La folle et très sérieuse théorie sur le sens de la vie dans l'univers

Lassés des mots-croisés sur la plage ? La révélation d'un scientifique londonien va décoiffer votre été. Michael E. Price affirme avoir trouvé le sens de notre existence : l'univers a fait éclore l'humanité pour pouvoir lui-même se reproduire. À l'image de la sélection naturelle biologique de Darwin, nous sommes le résultat d'une sélection naturelle cosmologique. L'univers aurait donc besoin de l'Homme pour survivre et compte sur nous pour, tenez-vous bien, créer de nouveaux univers. Accrochez vos neurones.

La théorie qui va suivre est très sérieuse. Son auteur, professeur d'université londonienne, tient par ailleurs à préciser qu'elle n'a rien de spirituelle mais qu'elle est au contraire tout à fait rationnelle. Pour lui, la vie sur Terre n'est pas forcément un "accident cosmique" comme l'a affirmé le physicien Lawrence Krauss. Le raisonnement de Michael E. Price part du phénomène de sélection naturelle biologique, développé par un certain Charles Darwin.

Partir de la sélection naturelle biologique...

Les espèces vivantes évoluent au fil du temps pour s'adapter à leur environnement et plus exactement pour survivre dans cet environnement. Le vivant se complexifie naturellement pour survivre et faire prospérer la vie : le processus de pollinisation par les abeilles, qui transportent le pollen d'une fleur à l'autre et contribuent ainsi à leur reproduction, illustre parfaitement ce mécanisme naturel. Nous avons chaque jour sous les yeux la preuve que le but de la nature est la survie du vivant. Michael E. Price prend l'exemple du caméléon qui change de couleur pour se camoufler et échapper à ses prédateurs. Il est indéniable que tout organisme se transforme, évolue, pour être en accord avec ce qui l'entoure et répondre aux problèmes que connaissent les premières "versions" de son espèce. Prenons comme autre exemple le cas de certaines plantes qui poussent dans les milieux humides : alors que les premiers spécimens se noyaient sous la pluie, leurs feuilles sont désormais incurvées, permettant à l'eau de glisser jusqu'à leurs racines. On pourrait ainsi parler d'une évolution intelligente, d'un système de défense, de survie. La sélection naturelle est donc, en ce qu'elle dessine les organismes et les rend réfléchis, "le processus non-entropique (ndlr : contraire du désordre, de la désorganisation) le plus puissant qu'il soit", explique Price.

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... pour comprendre la sélection naturelle cosmologique

Cette adaptation, cette organisation utile qui ne laisse aucune place au hasard, Michael E. Price la transpose à l'échelle de l'univers, ce qui pourrait révéler le but cosmique de notre existence.

Son raisonnement se base sur les travaux du physicien américain Lee Smolin, qui parle de sélection naturelle non pas biologique mais cosmologique. L'idée est qu'il n'existe pas un univers mais un multivers, où les univers se reproduisent grâce à des trous noirs. Pour Smolin, si les trous noirs sont la façon dont se reproduisent les univers, la sélection naturelle cosmologique favoriseraient ceux qui ont le plus de trous noirs, toujours dans une logique de survie. Price modifie cette théorie. Pour lui, notre univers s'est modifié intelligemment, non pas avec des trous noirs mais avec l'humanité. De la même façon que la fleur a son abeille qui l'aide à se reproduire, l'univers a l'Homme. Nous serions alors cette adaptation intelligente, développée par un univers qui compte sur le progrès technologique pour se reproduire, se développer, survivre. Notre existence s'expliquerait donc par ce choix qu'a fait l'univers de tout miser sur l'être humain, l'organisme le plus complexe qu'il soit, pour perdurer.

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La colonisation extra-terrestre, notre seule chance de survie

Pour les cosmologistes, l'univers que l'on connait devrait cesser d'être habitable dans environ trois milliards d'années. Il se pourrait néanmoins que notre espèce s'éteigne bien avant, comme l'a annoncé Stephen Hawking. Si l'on en croit le célèbre astrophysicien, il ne reste que quelques siècles avant que la technologie humaine ne vienne à bout de l'humanité. Hawking, comme nombre d'autres spécialistes, insiste sur la nécessité pour les humains de s'émietter au-delà de notre bonne vieille Terre, avant que celle-ci ne soit détruite par ses enfants. Ce qu'il faut retenir de cet avertissement est que la vie ne doit pas mettre tous ses œufs dans le même panier. La seule chance de survie de l'humanité est que l'Homme quitte son berceau pour d'autres planètes, Mars en tête de liste.

Créer de nouveaux univers habitables : le progrès de demain ?

Michael E. Price va beaucoup plus loin. L'Homme devrait même, avant que sonne l'heure de sa disparition, être devenu assez intelligent pour créer d'autres univers habitables. Grâce à des moyens technologiques, nous pourrons créer des trous noirs ou quelque chose de similaire et ainsi donner naissance à d'autres univers. "Si la vie est le système de reproduction de l'univers, cela signifie qu'une intelligence suffisamment évoluée pourrait acquérir la capacité à créer de nouveaux environnements cosmiques", développe-t-il. Une vision du futur très optimiste certes, mais le scientifique reste réaliste. "Si la sélection cosmologique a "dessiné" la vie pour que la technologie humaine contribue à la reproduction de l'univers, alors il est tout à fait rationnel de penser que l'humanité y parviendra, tout comme l'on attendrait d'un œil produit par la sélection naturelle qu'il parvienne à voir. Cela ne signifie pas la garantie d'un progrès technologique ininterrompu - après tout, nous pourrions utiliser notre technologie pour nous détruire. Néanmoins, nous pouvons rationnellement nous attendre à ce que l'humanité - ou tout ce en quoi elle pourrait évoluer - perdure encore et encore".

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Une théorie pas si folle

Nous serions donc prédisposés à créer de nouveaux environnements cosmiques. Ne crions pas à l’absurdité trop vite. Que nous puissions un jour être capables d'exploiter des trous noirs ou créer quelque chose de similaire pour développer d'autres univers est inconcevable aujourd'hui, mais souvenons-nous qu'il y a encore 500 ans, les hommes pensaient que la Terre était plate. Les avancées technologiques et les découvertes scientifiques effectuées depuis auraient été impensables à l'époque ! Aujourd'hui, la colonisation de la planète Mars n'est plus de la science-fiction, et sa mise en oeuvre se fera dans une poignée de minutes à l'échelle de l'humanité. Le milliardaire Elon Musk, PDG de la compagnie américaine SpaceX, prévoit très sérieusement d'envoyer la première mission habitée sur Mars en 2024, dans le but de faire de la planète rouge une colonie autosuffisante d'un million de personnes d'ici 40 à 100 ans. Parallèlement, la Nasa projette d'envoyer sur place une équipe d'astronautes et de scientifiques pour effectuer des recherches. Autant d'exemples qui nous prouvent à quel point le progrès technologique est exponentiel, ce qui rend les prévisions de Michael E. Price très concrètes. Le scientifique reconnaît le caractère fortement spéculatif de sa théorie, mais insiste sur la nécessité de la prendre en considération. "J'espère que d'autres continueront à explorer cette idée là", conclue-t-il.

Sophie Chevallereau avec Loïc de La Mornais