Israël Tech Challenge ou la discipline militaire pour la formation accélérée des ingénieurs
Un émigré français a co-fondé en Israël une école spécialisée dans l’intelligence artificielle et la cybersécurité. Ses méthodes d’enseignement inspirées par l’armée ont séduit des grands groupes technologiques américains mais aussi une grande banque française.
Comment faire un plongeon dans le pays qui est devenu au cours des dernières années la « start up nation », rivalisant avec la Silicon Valley américaine, et ressortir d’Israël avec une formation renforcée d’ingénieur ? Il y a cinq ans Oren Toledano a décidé avec ses associés de lancer à Tel Aviv, la capitale de la high-tech israélienne, une école de formation accélérée dans deux domaines de prédilection : l’intelligence artificielle et la cybersécurité. Né en France, le PDG d’Israel Tech Challenge a fait son « alya » (immigration en Israël) à l’age de 17 ans.
Mais à la grande différence d’autres écoles de code, par exemple 42 de Xavier Niel en France, Israël Tech Challenge (ITC) propose une super-formation en un an seulement. Ailleurs cela prendrait trois ans, selon son promoteur. La méthode d’Olen Toledano et de son association à but non-lucratif est calquée directement sur le modèle militaire : d’interminables heures de formation avec une journée qui peut commencer à l’aube pour se terminer à 23 heures, pas de temps pour les loisirs et des week ends consacrés aux devoirs. « Nous n’avons pas prévu de salle de gym. Si l’on veut se maintenir en forme, on peut courir le long de la mer tôt le matin », dit Oren Toledano. Le promoteur d’Israel Tech qui a fait partie de l’Agence Juive, a mis à profit sa propre expérience personnelle : dix ans dans une unité de renseignement de l’armée israélienne jusqu’au grade de commandant.
Israël Tech, partenaire des entreprises
Il est vrai qu’Israël a développé une forte connexion entre l’armée, l’industrie et l ’université. L’objectif est clair : comme dans les entraînements militaires, il s’agit d’augmenter les capacités de ces jeunes ingénieurs à affronter des défis et apprendre à surmonter des difficultés. Et les craquages ? Oren Toledano affirme qu’ils ne surviennent jamais ou presque jamais. Non seulement l’école est très attentive au recrutement mais lorsqu’un étudiant se sent déprimé « le groupe le prend en charge ». La formation comprend des cours pendant six mois suivis de six autres mois dans une entreprise en Israël. Des entreprises qui assurent des salaires élevés, environ 80% d’une rétribution de la Silicon Valley soit de 100.000 à 150.000 dollars sur une base annuelle, affirme-t-il.
Chaque année, Israël Tech forme une cinquantaine de personnes, venues de nombreux pays (France, Etats-Unis, Australie, Argentine, Royaume Uni) et dont certaines sont sortis d’écoles prestigieuses (Polytechnique, Centrale, Oxford, Columbia…). Israel Tech a conclu une série de partenariats avec des entreprises comme Microsoft, e-Bay, PayPal, Check Point ou encore Intel et s’apprête à en conclure avec une grande banque française et d’autres entreprises. Près de 80% des étudiants restent à leur sortie d’Israël Tech dans leur société d’origine mais avec une nette évolution de carrière et parfois avec un doublement de salaire. « Environ 60% des formateurs viennent d’ailleurs de ces compagnies partenaires », précise Olen Toledano. La formation elle-même revient à 30.000 dollars par personne dont une partie aidée, laissant 11.000 dollars à payer par étudiant.
Le modèle est-il applicable en France ? En tout cas, affirme Oren Toledano, la France s’intéresse de près à l’open innovation surtout avec l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir. Le président qui veut faire de la France la « nation des start-ups ». Une histoire à suivre.