Soldats mal logés, insalubrité des structures : la réalité des économies militaires

Selon un rapport de la commission des Finances du Sénat, le patrimoine immobilier de l'armée est dans un état «proche de l'insalubrité». 

Toulon (Var). A la base navale, les fuites d’eau coûtent chaque année 2 M€, selon un rapport de la commission des Finances du Sénat.
Toulon (Var). A la base navale, les fuites d’eau coûtent chaque année 2 M€, selon un rapport de la commission des Finances du Sénat. PHOTOPQR/« NICE MATIN »/DOMINIQUE LERICHE

    Avec ses casernes, ses camps militaires et ses nombreuses infrastructures disséminées partout en France, le ministère des Armées possède l'un des plus gros patrimoines immobiliers de l'Etat. Une surface de près de 275 000 ha estimée à plus de 16 Mds€. De quoi fanfaronner ? Surtout pas ! Car l'état du parc immobilier de la Grande Muette est catastrophique, selon un rapport de la commission des Finances du Sénat, dévoilé en exclusivité par « le Parisien » - « Aujourd'hui en France ». Il y est fait état d'un patrimoine immobilier et particulièrement d'hébergements « extrêmement dégradés, voire proches de l'insalubrité ».

    LIRE AUSSI
    > Vingt-cinq ans de coupes budgétaires

    Exemple à la base aérienne d'Orléans (Loiret) où des bâtiments sont « inutilisables en raison de leur insalubrité résultant d'un défaut de maintenance régulière ». Idem pour certains dortoirs du lycée militaire d'Autun (Saône-et-Loire) ou les logements du camp du 2e régiment d'infanterie de marine du Mans (Sarthe) qui « apparaissent très dégradés » et dont les conditions sanitaires ne correspondent plus « aux standards actuels de confort ».

    LIRE AUSSI
    > Pourquoi l'armée doit économiser 850 millions d'euros

    Malgré une hausse de 12 % des crédits budgétaires alloués à l'immobilier du ministère depuis 2008, le compte n'y est pas. Comment est-ce possible ? « Les infrastructures des armées ont longtemps été, sinon le parent pauvre, tout du moins une variable d'ajustement budgétaire du ministère des Armées », tacle le rapport. Et tant pis si la logique du portefeuille prévaut sur tout le reste. Ainsi, à la base de Toulon (Var), les fuites d'eau coûtent chaque année 2 M€. Mais les travaux pour résoudre le problème se montent à 60 M€, « ne permettant de rentabiliser l'opération qu'à l'issue d'une période de trente ans », note le rapport. Du coup, rien n'a été fait.

    Les soldats mal logés

    Mais ce n'est tout. Depuis les attentats de janvier 2015, la baisse d'effectifs n'a finalement pas eu lieu. Or, « ces moindres déflations de postes sont à l'origine de besoins en infrastructures (hébergement, restauration, équipements sportifs...) qui n'ont pas été pris en compte dans la loi de programmation militaire ». Et le ministère a multiplié les cessions ces dernières années pour trouver des recettes. Du coup, « il n'existe plus assez de casernes pour héberger les militaires dans les grandes agglomérations, alors même que la menace s'exerce en milieu urbain ». Les soldats sont logés trop loin du site de leur mission, dans des casernes vétustes, voire des préfabriqués et « l'état de dégradation de certaines infrastructures a un impact très défavorable sur le moral des personnels », soulignent les sénateurs. Et cela ne semble pas près de s'améliorer. En 2014, les besoins supplémentaires pour le budget du patrimoine immobilier des armées pour les six prochaines années étaient évalués à 79 M€. En 2017, cette estimation s'est envolée à 2,5 Mds€.