Foucherans (39) - Social 100 jours de grève aux Opalines

Depuis trois mois (avec un chifffre rond atteint ce mardi), le conflit perdure dans l’établissement pour personnes âgées Les Opalines, près de Dole. Les employés qui suivent le mouvement sont minoritaires, mais restent très déterminés.
Joël MAMET - 12 juil. 2017 à 05:03 | mis à jour le 12 juil. 2017 à 10:10 - Temps de lecture :
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Exceptionnelle, la durée. Du jamais vu en France au sein des EHPAD (le sigle officiel des maisons de retraite). 

Tous secteurs d’activités confondus, difficile de trouver un conflit plus long. Si : 214 jours d’arrêt de travail dans un bureau de poste des Pyrénées-Orientales, en 2016… À côté, le conflit au sein de la SNCF (24 novembre au 15 décembre 1995) ferait presque figure de « petit joueur ».

Sûr, les 10 employés grévistes (des aides-soignantes, surtout), soit le quart du personnel à temps plein de la maison de retraite du groupe privé Les Opalines (77 résidents), à Foucherans (Jura), ne cherchent pas à figurer dans le Livre Guiness des records. Car plus de 3 mois sans percevoir leur salaire, ça fait mal, très mal. Comment font-ils pour ne pas trop perdre d’argent ? « On a organisé un concert le 25 mai », répond la tonique cégétiste Anne-Sophie Pelletier. « La salle était gratuite, les musiciens se sont produits bénévolement. On a récolté de quoi payer 40 % de nos salaires de mai. On a aussi notre caisse de solidarité. On collecte de l’argent dans les rues. Il nous arrive de récolter 200 € en 1 h 30. ça nous fait 20 € chacun… »

« On demande toujours 100 € net de plus par mois »

Comment cet EHPAD parvient-il à prendre en charge les résidents, avec le quart de son personnel en moins ? « Au début, la direction a fait venir des employés d’autres établissements des Opalines, puis elle a recruté des CDD. 12 résidents ont aussi été placés dans d’autres maisons, à Dole, Arbois, Salins… » Les grévistes disent avoir encore le soutien de nombre de familles, même si celui-ci semble moins s’exprimer publiquement qu’au début.

Aucune avancée depuis 15 jours, alors qu’une issue semblait possible. Depuis le début, les personnels demandaient l’embauche de 2 salariés, pour pouvoir consacrer un peu plus de temps qu’un quart d’heure par jour à la toilette des malades. Ils ont obtenu gain de cause sur ce point. Sauf que ce n’est pas le groupe Les Opalines qui va financer ces 2 postes, mais de l’argent public, à travers l’Agence régionale de santé.

« On demande toujours 100 € net de plus par mois, et une prime de 27,95 € net par dimanche travaillé, au lieu d’un peu plus de 22 », résume Anne-Sophie Pelletier. « La direction se contente de vouloir verser une prime, une seule fois, de 375 euros net. Le salaire mensuel minimum ici c’est 1 250 € net. Ce n’est évidemment pas suffisant. Pas digne. Voilà pourquoi on va continuer à se battre ».

Jointe par notre journal, la direction du groupe (qui se porte bien) ne souhaite pas s’exprimer. Sans doute fait-elle le pari d’un « pourrissement » du conflit. Classique, quand il s’installe dans la durée. Mais la ténacité des « lutteurs » s’inscrira dans l’histoire des mouvements sociaux.