VIH : «Des avancées thérapeutiques majeures», selon le professeur Jean-Michel Molina

Le nombre des personnes contaminées par le VIH n'a pas baissé selon Jean-Michel Molina, spécialiste des maladies infectieuses. Il est toujours de 6 000 nouveaux cas par an depuis dix ans.

Le professeur Jean-Michel Molina, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Saint-Louis à Paris (AP-HP).
Le professeur Jean-Michel Molina, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Saint-Louis à Paris (AP-HP). Capture Youtube

    Chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Saint-Louis à Paris (AP-HP), le professeur Jean-Michel Molina fait le bilan des recherches sur le VIH et le sida. Malgré les avancées, un traitement pour guérir n'est pas pour demain.

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    Le nombre de personnes contaminées par le VIH a-t-il baissé ces dernières années ?
    Jean-Michel Molina. Malheureusement, non. Il est toujours de 6 000 nouveaux cas par an depuis dix ans, à cause d'une utilisation insuffisante du préservatif. En revanche, le nombre de malades du sida baisse. En 1994, on recensait 7 000 nouveaux cas chaque année en France contre 1 000 aujourd'hui.

    Comment expliquer ces bons chiffres ?
    Les avancées thérapeutiques ont été majeures. Les trithérapies, nées en 1996, à base de trois médicaments, sont aujourd'hui très efficaces. Depuis cinq ans, les molécules sont aussi de mieux en mieux tolérées. Le traitement permet de bloquer la multiplication du virus au bout de quelques mois. Le patient en est toujours porteur, mais il ne peut plus le transmettre. Le virus est alors indétectable dans le sang. Les séropositifs qui suivent correctement ce traitement n'auront pas le sida.

    Alors pourquoi certaines personnes développent encore la maladie ?
    En France, 80 % des personnes qui ont le sida n'ont pas été traitées. Certaines aussi arrêtent les médicaments ou ne les prennent pas de façon rigoureuse. C'est pourtant indispensable car la trithérapie bloque le virus mais ne l'éradique pas. Même si le patient ne peut plus transmettre le VIH, il reste toujours des cellules porteuses du virus dans son cerveau, son sang, sa rate, ses ganglions. Un arrêt d'une à deux semaines suffit à faire redémarrer l'infection. Cette multiplication du virus détruit peu à peu le système immunitaire, et la personne contaminée développe des maladies dont elle meurt. C'est ce stade le plus avancé de l'infection qu'on appelle le sida.

    Quel est le profil des nouvelles personnes infectées en France ?
    Selon les derniers chiffres, 43 % sont des homosexuels. 38 % sont des hétérosexuels migrants de pays à fortes endémies comme l'Afrique, l'Asie et l'Amérique du Sud, 16 % des hétérosexuels de l'Hexagone et 2 % des toxicomanes.

    Pourra-t-on bientôt en guérir ?
    On réfléchit à des médicaments complètement différents d'aujourd'hui comme des vaccins thérapeutiques, pour stimuler les défenses de l'organisme et lui permettre d'éliminer le virus. Il y a aussi des travaux sur la thérapie génique afin d'éliminer les cellules porteuses des gènes du sida. C'est ce que veulent les patients. Ils nous disent : «On veut guérir». Mais tous les résultats de ces études sont encore insuffisants.