Savoir flotter, prendre sa respiration et esquisser quelques brasses pour rejoindre le rivage ou le bord de la piscine : ces gestes simples pour éviter la noyade, 16,3 % des Français (soit près d’un sur six) ne se déclarent pas capables de les effectuer, selon une étude publiée mardi 18 juillet 2017 dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH).
Cette proportion a été calculée à partir du baromètre santé 2016, questionnaire adressé à plusieurs milliers de personnes âgées de 15 à 75 ans. Une comparaison avec le précédent baromètre, datant de 2010, montre une légère amélioration de la situation, puisque le nombre de personnes déclarant ne pas savoir nager du tout a baissé de 2 points en six ans.
La moitié des femmes âgées ne savent pas nager
Cette moyenne d’un Français sur six qui ne sait pas nager masque de grandes disparités, en premier lieu liées à l’âge. Les personnes nées dans les années 1950 n’ont pas bénéficié de l’apprentissage à l’école, instauré par une circulaire de 1965. Résultat, 30 % des plus de 55 ans, et 40 % des plus de 65 ans ne savent pas nager.
Et si le baromètre santé ne s’intéresse qu’aux 15 ans et plus, une enquête complémentaire, réalisée auprès d’élèves de CM2, indiquait que 15 % d’entre eux ne savaient pas nager en 2012.
Ces différences de compétences liées à l’âge se doublent d’une inégalité entre les sexes : chez les populations les plus âgées, les femmes sont deux fois plus nombreuses que les hommes à déclarer ne pas savoir nager. C’est le cas de 52,1 % des femmes de plus de 65 ans.
Des inégalités liées à la corpulence ou au diplôme
L’analyse publiée dans le BEH a cherché les raisons qui conduisent à renoncer à l’apprentissage de la natation. Quelques différences ont été notées entre les régions, avec davantage de nageurs en Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse (89,2 %), que dans les Hauts-de-France (75,7 %), ou selon la densité de piscines par département.
Mais, d’après l’étude, « les facteurs associés à la capacité à nager sont avant tout socio-économiques : un diplôme supérieur au baccalauréat, être professionnellement actif, être issu d’une catégorie socioprofessionnelle élevée ou moyenne et avoir un revenu élevé ».
En effet, plus d’un quart des Français peu diplômés (et un tiers des femmes) ne savent pas nager, contre 6 % des diplômés du supérieur.
Autre facteur relevé dans l’étude : la corpulence. Les personnes en surpoids ou souffrant d’obésité sont beaucoup plus nombreuses que les autres à déclarer ne pas savoir nager. Le sociologue Jean-Paul Callède évoque notamment, dans Atlantico, les « obstacles symboliques » à l’apprentissage de la natation, liées à la culture et au « rapport au corps dénudé ».
Près de 500 noyades par an
L’apprentissage généralisé de la natation est un enjeu majeur de santé publique, en particulier pour éviter les noyades, qui causent en moyenne 500 morts en été. Ainsi, entre trois et quatre personnes (3,6 en moyenne) avaient perdu la vie chaque jour à cause d’une noyade entre le 1er juin et le 30 septembre 2015, selon une enquête publiée par le BEH en octobre 2016.
La plupart des accidents mortels se déroulent en lac ou rivière (180 morts à l’été 2015), en mer (167 morts) et dans une moindre mesure dans des piscines individuelles (59 morts). Les plus de 65 ans constituent la tranche d’âge la plus touchée par des noyades mortelles.
Les personnes qui ne savent pas nager ne sont pas les seules susceptibles de se noyer. En effet, certains nageurs surestiment leurs capacités et peuvent être surpris par le courant ou la température de l’eau en extérieur. A cet égard, le questionnaire du baromètre santé ne fait pas de distinction entre savoir nager à la piscine ou en eau libre.
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