Le parcours de Georges Képénékian ne le destinait pas à occuper les plus hautes fonctions politiques. Pourtant, à 68 ans, ce chirurgien urologue est devenu lundi 17 juillet le nouveau maire de Lyon en remplacement de Gérard Collomb, dont la nouvelle fonction de ministre de l’Intérieur l’oblige à renoncer à ses mandats locaux.

Georges Képénékian a obtenu sans surprise la majorité absolue, avec 49 voix sur 72, lors d’une session exceptionnelle du Conseil municipal.

Homme de confiance de Gérard Collomb

« Képé » comme il est surnommé, est devenu un des deux hommes de confiance choisi par Gérard Collomb pour garder la main à Lyon, avec David Kimelfeld, élu la semaine dernière à la tête de la métropole lyonnaise.

Georges Képénékian est réputé sur place pour son caractère « fidèle » et dénué « d’ambition politique ». Des qualités qui auraient permis à « Képé » de rester dans les petits papiers de Gérard Collomb, quand d’anciens protégés du « patron » comme Nathalie Perrin-Gilbert (maire du 1er arrondissement), Najat Vallaud-Belkacem et Thierry Braillard ont été jugés à l’époque trop « ambitieux » et écartés.

Georges Képénékian s’est fait remarquer durant la campagne municipale de 2008 aux côtés de Gérard Collomb. Après l’élection de ce dernier, il accède au poste clé d’adjoint à la culture. Fonction qu’il conserve en tant que premier adjoint après les élections de 2014 et qui lui a permis d’entretenir l’image d’un grand travailleur, capable d’organiser des événements comme la fête des Lumières ou encore la célèbre biennale d’art contemporain.

Militant de la cause arménienne

Fils d’immigré, « Képé » indique n’avoir parlé qu’arménien jusqu’à l’âge de cinq ans. Militant au parti socialiste « depuis tout jeune », il commence sa carrière à l’hôpital Saint-Joseph-Saint-Luc et devient un chirurgien urologue renommé. Un métier que cet hyperactif continue d’exercer alors qu’il est adjoint à la culture. « Il opérait le matin et allait travailler à la mairie l’après-midi », indique l’un de ses proches.

Georges Képénékian s’est véritablement fait connaître du grand public par son engagement pour la reconnaissance du génocide arménien. En 1987, alors responsable du « Comité de défense de la cause arménienne », il assiste à Strasbourg au vote du Parlement européen qui entérinera cette reconnaissance.

L’homme en garde un souvenir vif : « D’un coup la pluie s’arrête. Je suis tétanisé, KO. Une clameur monte, et je comprends ce que signifie laver une indignité », confiait-il en 2010 dans une interview à La Tribune.

Marié et père de trois enfants, Georges Képénékian est également connu à Lyon pour avoir fait « entrer » la culture dans l’hôpital où il pratique. À partir de 2005, il organise des concerts, des conférences et des expositions de peinture dans le centre hospitalier Saint-Joseph-Saint-Luc. Cette appétence pour le monde culturel lui permet plus tard de devenir adjoint à la culture et de gérer le budget colossal de la ville de Lyon en la matière (20 % du total des dépenses). Pourtant, l’homme indique ne pas un être un intellectuel mais plutôt un « travailleur ».

Cette modestie affichée fait notamment dire à ses détracteurs qu’il n’est « qu’un pantin » aux ordres de Gérard Collomb avant les élections de 2020. Mais pour ceux qui le côtoient, l’humilité est justement sa force de caractère.