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Un plan sévère d’économies de 331 millions d’euros pour l’enseignement supérieur et la recherche

Le gouvernement prend le risque de mettre le feu aux poudres à l’université, secteur déjà sous pression. L’éducation nationale est touchée, elle, à hauteur de 75 millions d’euros.

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Publié le 13 juillet 2017 à 19h48, modifié le 14 juillet 2017 à 06h43

Temps de Lecture 3 min.

L’ardoise ne va pas manquer de provoquer la colère dans la communauté éducative. 331 millions d’économies sont à l’ordre du jour dès 2017 sur les lignes budgétaires qui concernent l’enseignement supérieur, la vie étudiante et la recherche, d’après deux projets de décret du gouvernement, que Le Monde a pu consulter.

Du côté de l’enseignement scolaire, c’est une économie de 81,6 millions qui se profile, si l’on tient compte de l’enseignement technique agricole. Soixante-quinze millions d’euros, comme annoncés dans Le Parisien, mercredi 12 juillet, par le ministre de l’action et des comptes publics, Gérald Darmanin, quand on exclut les dépenses qui relèvent du ministère de l’agriculture et non de l’éducation nationale.

Depuis les premières prises de parole de M. Darmanin, les universités savent qu’elles n’échapperont pas à la cure annoncée par Bercy. Reste que l’ampleur des annulations va bien au-delà de ce qui était attendu. D’après les projets de décrets d’avance, dévoilés par l’agence d’informations AEF, le budget des universités se voit ainsi entaillé de 95 millions d’euros, la vie étudiante de 46,4 millions, quand le reste de l’effort se concentre sur les différents domaines de la recherche.

Ces « suppressions de crédits sont équivalentes à la rémunération annuelle de 5 500 chercheurs. C’est inédit ! », s’est émue la députée du Tarn-et-Garonne de la Nouvelle Gauche (ex-PS), Valérie Rabault. « Inacceptable », a réagi le SGEN-CFDT, premier syndicat chez les personnels, qui menace de « prendre ses responsabilités » si cette annonce se confirme, sous-entendant des mobilisations à venir, quand le SNESUP-FSU appelle déjà à des assemblées générales dans les facs en septembre.

Rentrée « en danger »

Du côté du ministère de l’enseignement supérieur, on tempère : cet effort de redressement n’affectera « ni les moyens des universités ni les programmes de recherches engagés ou les campagnes d’emploi », promet la ministre Frédérique Vidal, dans un communiqué, jeudi 13 juillet. Pour ce qui est des quatre programmes relevant directement de son périmètre (formations supérieures, vie étudiante, recherches scientifiques et technologiques et recherche spatiale), les annulations correspondent en très grande partie – 160 des 180 millions d’euros – à des crédits « qui avaient été mis en réserve par précaution », justifie-t-elle.

Et pourtant, la rentrée apparaît de plus en plus « en danger » pour les présidents d’université. « Nous sommes extrêmement inquiets, réagit Gilles Roussel, à la tête de la conférence des présidents d’université. Étant donné la pression démographique [40 000 étudiants de plus attendus en septembre], les conditions d’études ne peuvent que se dégrader. » Ces sommes mises en réserve étaient jusqu’ici en partie « dégelées » en fin d’année, c’est-à-dire redistribuées aux établissements, afin de leur permettre de ne pas finir dans le rouge.

Ce signal négatif intervient à un moment particulièrement tendu dans le monde universitaire : la session d’admission des bacheliers dans l’enseignement supérieur qui s’achève se révèle très difficile, faute de places dans des licences surbookées. Une négociation périlleuse s’ouvre par ailleurs le 17 juillet : Mme Vidal lance une concertation autour de la réforme des « prérequis » – promesse de campagne du candidat Macron –, remettant sur la table la question de la sélection à l’entrée de l’université.

Un service public qui souffre du manque de moyens

Si ces 331 millions représentent une part marginale du budget global du secteur – de l’ordre de 27 milliards d’euros –, l’accroc n’en est pas moins important pour un service public qui souffre cruellement du manque de moyens. Depuis déjà trois ans, les universités accueillent les milliers d’enfants du boom démographique des années 2000, sans voir leurs moyens augmenter. En juin, la Cour des comptes comptabilisait six établissements dans une situation financière « très dégradée », neuf autres dans une « situation dégradée ». Le monde de la recherche sort lui aussi en mauvaise posture d’un quinquennat Hollande durant lequel, disent les syndicats, le manque de postes et la précarité se sont accrus dans les laboratoires.

Fortement attendu, le coup de pouce budgétaire obtenu pour la première fois en 2017, avec 850 millions d’euros supplémentaires – dont 100 millions pour les universités – se retrouve sérieusement amputé par ces annulations.

Du côté de l’éducation nationale, les coupes budgétaires ont beau être moindres, on doute, sur le terrain, que cela puisse se faire sans toucher à la masse salariale. D’autant que le nouveau locataire de la rue de Grenelle, Jean-Michel Blanquer, ouvre un chantier après l’autre à vive allure : si les classes de CP dédoublées en zone d’éducation prioritaire, la grande mesure de la rentrée 2017 au primaire, doivent se mettre en place en partie par un redéploiement de postes, le projet des « devoirs faits » proposé dès l’automne dans les collèges pour aider les élèves, nécessite 150 millions d’euros. Dans les deux secteurs, le message de rigueur inquiète, en pleines négociations budgétaires pour 2018.

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