Etats-Unis

«Macron adore me tenir la main» et autres étranges répliques de Trump au «New York Times»

Si le président américain accuse régulièrement le quotidien de diffuser de fausses infos, il a pourtant accordé samedi un entretien à trois de ses journalistes. Morceaux choisis d'une curieuse interview.
par Aude Massiot
publié le 20 juillet 2017 à 17h31

Donald Trump, qui n'hésite pourtant pas à critiquer vivement sur Twitter le «failing» (défaillance) du New York Times, a accordé à trois journalistes du quotidien américain une longue interview où il se livre assez largement sur une série de sujets : de son admiration pour la parade du 14 juillet, à laquelle il a assisté à Paris la semaine dernière, au rendez-vous de son fils avec une avocate russe, en passant par son passage devant la tombe de Napoléon aux Invalides. Cinq éléments que l'on peut retenir de cet entretien (dont le journal n'a publié que des extraits).

1. Macron adore tenir la main de Trump

«C'est un gars génial. Intelligent. Fort. Adore me tenir la main.» Cette description du président Macron par le milliardaire peut sembler étonnante, pourtant ce dernier a répété trois fois ce fait particulier : «Les gens ne réalisent pas qu'il adore me tenir la main», puis «je pense qu'il sera un formidable président pour la France. Mais il aime vraiment me tenir la main.»

Le président américain a, lui, adoré la parade du 14 juillet sur les Champs-Elysées. La semaine dernière, le Washington Post expliquait dans un article que c'était même une des raisons de sa venue à Paris. «C'était un des plus beaux défilés que j'ai jamais vus. D'ailleurs nous devrions en faire un sur Pennsylvania Avenue [rue qui traverse le centre de Washington D.C., passe par la Maison Blanche et le Congrès, ndlr] Et de s'étendre sur l'événement : «La parade de la prise de la Bastille, c'était extra. C'était beaucoup mieux que la normale. Il y avait 200 avions au-dessus de nos têtes. Normalement, il y a les avions et après c'est fini, comme pour le Super Bowl. […] Là ça a duré deux heures. […] Le tout était vraiment incroyable.»

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Le président relate ensuite son dîner au restaurant Jules Verne avec le couple Macron, au deuxième étage de la tour Eiffel, et un fait totalement fantasmé : «Au bas de la tour Eiffel, c'était comme s'il n'y avait jamais eu une plus grande fête de toute l'histoire de la tour Eiffel. Il y avait des milliers et des milliers de personnes venues parce qu'elles savaient que nous étions en train de dîner.» Aucune manifestation de ce genre n'a pourtant eu lieu. Donald Trump est peut-être persuadé que le peuple français l'adore parce qu'Emmanuel Macron le lui aurait dit. Après avoir décidé de sortir les Etats-Unis de l'accord de Paris sur le climat, le 1er juin, le milliardaire était gêné de répondre à l'invitation du président français d'assister aux célébrations de la fête nationale. Macron lui aurait alors assuré : «Ils t'aiment en France.» Ce à quoi Trump aurait répondu : «O.K., je ne veux juste pas te faire de mal.»

2. Trump compare Napoléon à Hitler

Lors de sa venue à Paris, le couple Trump a été accueilli par une cérémonie militaire aux Invalides. Après cela, ils ont visité le musée éponyme. Le président américain a, apparemment, été marqué par son passage devant le tombeau de Napoléon. «Il a un peu mal fini, déclare-t-il à propos de l'empereur français au New York Times. Alors j'en ai parlé au président [Macron] et il m'a répondu : "Non, non, non. Ce qu'il a fait est incroyable. Il a conçu Paris." Les grilles dans les rues, la façon dont elles fonctionnent, les lignes. Il a fait tellement d'autres choses. Son problème est qu'il n'est pas allé en Russie cette nuit-là parce qu'il avait d'autres activités, et ils sont morts gelés. Combien de fois la Russie a-t-elle été sauvée par la météo ?» 

La conversation dérive alors vers Adolf Hitler. «Il est arrivé la même chose à Hitler. Pas pour cette raison. Hitler voulait consolider. Il était prêt à avancer. Mais il voulait consolider. Il y est allé et les températures sont descendues en dessous de 35 degrés [Fahrenheit, soit moins de 2° Celsius, ndlr], et ce fut la fin de l'armée. Les Russes ont de très bons soldats dans le froid. Ils utilisent le froid à leur avantage. Ils ont quand même gagné cinq guerres où les armées adverses sont mortes de froid. C'est incroyable.»

3. Trump n’aurait pas nommé Jeff Sessions ministre de la Justice s’il avait su qu’il se récuserait dans l’affaire russe

Les journalistes du New York Times l'ont bien sûr interrogé sur l'affaire russe. Donald Trump révèle qu'il n'aurait pas choisi Jeff Sessions comme procureur général – l'équivalent du ministre de la Justice aux Etats-Unis –, s'il avait su qu'il se récuserait un peu plus tard de l'enquête concernant la Russie. «Il aurait dû me le dire avant qu'il accepte le poste, j'aurais trouvé quelqu'un d'autre, avance le milliardaire. C'est extrêmement injuste pour le Président. […] Donc il se récuse et je me retrouve avec un autre homme, qui est adjoint.» Trump ne connaît apparemment pas qui est le ministre adjoint de la Justice à ce moment-là. Tout ce qu'il sait sur lui : «Il est de Baltimore [dans le Maryland]Il y a très peu de Républicains à Baltimore.» 

Après la publication par le Washington Post, début mars, de l'existence de deux rencontres entre l'ambassadeur russe aux Etats-Unis, Sergey Kislyak et Sessions, pendant la campagne présidentielle, ce dernier s'est récusé de l'enquête sur la Russie. Le président américain reproche aussi à Sessions d'avoir raté son audition devant la commission du renseignement du Sénat, le 13 juin. «Il a donné de mauvaises réponses», lâche-t-il.

4. Trump n’a pas lu les mails que son fils a pourtant tweeté

Les journalistes du quotidien américain ont essayé de cuisiner le Président sur le rendez-vous qu'a eu son fils aîné, Donald Trump Jr., avec une avocate russe, le 9 juin 2016, également pendant la campagne présidentielle. Le 11 juillet dernier, le fils du président américain a publié sur Twitter des extraits de mails prouvant qu'il a accepté de l'aide de la Russie pour nuire à Hillary Clinton. Le locataire de la Maison Blanche a depuis soutenu son fils, assurant que n'importe quel politique aurait accepté le rendez-vous avec Natalia Veselnitskaya. A une question du journaliste Peter Baker, Trump répond: «Je n'ai pas vraiment lu les mails pour être honnête.» Il en profite pour incriminer le parti démocrate : «Je pensais d'abord que cela devait avoir un rapport avec les paiements de la Russie au Comité national démocrate. J'ai entendu cela quelque part. Que c'était une action illégale commise par le Comité, ou les démocrates. […] Je ne sais pas où j'ai entendu cela.»

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