CYBERSÉCURITÉLes premiers pas compliqués des ministres sur Twitter

Faux compte, usurpation d’identité: Les premiers pas compliqués des ministres sur Twitter

CYBERSÉCURITÉDans la nuit de lundi à mardi, un préadolescent s’est emparé du compte officiel du ministère de la Culture pour tweeter des insanités…
Helene Sergent

Helene Sergent

L'essentiel

  • Plusieurs couacs ont éclaté sur Twitter depuis la nomination du nouveau gouvernement d’Edouard Philippe
  • La ministre de la Défense et la ministre de la Culture ont toutes deux été victimes d’usurpations d’identité
  • Une enquête interne serait en cours selon les informations obtenues par «20 Minutes»

Que s’est-il passé ce lundi soir sur le compte Twitter officiel du ministère de la Culture ? Pendant quatre heures, un internaute affirmant être le fils du community manager* du compte du ministère s’est emparé des identifiants pour tweeter des dizaines de messages, invectivant et insultant certains utilisateurs.

Dans un communiqué publié ce mardi matin, l’administration dirigée par Françoise Nyssen a présenté « toutes ses excuses pour ces tweets indésirables ».

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« Une enquête interne est en cours. Ce que l’on sait pour le moment, c’est qu’un préadolescent a eu accès au compte du ministère pendant la nuit. Depuis, l’ensemble des mots de passe a été changé, l’incident est clos », a insisté auprès de 20 Minutes le service de communication de la rue de Valois, sans confirmer le lien de parenté supposé du jeune homme avec un agent travaillant pour le ministère. En quelques mois, c’est la troisième fois que le gouvernement est la cible d’un dérapage sur Twitter.

Des gestions différentes de la communication

Pour comprendre comment un tel événement a pu se dérouler, il faut distinguer la gestion de la communication d’un ministre et d’un ministère. Généralement, la gestion du compte Twitter d’un ministre est confiée à son conseiller en communication au sein du cabinet. A la fin du mois de juin, un compte au nom de la ministre de la Défense, Florence Parly,a créé une confusion sans précédent en confirmant la mort du leader de Daesh, Abou Bakr al-Baghdadi. Or il s’agissait d’un faux compte.

Capture d'écran du tweet de Florence Parly (désormais supprimé).
Capture d'écran du tweet de Florence Parly (désormais supprimé). - Capture d'écran

« Depuis cet épisode, on a créé un compte officiel certifié par les équipes du site. On travaille sur des ordinateurs sécurisés et on a des consignes très strictes en matière d’usage des périphériques comme les clés USB par exemple. Quant au compte Twitter de la ministre, nous sommes deux à posséder les identifiants qui changent toutes les deux ou trois semaines : la ministre et moi-même », détaille Grégoire Devaux, responsable de la communication au cabinet de Florence Parly

Dans le nouveau couac survenu lundi, il ne s’agit pas d’une usurpation d’identité d’un ministre mais du détournement du compte d’un ministère. « Les cabinets n’ont pas la main directement, ce sont les agents de la direction de la communication du ministère qui gèrent les comptes officiels » des maroquins explique Valério Motta, conseiller en stratégie de communication numérique et ex-conseiller communication et presse de la précédente secrétaire d’Etat aux droits des femmes.

Des ministres peu présents sur les réseaux

Comment des ministres nommés depuis plusieurs jours ont-ils pu être la cible de tels canulars ? « Certaines personnalités devenues ministres n’avaient pas de compte Twitter ni de présence structurée sur les réseaux sociaux. Le temps de mise en place est donc forcément plus long et plus critique qu’un homme politique qui était déjà actif sur ce site et identifié par les internautes », répond Valério Motta. Ce fut notamment le cas pour la ministre de la Culture Françoise Nyssen. Un faux compte à son nom avait annoncé la (fausse) mort de la Nobel de littérature Svetlana Alexievich, au lendemain de sa nomination.

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Pour cet ancien membre de cabinet comme pour Romain Pigenel, ex-directeur adjoint en charge du numérique du SIG (Service d’Information du Gouvernement), le « facteur humain » représentera toujours un risque dans la gestion de la communication numérique. « Dès qu’on introduit du digital, on introduit du risque. On peut décider de travailler dans une culture de la sécurité absolue au sein des ministères ou accepter que les agents puissent faire des mises à jour de chez eux par exemple. Si c’est le cas, il faut accepter qu’il y ait des dérapages », développe Romain Pigenel.

« Les directions de la communication des ministères ne sont pas des machines »

Selon eux, en revanche, les agents de l’Etat en matière de cybersécurité et des usages numériques sont montés en compétence au sein des ministères et des cabinets. « Il faut relativiser, à l’échelle du nombre de comptes Twitter liés à l’Etat (préfectures, ministres, secrétaires d’État etc.) ces incidents arrivent rarement », explique l’ancien membre du SIG. Mais comment expliquer qu’il ait fallu attendre quatre heures ce lundi soir pour que les équipes du ministère interviennent et suppriment les tweets injurieux ?

Rue de Valois, on explique simplement que le canular a eu lieu dans la nuit, ce qui a rallongé le temps de réaction habituel de l’administration. Pour l’ex-conseiller en communication Valério Motta, la réduction des effectifs au sein des cabinets de ministre a aussi des conséquences : « Il faut bien mesurer que les directions de la communication des ministères ne sont pas des machines avec 130 agents à leur disposition. Ce sont des équipes réduites. N’oublions pas non plus que l’incident s’est déroulé en pleine période de vacances. Un temps de réaction de 3 à 4 heures, la nuit, un 17 juillet, sur ce genre d’incident, ce n’est pas glorieux mais ce n’est pas dramatique ».

* Animateur de communautés

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