Le purin d’ortie, un engrais naturel et insecticide
- Publié le 19-07-2017 à 07h58
- Mis à jour le 19-07-2017 à 08h02
La société engissoise Belgagri va commercialiser un purin d’orties 100 % belge d’ici fin 2018.Et si les mauvaises herbes qui poussent dans votre jardin pouvaient être bénéfiques pour votre potager ? L’ortie, si elle a mauvaise réputation due à ses propriétés urticantes, est connue depuis l’antiquité pour ses nombreuses vertus. Riche en azote, oligo-éléments et minéraux (taux élevé en fer), l’herbe sauvage est utilisée contre les infections, démangeaisons, etc., comme complément alimentaire pour animaux, dans les potages, et une fois transformée en purin, elle est aussi un excellent engrais et insecticide pour les cultures.
Créée en 1985 et reprise par l’agronome Vincent Samain en 1995, la société Belgagri installée à Engis conçoit, fabrique et commercialise tant pour les particuliers que les professionnels de l’élevage et de l’agriculture, des biocides destinés à lutter contre les nuisibles (rats, souris, insectes volants, rampants…). Des produits chimiques que l’entreprise tente de remplacer progressivement depuis le rachat en 2015 de la filiale française Protecta, spécialisée dans les produits naturels innovants. Depuis ce rachat, Belgagri développe et commercialise une gamme de produits alternatifs "Protecta". Parmi ces produits, figure le purin d’orties qui est empaqueté sous forme liquide dans un cubi et utilisable en agriculture biologique. Véritable potion magique, celui-ci stimule et protège les jardins et exploitations agricoles par ses pouvoirs fertilisants (il active et régule la croissance des plantes), sa qualité de vaccin (il renforce la résistance des plantes contre les maladies comme la rouille, le mildiou ou l’oïdium) et d’insecticide (contre les pucerons et acariens).
Un produit 100 % naturel
Jusqu’ici, Belgagri commercialise du purin d’orties fabriqué en France où il est autorisé depuis plusieurs années. Venant seulement de l’être chez nous, le produit va désormais être fabriqué en Belgique. En effet, Belgagri a scellé en juin dernier un partenariat avec la SPRL Agripur, pilotée par le cultivateur Georges Beguin, qui a créé il y a quatre ans une filiale de production de d’orties, unique en Belgique : Agrortie. L’homme produit, avec deux autres agriculteurs, 15 ha de culture de cette urticacée sur Sombreffe et Incourt, qu’ils transforment en pellets comme complément alimentaire pour les chevaux de compétition. Des tests sont en cours pour en faire des compléments alimentaires pour chiens et pour le transformer en produit surgelé pour l’alimentation humaine.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’ortie, plutôt envahissante à l’état sauvage, s’avère très difficile à cultiver en plein champ. Exigeante, "elle ne supporte pas la sécheresse", explicite l’agriculteur. "C’est une plante difficile à faire pousser car la graine est très petite. On la plante donc d’abord en serre et on la repique à la main en champ par la suite car sinon elle est étouffée par les mauvaises herbes". Et d’ajouter : "La première année, elle ne produit rien. Ce n’est qu’à partir de la troisième année que l’ortie va produire normalement".
D’ici 2018, Agrortie prévoit la construction d’une unité de production de purin d’orties à Sombreffe pour un investissement estimé entre 300 000 et 500 000 euros, qui devrait permettre la production annuelle de 500 000 litres de purin en 2018. "On va créer une usine avec un système de macération de l’ortie dans de l’eau de pluie", explique Georges Beguin. Celui-ci fournira son purin à Belgagri tandis que cette dernière mettra à disposition son réseau commercial pour le distribuer. Un produit 100 % belge et "amélioré" (sans odeurs) qui sera commercialisé fin 2018 voire début 2019.
