Financement public des partis politiques : qui perd, qui gagne ?

Le système de financement public des partis politiques fait que les résultats des élections législatives ont des conséquences financières importantes pour ces derniers.

Paris - Assemblée Nationale - Fort de 400 députés, LREM peut engranger 100 millions d'euros de financement public. 
Paris - Assemblée Nationale - Fort de 400 députés, LREM peut engranger 100 millions d'euros de financement public.  LP / Arnaud Dumontier

    Le grand chambouletout politique aura des retombées sonnantes et trébuchantes. Sonnantes pour les partis sortis victorieux des dernières législatives, trébuchantes pour les formations défaites. Car, depuis 1988 et le scandale « Urba » qui avait éclaboussé le PS jugé coupable de financement occulte, les partis politiques vivent essentiellement de subventions publiques. Un effort d'assainissement salutaire doublé d'un grand élan démocratique : plus une formation est légitimée par le suffrage populaire (en voix et en nombre de sièges), plus la manne publique est généreuse.

    Alors, le réveil, au lendemain du 18 juin, ne pouvait être que douloureux pour les deux principaux partis de l'Assemblée élue en 2012 mais devenus l'ombre d'eux-mêmes en 2017. Avec une trentaine de sièges contre 295 députés dans l'Assemblée sortante, le PS risque bel et bien la cale sèche. Avec la possible mise en vente de l'emblématique siège de la rue de Solferino, dans le prestigieux VIIe arrondissement de Paris, acheté en 1986 l'équivalent de 8 M€ et estimé aujourd'hui à... 53 M€.

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    Même cataclysme chez les Républicains (LR). Réduit à une centaine de députés contre 200 précédemment, le parti gaulliste, privé de capitaine, éparpillé en plusieurs groupes dans l'hémicycle et lesté d'une dette himalayenne de 55 M€, est aujourd'hui à la dérive, en difficulté pour rembourser ses emprunts bancaires. Les cadres du parti, en quête du moindre centime, espérant bien récupérer le « trésor de guerre » de 3 M€ collecté par François Fillon pendant la campagne présidentielle, un pécule que les dirigeants LR estiment devoir revenir au parti, quitte à, pour cela, en appeler à la justice. Ambiance...

    C'est en revanche le jackpot pour la République en marche (LREM). Le mouvement du président, parti de rien il y a un an et demi, et fort désormais de près de 400 députés, peut ainsi espérer engranger quelque 100 M€ sur le quinquennat ! Autres gagnants des urnes, le MoDem, l'allié centriste de LREM, et la France insoumise, ancrée, elle, dans l'opposition, dont les caisses à l'un et à l'autre devraient s'enrichir de quelques millions dans quelques mois.

    Un système encore à améliorer

    Malgré sa plus grande transparence, le système, estime René Dosière, ex-député PS, grand scrutateur de l'utilisation des deniers publics, « permet encore de nombreuses dérives ». Comme par exemple les dizaines de milliers d'euros versés à des microformations tels le Parti animalier (90 000 € par an) ou Régions et peuples solidaires (246 000 € par an).

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    Pour dépasser ce système de financement, le projet de loi sur la moralisation de la vie publique prévoit, notamment, la nomination d'un « médiateur » entre un candidat, un parti et les banques privées facilitant l'accès à des prêts bancaires publics pour tous les partis. « Quelle que soit sa forme, un système donnant à un candidat ou à une formation des possibilités de se financer plus importantes et plus diversifiées que les simples dotations publiques est indispensable, estime un député de gauche. Il en va de notre démocratie. »