Ce qui paraissait impossible il y a à peine dix ans est aujourd'hui un fait avéré: les personnes séropositives au VIH sous traitement peuvent vivre longtemps en bonne santé et ne transmettent pas le virus à leurs partenaires. Si toutes les personnes qui vivent avec le VIH dans le monde étaient diagnostiquées, recevaient un traitement, avaient des conditions de vie acceptables leur permettant d'observer un suivi médical régulier, le virus responsable du sida se transmettrait de moins en moins jusqu'à atteindre zéro nouvelle infection.
Pour y parvenir, des réponses locales, au plus près des personnes et des communautés qui en ont besoin, doivent être inventées. Car l'épidémie de VIH touche de façon disproportionnée certaines populations et certains territoires, en particulier les grandes villes où vit la majorité des personnes atteintes. À elle seule, Paris compte 20% des nouvelles infections au VIH en France chaque année (pour 3% de la population nationale) ; 90% de ces nouveaux diagnostics concernent soit des hommes ayant des rapports sexuels entre hommes, soit des personnes nées dans un pays à forte prévalence, principalement d'Afrique ou des Caraïbes, mais qui se sont infectées en France dans un tiers à la moitié des cas.
Ville emblématique de la lutte contre le sida, Paris est le fer de lance du mouvement international des villes pour mettre fin à l'épidémie d'ici 2030 en atteignant les cibles 90-90-90 de l'ONUSIDA qui combinent un objectif de diagnostic, un objectif d'accès aux traitements et un objectif de qualité du traitement.
A l'heure où la capitale française accueille la conférence mondiale sur le sida, nous célébrons le fait que Paris est sur le point d'atteindre ces objectifs. Plus de 90% des personnes qui se savent séropositives ont accès au traitement et 94% de celles qui reçoivent un traitement depuis plus de six mois ont une charge virale indétectable.
A quoi sont dus ces progrès remarquables? A une volonté politique et à une détermination sans faille de tous les acteurs.
Les dernières données de l'ONUSIDA montrent en effet une nette accélération des progrès réalisés. Depuis 2006, les décès liés au sida ont chuté de 47% et le nombre de nouvelles infections par le VIH ont diminué de 16% de 2010 à 2016. Sur la même période, le nombre de personnes ayant accès aux thérapies antirétrovirales a plus que doublé: à ce jour, la moitié des personnes vivant avec le VIH dans le monde a accès aux traitements. Ces progrès doivent être salués et soutenus.
Mais si la réponse à l'épidémie de sida démontre une force indéniable, ses fragilités sont réelles. Nous devons inlassablement nous battre pour une plus grande inclusion, des communautés plus solides, des financements pérennes, et toujours le courage d'une ambition à la mesure des besoins.
Aujourd'hui la plupart des soins de santé de routine peuvent être dispensés par des agents de santé communautaires bien formés. C'est pourquoi ONUSIDA salue la décision de l'Union Africaine de recruter et former 2 millions d'agents de santé communautaires rémunérés en Afrique.
Pour mettre fin au sida, il manque 7 milliards de dollars par an sur les 26 milliards requis. De nouveaux modes de financement sont nécessaires et doivent être mieux ciblés. La taxe sur les transactions financières comporte un potentiel encore largement inexploité. En sus de son engagement local, la Mairie de Paris consacre chaque année 1,8 million d'euros à la lutte contre le sida en Afrique par un soutien à des organisations de la société civile. D'autres villes devraient suivre cette voie.
Aujourd'hui, 19,5 millions de personnes vivant avec le VIH à travers le monde ont accès aux thérapies antirétrovirales, mais un nombre équivalent en est privé. En Afrique de l'Ouest, seule une personne vivant avec le VIH sur trois reçoit un traitement. C'est inacceptable, d'où le plan de rattrapage inspirée par l'ONUSIDA et Médecins sans Frontières et développé par les pays de la région pour changer la donne. De même, alors que la nombre de nouvelles infections a reculé de 16% dans le monde depuis 2010, il a augmenté de 60% en Europe de l'est et en Asie centrale, où seules 28% des personnes vivant avec le VIH ont accès aux traitements.
Dans des pays où les populations clés sont laissées pour compte, où tous les outils de dépistage, de réduction des risques et de prévention ne sont pas disponibles, les villes et les élus locaux doivent prendre le leadership d'une réponse courageuse.
Ensemble, nous devons nous mobiliser sans relâche pour que dans chaque ville, dans chaque quartier, dans chaque communauté, personne ne soit laissé de côté. Mettre fin à l'épidémie de sida est possible.
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