annotent, vérifient les répétions sous toutes les coutures. Un pur produit start-up pour une niche très précise, mais qui pourrait être utilisé dans d’autres segments du spectacle vivant. La Fabrique de la danse attend beaucoup du projet « DanceNote », en phase de commercialisation, ses créateurs cherchent un investisseur. A bon entendeur.

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